Accueil BIEN ensemble Prévenir en santé mentale : le soin est dans le(s) lien(s) …

Prévenir en santé mentale : le soin est dans le(s) lien(s) …

Prévention santé mentale Périgord
PRÉVENTION SANTÉ MENTALE. Le colloque organisé par le Groupement de Coopération Sanitaire (GCS) santé mentale-Dordogne a présenté une pluralité d'intervenants, de solutions et d'expériences en matière de prévention et d'actions auprès des jeunes et des moins jeunes. Une journée fédératrice pour les établissements et acteurs sanitaires, sociaux et médico-sociaux sur le territoire de santé du département, qui se déroulait le 20 mars à l'espace Aliénor d'Aquitaine à Mussidan en présence de 250 professionnels.

La santé mentale, comme d’autres aspects de la santé, est influencée par des facteurs socio-économiques, biologiques et environnementaux. Il est possible d’agir sur eux par des stratégies globales de promotion, de prévention, d’offre de soins et d’amélioration des conditions de vie et d’inclusion sociale.

Lutter contre la stigmatisation à tous les âges de la vie

Si les intervenants constatent l’augmentation significative d’un mal-être psychique à tout  âge, c’est la question de la jeunesse, confrontée à une recrudescence des troubles psychiques qui retient l’attention. En 2021, 40 % des 18-24 ans souffraient de troubles de l’anxiété généralisée ; plus d’un jeune sur cinq connaissait des symptômes dépressifs. Toujours en 2021, 23 791 tentaient de mettre fin à leur jour, un chiffre jamais atteint jusqu’ici. L’impact du Covid n’y est évidemment pas étranger, tout comme l’éco-anxiété liée à la dégradation de l’état de la planète.

La mobilisation autour de cette préoccupation majeure instaure de nouveaux espaces de médiation dans le dialogue.

Il s’agit d’intégrer la notion « d’aller vers », pour lutter contre la stigmatisation; d’épauler et d’accompagner l’individu dans son projet de vie, comme a pu le mettre en lumière Sylvie Eymard, représentante de l’ARS.

Selon l’OMS, un européen sur quatre est touché par des troubles psychiques au cours de sa vie ; des chiffres qui rappellent que tout un chacun peut être concerné par ces pathologies et qu’il faut libérer de la « honte » et du silence ceux qui en sont atteints. Dans Le cadre des Contrats Locaux de Santé (CLS), le CHS de Vauclaire propose une formation Premier Secours en Santé Mentale (PSSM) ouverte à tous en Dordogne. Des actions de prévention en direction des jeunes sont également mises en œuvre sur le Campus universitaire départemental

Le rôle essentiel des pairs-aidants

Si la prévention est l’affaire de tous, le rôle et l’importance des pairs-aidants créent les conditions d’un socle stable vers un mieux-être ; savoir écouter l’autre sans jugement est le premier pas vers un rétablissement pour redécouvrir son humanité. Personne n’est préparé à comprendre et à accepter les troubles du comportement d’un proche.

Repli sur soi, agressivité, comportement à risques, détresse, apathie ou à l’inverse agitation, tous ces signes peuvent nous alerter sans que nous trouvions des réponses à cette souffrance psychique. Les bénévoles de l‘Unafam aident les familles à faire face, et créent les conditions d’un rétablissement dans le temps. Formations d’aidants, permanences ou journées familles, groupe de paroles conférences thématiques, permettent de rompre l’isolement.

La force de guérison du récit

Prévention santé mentale Périgord
Philippa Motte, autrice du livre « Le jour où ma mère m’a tout raconté », formatrice, consultante et paire-aidante, spécialisée en santé mentale au travail et les pratiques orientées rétablissement. ©BEP

« Pendant dix ans, j’étais dans le silence total ; c’est un challenge de se relever dans le silence, mais on peut avancer entre les chocs psychiques. Chaque rétablissement est unique, c’est un engagement », souligne Philippa Motte lors de son émouvant et intime témoignage.  Après des années de psychiatrie, le tournant fut pour elle la rencontre avec « Club House France ».

Ce collectif d’entraide accompagne ses membres dans leur parcours de rétablissement. Il leur propose des activités pour retrouver confiance en eux et pouvoir d’agir.  

« Ici, on fait les choses ensemble, et on sort de la solitude sans être assommé par des médicaments. J’ai découvert la puissance du témoignage ; il m’est arrivé ça, mais je suis un être humain comme tous les autres, et je peux transformer l’épreuve en compétence ».

Pour l’autrice, formatrice, consultante et pair-aidante spécialisée en santé mentale au travail et pratiques orientées rétablissement, une question est à se poser ; celle d’un parcours professionnel avec un trouble psychique. La nécessité, c’est la reconstruction d’une identité sans identification à la pathologie, car tous les troubles peuvent fonder un savoir. Combattre les addictions, mettre en place une hygiène de vie, le sport, la méditation, la spiritualité, l’engagement professionnel, les proches, les enfants, la nécessité de raconter son histoire, écrire, partager, apprivoiser et valoriser l’hypersensibilité, ont été les piliers avec lesquels elle a pu avancer sur son parcours de guérison.

D’autres expériences font écho à ce partage porteur d’espoir ; l’atelier de lecture et d’écriture présenté par Christian Delorenzo, pour découvrir l’écriture narrative, à la lumière de l’expérience menée au CHI de Créteil ;  la démarche de Camel Guelloul,  parcourant l’hexagone pour témoigner de son parcours d’ancien toxicomane ; avec la volonté de sensibiliser les jeunes aux dangers des conduites addictives. Après une longue errance débutée dans l’adolescence, sa fille de neuf ans provoque une prise de conscience pour sortir de cette spirale infernale. En juin 2000, il crée l’Association de Prévention et d’Information sur les Conduites Addictives (APICA) à Brest. Un outil : le dialogue, une clé essentielle de l’accompagnement, pour proposer un tremplin aux jeunes en détresse.

Se mobiliser

Les réseaux d’écoute, la pair-aidance, les associations familiales et militantes, l’organisation de ce type de colloque, mettent en valeur la force du récit qui relie. Ces initiatives témoignent des écueils franchis, des épreuves affrontées. Elles favorisent la déculpabilisation grâce au partage d’expériences, aux rebonds possibles, à la résilience.  Ces histoires de vie recréent du lien, et participent à la restauration de l’être.  Elles sont une étape importante de prévention, pour amorcer un processus et un parcours adapté qui n’est pas normé et uniquement médicamenteux.

Plus il y a de paroles, moins il y a de jugements, et plus il y a de ressources pour redonner du pouvoir d’agir à l’individu.

Ou comment se saisir des acteurs et des actions qui vont nous aider à tous nous mobiliser, pour construire une société où l’on va mieux ensemble.

Mary BERNET

Des lieux et des lignes d’écoute créés spécialement pour les jeunes

Face à une difficulté, ne pas hésiter à s’adresser au professionnel de santé le plus accessible, l’infirmerie scolaire ou celle du lieu d’études. Des lieux et des lignes d’écoute créés spécialement pour les jeunes existent. Leurs services sont gratuits et confidentiels: Points accueil-écoute Jeunes (PAEJ), Espaces santé jeunes, Maisons des adolescents (MDA), Consultations jeunes consommateurs (CJC), pour aborder les addictions, Le numéro vert et tchat Fil Santé Jeunes (0 800 235 236), Relais lycéens et étudiants, Bureaux d’aide psychologique universitaires (BAPU), Services universitaires de santé du type Service universitaire de médecine préventive et de promotion de la santé (SSU, SUMPPS ou SIUMPPS). Dispositifs d’intervention précoce, où un bilan complet peut être proposé, lignes d’écoute nocturnes et les tchats « Nightline« , par et pour les étudiantes et les étudiants, ouverts dans plusieurs grandes villes. On peut trouver un lieu d’écoute gratuit et confidentiel près de chez soi grâce au site « CartoSantéJeunes« , créé par la Fédération des espaces pour la santé des jeunes (FESJ). Quand on est étudiante ou étudiant, on peut trouver la liste des services de soutien gratuits, par académie et par ville, sur le site associatif soutien-étudiant.info. Pour se renseigner sur les dispositifs publics, on peut se rendre sur le site du gouvernement etudiant.gouv.fr.

(Données recueillies sur le site PSYCOM, présenté lors du colloque)