Accueil BIEN naturel Les Tistous, des jeunes pousses qui voient grand

Les Tistous, des jeunes pousses qui voient grand

© SBT
À L'HONNEUR. Le club de la presse du Périgord a remis le Trophée gourmand Dominique-Lavigne, en hommage à sa présidente disparue en 2006, dans le cadre du Festival du Livre gourmand de Périgueux, sur le stand de la Chambre d'agriculture. Les lauréats de cette édition sont de jeunes maraîchers, les Tistous, installés à Chancelade.

« Nous sommes au cœur de ce qui se fait de mieux en Dordogne concernant les bons produits : sur le stand de la Chambre d’agriculture, au Festival du Livre gourmand » : ainsi la présidente du club de la presse du Périgord, Isabelle Sarran, plante-t-elle le décor. À ses côtés, la maire de Périgueux, Delphine Labails, et le président de la Chambre, Jean-Philippe Granger, accueillaient Richard Lavigne, avec sa fille Mariette et son petit-fils Louis, pour raviver la mémoire de Dominique, journaliste qui a présidé le club et défendu par la plume le renom des bons producteurs et artisans locaux.

Terre vivante

Les Tistous, lauréats de cette édition, représentent à coup sûr ce qu’elle appréciait : des têtes bien faites, des corps au travail, et l’inspiration pour carburer, pour assouvir ses rêves. « Idéaliste », se présente Antoine, avec pourtant les pieds sur terre… vivante. Car la ferme qu’il travaille avec Delphine et Lionel, tout est bio et conçu dans une perspective durable, dans le respect des hommes et de la nature : pas de tracteur, des engrais vert et des vers de terre. Les techniques choisies* n’ont que du bon : « une meilleure performance écologique, agronomique et économique, mais aussi une meilleure qualité nutritive et gustative de nos productions ». Des haies fruitières devraient bientôt s’ajouter au paysage.

Tistou peut faire germer des plantes où il le souhaite (Tistou les pouces verts, conte pour enfants de Maurice Druon, 1957) © Les Tistous

Test réussi

L’histoire a commencé par un test, en janvier 2018, dans la plaine de Chercuzac, à Chancelade, près de l’Isle : 11,5 ha mis à disposition par le Grand Périgueux et 1 ha par la commune, avec la maison de l’Écluse. Le projet d’installation répondait au souhait de l’agglomération d’accompagner des agriculteurs pour relocaliser des productions, dans le cadre de son plan alimentaire territorial. Test réussi : les jeunes pousses sont toujours là, avec leur maraichage diversifié (une trentaine de légumes cultivés sur 5 000 m²). Et, depuis 2020, Antoine cuit du bon pain dans le four à bois qu’il a construit, du pain fabriqué en partie avec la farine issue du blé semé sur place. En attendant du petit-épeautre.

Un métier, une vie

Le potentiel de cette plaine est propice à un groupement de producteurs et un projet plus ambitieux pourrait mobiliser 70 ha, avec une vocation à la fois sociale et paysagère.« Mais le temps du politique, de la collectivité, n’est pas forcément en phase avec le nôtre », note l’énergique porte-voix du trio. Avec le suivi d’AgroBio Périgord ou encore Pays’en Graine, la ferme continue à se développer.

Jean-Philippe Granger et Delphine Labails, unis par un projet culturel sur le monde rural qui fait l’objet d’une exposition dans le cadre du Festival, visible à La Visitation jusqu’au 16 décembre © SBT

Tout cela va au-delà du projet agricole et constitue un réel mode de vie, dans une cohérence entre valeurs personnelles et professionnelles. Lieu d’accueil et de partage, la ferme est ouverte aux wwoofers. Pas question d’utiliser le terme exploitation pour désigner la ferme de ceux qui s’appliquent plutôt à intégrer leur environnement.

Restauration scolaire

En plus de deux ventes à la ferme par semaine appréciées par le voisinage, les produits sont distribués auprès des écoles de Chancelade et de Razac-sur-l’Isle et du collège de La Roche Beaulieu, dans des restaurants comme l’Izba ou le 19 du golf de Périgueux, et auprès de Manger bio Périgord qui dessert des restaurants scolaires.
Delphine Labails rappelle justement que Périgueux réoriente sa restauration scolaire vers du 100 % bio ou local : ce qui se passe du côté des Tistous a donc tout pour l’intéresser.

 

* Des couverts végétaux pour nourrir, structurer, et augmenter l’activité biologique du sol (vers de terre, champignons, bactéries…) + des paillages (foin, paille, tonte, broyat) et des bâches pour gérer les adventices et économiser l’eau. Absence de tracteur pour ne pas détruire le travail des vers de terre (pas d’émission de gaz à effet de serre et stockage de carbone dans le sol).

Autour des Tistous

L’association Les champs de l’Écluse est née dans le sillage des Tistous, pour prolonger le lien nourricier qui unit la ferme à son voisinage. Il est question de partage de savoir-faire, autour de l’apiculture ou de la pomme, mais aussi de manifestations culturelles, fêtes des voisins et bals Trad.