Après un parcours de juriste à la Commission européenne, où elle intervient dans le règlement de litiges transfrontaliers, Marion s’emploie par la suite à résoudre les conflits auprès de l’UFC Que Choisir, avant d’exercer comme responsable de service dans une structure dédiée au logement social.
Si elle trouve un certain épanouissement dans l’accompagnement et la gestion de ses équipes, elle ne supporte plus « le grand écart qu’elle doit faire entre ses valeurs, ce qui a du sens pour elle, et ce qu’on lui demande. »
Alors que l’étau du burnout se resserre, elle entreprend en parallèle une formation à la méthode relationnelle Imago à Genève, dont elle a pu tester l’efficacité avec son mari. Elle vit et ressent cette période professionnelle complexe comme « un parcours initiatique», s’imprégnant de la méthode, de ses outils, pour affronter ses propres difficultés, terreau expérientiel qui lui sera indispensable dans sa future pratique.
Depuis qu’elle a obtenu la certification de facilitatrice relationnelle, elle exerce un métier qui la galvanise, l’épanouit et dans lequel elle se sent enfin à sa place.
Soigner la relation
Lorsque quelque chose dysfonctionne dans la vie personnelle ou professionnelle, c’est le plus souvent parce que la relation est dégradée. Face à ce constat, la facilitation relationnelle essaie de la restaurer, en cherchant la raison pour laquelle on ne s’y retrouve pas, en questionnant sa propre réalité, mais aussi celle de l’autre, pour parvenir à les conjuguer. Cette démarche vise à se demander pour soi et pour l’autre « quels besoins on peut avoir dans l’espace relationnel », afin de coconstruire une relation, prenant en compte ces réalités différentes, dans laquelle chacune des parties se sente en sécurité.
Vous pouvez écouter le témoignage d’Anaïs Girard, qui a été accompagnée par Marion :
Les créateurs de la méthode Imago, Harville Hendrix et Helen Lakelly Hunt, résument ainsi leur démarche : « 1 + 1 = 3 : Toi, moi et l’espace relationnel ».
Selon eux, « ce dernier peut ressembler à une déchetterie où l’on dépose nos toxines, nos rancœurs, nous critiques, nos reproches, et où l’on n’a pas envie de se retrouver. Il peut aussi être un jardin que l’on va entretenir, amender, où l’on va déposer de la gratitude, des compliments, de la bienveillance. Il sera alors agréable de s’y rejoindre et de digérer des choses compliquées »
L’autre axe sur lequel travaille le facilitateur relationnel est de s’interroger sur la qualité de la relation : « Est ce qu’elle porte du fruit ? Car le fruit, c’est la joie, le bonheur ».
Être heureux, c’est être joyeux. C’est se sentir aligné, ne pas être dans les interprétations, les attentes des autres, de la société, c’est là le bonheur. « Si nous sommes sans ces parasites, c’est la source de joie ». Pour la cultiver, Marion apprend « à enlever les gros cailloux que la vie dépose régulièrement sur cette source » en utilisant la psychologie positive « pour favoriser un regard qui honore ce qui va bien dans sa vie ».
Savoir remercier
Partant du postulat que : « ce sur quoi je porte mon attention se renforce », Marion souligne que « si l’on passe son temps à voir uniquement ce qui ne va pas dans sa relation, dans sa vie, cela finit par prendre toute la place ». Elle insiste sur l’importance d’envisager et de prendre conscience de ce qui va bien, même si tout n’est pas parfait, d’en être reconnaissant, de le nommer.
Intervenant également en entreprise, elle est souvent confrontée à des managers qui n’abordent que le cas des collaborateurs avec lesquels ils ont des soucis. Ils considèrent que dans la mesure où il n’y a pas de problème, cela n’est pas nécessaire d’en parler. Dans ces cas-là, Marion explique l’importance « de dire à un collaborateur que cela va bien, avec autant de conviction que l’on met pour dire que cela ne va pas ».
Remercier, exprimer sa gratitude lorsqu’un travail, une action ont été bien menés, que ce soit dans la sphère personnelle ou professionnelle, c’est fondamental ; chacun d’entre nous ayant besoin de sens et de reconnaissance.