Accueil BIEN être Coach de vie au féminin : le plein d”essence”

Coach de vie au féminin : le plein d”essence”

Ph. Suzanne B-Tartarat
DÉVELOPPEMENT PERSONNEL. Vous avez tremblé en lisant Big Brother ? Vous allez souffler en rencontrant Big Sister, alias Anne Segura. Périgourdine d’origine, elle a beaucoup bougé avant de quitter Paris, à l’aube du premier confinement, au printemps 2020. Elle développe depuis Périgueux une activité de coach de vie dédiée aux femmes qui ont envie de revenir à elles.

Big Sister, c’est elle, Anne Segura. Et si le Big Brother d’Orwell campait l’effroi d’une société intrusive, cette grande-sœur là — 29 ans, l’aînée des quatre enfants de Paul et Nathalie Segura, très investis dans la vie locale à Périgueux — entend révéler le potentiel que celles qu’elle rencontre ne soupçonnent pas : un champ infini de liberté intérieure. Celles ? On ne va pas dire exclusivement, mais plutôt préférentiellement car Anne a éprouvé pour elle-même ce que le manque de confiance en soi, les limites que les femmes s’infligent, peut avoir de redoutable alors que tous les indicateurs sont par ailleurs au vert : cursus universitaire, culture générale, belle personnalité et ouverture aux autres. Alors, qu’est-ce qui cloche encore pour que tant de femmes brillantes choisissent de rester dans l’ombre ?

Après s’être coachée dans un face-à-face individuel fructueux, Anne est maintenant capable de transférer sa haute technologie humaine vers d’autres féminités en souffrance et s’est fait une spécialité de l’hypersensibilité. Ainsi est née son activité de coach dédiée aux femmes, pour révéler leurs talents et faire briller des facettes insoupçonnées. Pacifiquement armée d’outils qu’elle a polis à la force de sa propre expérience, alliant psychologie positive et créativité, mais aussi une bonne dose d’intuition, elle aide chacune à s’envoler vers d’autres cieux, professionnel ou personnel. Ce qui peut faire peur. Mais son propre parcours est révélateur, encourageant. Alors pourquoi pas ?

Brillant cursus et six mois déterminants

Ph. S.B-T.

« Je me suis longtemps sentie différente, et même anormale », confie cette belle et vive jeune femme, qui s’est donnée à fond dans de longues études pour acquérir des compétences graphiques, éditoriales et marketing, ce qui l’a conduit à l’UX Design (conception d’interfaces numériques), une fois croisées ces spécialités avec son intérêt pour la psychologie. Et c’est tout cela, malaxé encore avec des décisions plus personnelles, qui la conduit à une activité de coach pas comme les autres. Presque malgré elle.

Anne a grandi à Périgueux, de 7 à 18 ans, puis elle a mis le cap sur Lyon, Paris et l’étranger pour ses études, avant de décrocher six mois pour une mission humanitaire en Thaïlande, en 2015. Ce séjour correspond à un chemin initiatique et marque une césure dans sa vie : elle vit entre deux spiritualités (celle des religieuses qui l’accueillent et celle de l’école bouddhiste où elle donne des cours), s’inscrit dans une autre notion du temps, adopte un rythme d’ascèse, libère de l’espace pour ouvrir son cœur aux autres dans une quête de sens qui n’a rien de religieuse. « Une période d’apprentissage. J’ai observé que la recherche de solution prime là-bas, tandis qu’on essaie souvent de passer en force chez nous. J’ai senti que je devais aller vers ce qui a du sens pour moi, avec pas mal d’éléments à déconstruire avant. Moi qui avais l’impression d’être seule, j’ai réalisé que je ne l’étais pas, que je devais regarder autour de moi. » Expérimenter, continuer à laisser venir les rencontres imprévues.

Créativité, liberté et don aux autres

Au retour de Thaïlande, après un passage par la Californie, elle ressent une impression de décalage, une prise de conscience de réalité plurielle. « Une part de moi reste cérébrale. La Thaïlande m’a ouvert le cœur. Et entre les deux, l’intuition trouve une place. » Qui la guide vers autre chose que ce qu’elle tente de savourer en décrochant un super poste dans une startup d’UX Design, un de ces postes qui font plaisir à l’ego et à la famille, qui marquent une belle entrée dans la société. Elle prend déjà conscience qu’elle aspire à autre chose que le salariat. « Au bout de trois mois, j’ai eu besoin d’air, je me sentais trop limitée dans ma créativité. » Elle va réorienter l’empathie qu’elle mettait à comprendre un utilisateur, juste pour perfectionner l’approche intuitive nécessaire à la réussite d’une application ou d’un produit, et va la destiner à l’humain, tout l’humain, rien que l’humain. Au féminin.

C’est en cherchant du travail, en 2019, qu’elle visionne beaucoup de vidéos de développement personnel. Elle vit à cette période un grand dépouillement, y compris matériel (elle vend le violoncelle qu’elle pratiquait depuis la classe Cham de Périgueux car elle n’a plus de place pour lui), qui la pousse dans ses retranchements. Elle trouve un point de chute pour se loger tout en décrochant un travail de secrétariat purement alimentaire… qu’elle abandonnera dès novembre 2019 pour poursuivre son aventure intérieure. La question de la confiance en elle ressurgit, celle qui lui a toujours manqué, celle que son père lui demandait inlassablement d’aller chercher, désolé qu’autant de doutes escortent tant de talent. Elle entreprend de recueillir des témoignages de femmes de profil identique au sien pour comprendre. « Et là, j’ai constaté que toutes, une trentaine, parlaient de la forme et pas du fond lorsqu’il s’agissait de décrire une femme qui a confiance en elle. » Avec un réel décalage à la clé.

Activiste de trésors intérieurs

C’est sûr, la confiance en soi est d’abord intérieure. « Longtemps les femmes n’ont eu comme modèle de réussite que celui des hommes, avec un impact sur leur ressenti. Revenons à notre fonctionnement propre. » Big Sister s’éveille. Elle commence à inviter des femmes, via Instagram, à expérimenter un objet hybride entre le groupe de parole et l’atelier de développement personnel. Elle partage ce qu’elle a expérimenté pour elle-même, s’attache à prendre soin des autres.

Alors qu’elle s’entraîne régulièrement à voir les petits miracles de la vie, la part de hasard vient un jour rejoindre son intuition : dans un café, tandis qu’elle travaille sur son projet, son regard est attiré par une femme qui travaille comme elle, un autocollant « un miracle par jour » fixé à son ordinateur. Et c’est la rencontre improbable avec une figure de la psychologie positive, Audrey Akoun, après laquelle courent des foules en attente de rendez-vous, à qui Anne ne demande rien et se laisse inviter…

Elle l’aidera à révéler en elle la “coacheuse” qui sommeillait depuis longtemps. « Je n’ai pas trouvé mieux que ce mot de coach qui résonne en France depuis moins de temps qu’ailleurs, encore découpé en tranches d’activités, sport, business, nutrition… » L’approche de Big Sister est celle d’une coach de vie, au sens large, holistique. « Un coach n’est ni un conseil ni un consultant ni un gourou, il conduit quelqu’un d’un point A à un point B en l’aidant à se poser les bonnes questions. Tout dépend du départ et de l’arrivée, mais c’est à chaque fois la personne qui choisit sa destination. Ce n’est pas à moi de dire où elle doit aller, mais je souhaite pouvoir conduire chacune à son essence même. » Au noyau intérieur sans lequel rien ne pourrait grandir.

Ne pas fuir ses émotions, mais les apprivoiser

Dans le travail d’activateur, de révélateur, la place du copilote est aussi importante que celle du coach : cette implication active est garante de ce qui suivra, pour manier les outils en autonomie. « J’œuvre avec mes accompagnées, en co-création. » Une histoire différente à chaque fois, qui demande un engagement bienveillant mais ferme, pour guider sans être trop dirigiste, intervenir à tous les étages d’une vie en maintenant l’édifice.

Les opérations de dépollution, d’évacuation des scories de la pensée, des déchets du mental, le travail de nettoyage intérieur n’a pas d’âge. Anne propose d’acquérir une véritable autonomie et une sécurité intérieure en s’appuyant sur une hygiène mentale, l’abandon de jeux de rôles artificiels et l’écoute de ses intuitions. Et si le psychothérapeute travaille sur le passé, la mission d’Anne consiste à intervenir sur le présent et le futur, « sur le comment plutôt que le pourquoi ». La transformation opère sur le visage des intéressées, les attitudes et aussi les mots. « Elles finissent par ne plus dire que c’est difficile ou compliqué. J’avance au rythme de chacune, en demandant toujours l’autorisation pour rester dans leurs limites acceptables. »

Tomber les masques symboliques

L’activité d’Anne, que l’on suit sur Instagram, passe par son site internet où l’on peut prendre date pour un premier rendez-vous d’une heure, le temps de faire connaissance. Après quoi peuvent s’enchaîner des séances par visio, mises en place pour s’adapter à la crise que nous traversons et finalement appréciées des femmes qui restent dans leur espace intime pour évoquer des sujets qui le sont aussi. Elles sont à Toulouse, Paris, en Belgique… ou à Périgueux.

La jeune femme qui a appris le coaching en étant elle-même coachée, titulaire d’une certification Creator Coaching 2020, a trouvé le sens qu’elle cherchait et parvient aujourd’hui à vivre de ce lien tissé avec les femmes, jeunes ou moins jeunes, auxquelles elle insuffle un enthousiasme qui revient de loin, des profondeurs du doute qu’elle vivait aussi intensément que l’ouverture actuelle à ses aspirations, de ses différences identifiées comme autant de richesses à partager. Depuis Périgueux, elle écrit chaque jour ses déjà deux ans et demi de Big Sister pour exprimer des moments précieux, qui pourraient devenir un livre, parce que « les livres sont les accélérateurs de mon développement personnel, mes premiers coachs ».