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Faire de l’emploi un droit 1/5

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EMPLOI. Retraitée de l’enseignement et conseillère municipale à la mairie de Ribérac, Danielle Delpey est chargée du projet d’expérimentation de la démarche “Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée”. Dans cette dynamique, c’est tout un travail préparatoire de consensus qu’elle mène avec son équipe projet, notamment depuis la création de l’association “Périgord Ribéracois Engagé Vers un Emploi Réinventé” (PREVER).

Plusieurs phases constitutives du projet doivent conduire : à la mobilisation des acteurs du territoire, à la rencontre des Personnes Durablement Privées d’Emploi (PDPE), au recensement des travaux utiles résultant de besoins non satisfaits, et à l’ouverture d’une ou de plusieurs “Entreprises à But d’Emploi” (EBE).

Une réponse concrète pour lutter contre le chômage d’exclusion

À l’origine des deux lois de 2016-231 et 2020-1577 qui ont conduit à expérimenter et à renforcer cette démarche : la société civile, et plus particulièrement Patrick Valentin, son initiateur, ainsi qu‘ATD Quart Monde qui a porté le projet devant les législateurs, lesquels l’ont voté à l’unanimité.

Un objectif majeur présidait à cette idée révolutionnaire de « territoire zéro chômeur de longue durée » : lutter contre le chômage d’exclusion, recréer du collectif et refaire société. À ce jour, 1 300 emplois ont été créés dans les territoires pilotes, qui seront rejoints à la suite de la loi de 2021, par au moins 50 autres nouveaux.

Considérant que personne n’est inemployable, pour peu que l’emploi soit adapté à chacun, que ce n’est pas le travail qui manque mais l’emploi, du fait de besoins non satisfaits, et que ce n’est pas non plus l’argent qui fait défaut, car le coût de la privation durable d’emploi est extrêmement élevé, la philosophie du projet repose ainsi que l’explique Danielle Delpey  « sur le fait que tout cet argent lié à la privation durable d’emploi représente une capacité d’investissement pouvant être réinvestie dans des entreprises à but d’emploi (EBE), spécialement créées sur des territoires zéro chômeur ». Une façon de rediriger ces coûts pour financer des emplois manquants sur le territoire.

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Des emplois durables

L’expérimentation qui se met en place dans le Ribéracois devrait permettre, selon la porteuse du projet, « de recruter progressivement en CDI toute personne qui veut travailler, qui déclare qu’elle souffre de cette situation d’éloignement de l’emploi, mais qui pour différentes raisons n’y a pas accès ». Le volontariat est au cœur de la démarche de recrutement, avec un objectif d’emploi durable.

« Sur la base des compétences des personnes, de ce qu’elles savent faire, de ce qu’elles veulent faire, et de ce qu’elles sont prêtes à apprendre pour progresser professionnellement, on va rechercher avec elles et en collaboration avec les acteurs locaux, des activités complémentaires à l’économie locale ». Conciergeries fixes ou mobiles de territoires, activités liées à la transition écologique, services aux associations, aux collectivités, aux entreprises, tout travail correspondant à des besoins réels non satisfaits, n’entrant pas en concurrence avec des emplois existants.

L’EBE sera alors, ainsi que l’exprime Danielle Delpey «  en mesure de proposer à la personne volontaire, privée d’emploi depuis plus d’un an et résidant depuis six mois sur le territoire habilité, un CDI à temps choisi, afin de permettre un retour à l’emploi viable et progressif tenant compte de sa situation ».

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Vingt communes déjà engagées

Depuis la création en juillet 2021 d’une association “Périgord Ribéracois Engagé Vers un Emploi Réinventé” (PREVER), Danielle Delpey est allée à la rencontre des 44 communes composant la Communauté de Communes du Périgord Ribéracois (CCPR) afin de leur présenter le projet. Les 20 communes déjà intéressées ont d’ores et déjà voté leur contribution unique, représentant 0,50 € par administré.

L’équipe projet créée depuis un an, et en charge de tout le travail préparatoire, est composée d’élus, parmi lesquels ceux qui se sont engagés spontanément, à Verteillac, Bertric-Burée, Tocane, Segonzac, Douchapt, des représentants des prescripteurs (Pôle Emploi, Mission Locale…), des chefs d’entreprises, mais aussi des personnes issues de la société civile.

Même si l’équipe projet ne manque pas d’idées, elle va désormais mener une grande enquête de recensement des besoins auprès des acteurs locaux. En parallèle, les personnes volontaires, privées durablement d’emploi, vont être progressivement intégrées à l’équipe projet ainsi qu’au Comité local pour l’emploi, au même titre que les autres participants, afin de coconstruire avec elles les emplois qui leur correspondront et qui seront en concordance avec les besoins du territoire.

La suite de cette belle aventure humaine :

Un temps fort au printemps

Une grande journée de mobilisation et de communication sera organisée par l’équipe projet le samedi 2 avril à Ribérac. La première partie de cette journée se déroulera le matin dans le hall du Palais de justice. Des stands seront proposés pour inciter les gens à venir discuter, se renseigner, lors d’un moment convivial.

L’après-midi, le documentaire “Nouvelle cordée”, réalisé par Marie-Monique Robin sur le territoire de Mauléon (Deux-Sèvres), sera projeté au cinéma, suivi d’un débat animé par Patrick Valentin, l’initiateur du projet de “Territoire Zéro Chômeur Longue Durée ”.

L’occasion d’échanger et de mesurer, à travers les témoignages des salariés, tous les bénéfices de cette expérimentation conduisant à une économie circulaire, au service des gens, des territoires, tout en répondant aux nombreux défis, notamment climatiques et écologiques du XXIe siècle.