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Centenaire du Musée national de Préhistoire : un musée national très local

© Quentin Berthelot - BIEN en Périgord
CULTURE. Le Musée national de Préhistoire aux Eyzies-de-Tayac célèbre tout l’été son centenaire, à travers des événements et des valeurs fortes. La veille des Journées Européennes de l’Archéologie s’est lancé le cycle estival fêtant les dix décennies de ce musée incontournable du Périgord traitant de la plus vaste période historique de l’Humanité.

Jusqu’au 30 septembre, le Musée national de Préhistoire accueille petits et grands pour découvrir ses collections et son histoire, qui a commencé avec Denis Peyrony, figure forte de cette discipline.

L’entrée du Musée national de Préhistoire. @ Quentin Berthelot -BIEN en Périgord

Instituteur aux Eyzies à la fin du XIXe siècle, originaire de Cussac (où une grotte exceptionnelle a été découverte bien après lui, en 2000), il est formé aux fouilles et à l’interprétation des objets préhistoriques par Louis Capitan, expert reconnu. Il ne s’arrêtera plus de fouiller le Périgord, notamment la Ferrassie, la Madeleine, le Moustier, jusqu’à découvrir la grotte de Font-de-Gaume et, en 1901, les gravures de la grotte des Combarelles avec l’Abbé Breuil et son mentor, Louis Capitan.

Naissance d’un musée

Déterminé à protéger et partager avec tous le patrimoine hors du commun du territoire, Denis Peyrony achète le Château des Eyzies en 1913 dans l’intention d’y accueillir un musée. Il ouvre les premières salles en 1918, dès la fin de la Première Guerre mondiale. Et le 30 septembre 1923, le Musée de Préhistoire des Eyzies est inauguré : il en devient le premier conservateur et directeur. Son fils Élie prendra sa suite, porté par la même passion. Devenu national, le site s’acquitte depuis lors de sa mission de transmission des connaissances de la Préhistoire et accueille chaque année des dizaines de milliers de personnes avides d’en apprendre davantage sur cette fascinante période, encore mystérieuse.

Le ministère de la Culture se positionne sur l’achat de l’abri de Cro-Magnon et de la Grotte du Sorcier

Un centenaire bien célébré

Les personnalités lors de l’inauguration © Quentin Berthelot

Pour répondre à cette insatiable curiosité, plusieurs installations temporaires sont à visiter au musée cet été. Lors de leur inauguration, le préfet de la Dordogne, Jean-Sébastien Lamontagne, a précisé que le ministère de la Culture se positionne sur l’achat de l’abri de Cro-Magnon et de la Grotte du Sorcier, deux trésors voisins mis en vente par leur propriétaire privé. De quoi rassurer le public sur la volonté de conservation. Le maire des Eyzies, Philippe Lagarde, rappelle que si la commune fait figure de “capitale mondiale de la Préhistoire”, il est bon pour comprendre cette fierté d’en apprendre plus sur le musée et la discipline, indissociablement liées au territoire.

Le musée sort de sa réserve

© Quentin Berthelot
Le Château des Eyzies contient les premières salles du musée, ouvertes pour le centenaire © MNP

Dans le cadre de cette volonté de compréhension et devant le nombre impressionnant d’objets de ses collections, le MNP organise la deuxième édition du “Musée sort de sa réserve”, mettant en valeur des objets jusque-là invisibles. En effet, seul un petit pourcentage (0,2% des collections !) est exposé sur le parcours permanent, soit 12 800 pièces sur 7 millions. Cette année, centenaire oblige, l’accent est mis sur Denis Peyrony, notamment les originaux de son journal, de manuscrits, de pièces archéologiques de l’abri du Château et un fragment de la brèche de la grotte Richard, le tout accompagné de films d’époque très prenants.

Premières salles à redécouvrir

Le centenaire est aussi l’occasion d’un voyage dans le passé car le musée rouvre ses premières salles, fermées depuis plus de 20 ans. Situées au Château des Eyzies, ces salles rénovées donnent un aperçu au public du musée lors de son inauguration et invitent à découvrir certaines mêmes pièces proposées aux visiteurs d’il y a un siècle. La salle médiane, celle du Donjon et celle des Gardes, qui demeureront ouvertes jusqu’à fin septembre, proposent également des indications du contexte des salles et du musée ; rappel de l’importance de cette institution locale.

Un public de tout âge découvre les premières salles du musée, presque à l’identique de leurs homologues du début du siècle précédent. © Quentin Berthelot – BIEN en Périgord
© Quentin Berthelot – BIEN en Périgord

Le MNP dévoile aussi des photographies anciennes provenant de ses fonds d’archives : images des fouilles de Denis Peyrony et des découvertes réalisées sur place, capturées avec la technique des plaques de verre ; des diapositives, des négatifs traités et présentés en grand format. Ces témoignages uniques des fouilles, des personnes, travailleurs ou officiels et des objets exhumés sont saisissants.

Tout un programme pour le plus important musée de préhistoire du monde !

© MNP

Le musée organise également une visite découverte : “Un musée dans la vallée”, ouverte à tous ; et une visite ludique pour enfants et famille : “Un château sous la falaise”, permettant de s’immerger dans l’histoire de la Préhistoire, de la vallée et du musée. L’atelier “Enquête Archéo” propose de réaliser un vrai travail d’archéologue en plein air pour les enfants. Un cycle de conférences s’étale de juillet à août sur le thème “Pionniers de la Préhistoire” au musée et à l’Abri Pataud sans compter une ultime conférence sur “Les débuts de la Préhistoire aux Eyzies” à l’occasion des Journées européennes du patrimoine, le 16 septembre. Les célébrations autour du centenaire du MNP se clôtureront à la date historique précise, le 30 septembre, avec une journée festive proposant des circuits de visite des sites préhistoriques, des ateliers pour les enfants, des visites guidées et de nombreuses animations. Une locomotive à vapeur assurera même le trajet depuis Périgueux, en rappel des fouilles et découvertes faites aux Eyzies sur le chantier du chemin de fer !

La visite en plein air, le jour de l’inauguration © Quentin Berthelot – BIEN en Périgord

Au cœur de la capitale mondiale de la Préhistoire

La célébration de ce centenaire est l’occasion unique d’en savoir plus sur ce monumental musée dont l’histoire est liée à son territoire et sa discipline. L’ouverture des salles d’origine, l’exposition des photos anciennes et “le musée sort de sa réserve” offrent un voyage immobile à travers le temps. Outre son apport touristique, le musée est un incontournable de la Préhistoire dans la Vallée de la Vézère : né de l’esprit d’un instituteur des Eyzies il y a plus d’un siècle, il est toujours là pour faire valoir le patrimoine exceptionnel du Périgord à travers les ans.

Quentin BERTHELOT

• Les salles du Château, l’exposition de photos anciennes et Le Musée sort de sa réserve sont accessibles cet été. Le centenaire du musée s’étend jusqu’au 30 septembre, date de la soirée festive en costume d’époque, célébrant les 100 ans, jour pour jour, du plus important musée de Préhistoire du monde.

Nathalie Fourment : regard sur un musée d’exception

Nathalie Fourment, conservatrice générale du patrimoine, rencontrée en amont du lancement du centenaire et de l’inauguration des installations temporaires proposées cet été, revient sur l’histoire du musée qu’elle dirige.

La directrice du Musée national de Préhistoire Nathalie Fourment, dans son bureau © Quentin Berthelot – BIEN en Périgord

« Pour situer le musée des Eyzies et son importance dans le monde de la Préhistoire, c’est aussi celui qui accueille le plus de chercheurs et abrite la plus grande collection d’objets de tous les musées de France, toutes disciplines confondues.» Un fait que la directrice rappelle en intégrant également qu’il s’agit avant tout d’«un musée à sa place ». Les collections racontent l’histoire de la Préhistoire, nulle part plus présente que dans la Vallée de l’Homme. Des références locales sont légions dans la documentation, notamment les périodes préhistoriques comme le Madgalenien (Abri de la Madeleine, Tursac), le Badegoulien (Badegoule, Le Lardin-Saint-Lazare) ou encore le Gravettien (Abri de la Gravette, Bayac) et bien sûr l’Homme de Cro-Magnon (Abri de Cro-Magnon, Les Eyzies-de-Tayac).

La volonté d’inscrire les collections du musée dans leurs environnements d’origine perdure de Denis Peyrony à Nathalie Fourment, qui indique les axes prioritaires du musée : « mettre en avant la compréhension et les études d’objets méconnus, valoriser la riche documentation du musée — objets, notes, carnets de fouilles, photos, etc. — et souligner l’histoire et l’importance capitale du musée dans sa discipline ». L’équipe du musée est à pied d’œuvre pour ces objectifs. Le centenaire est une occasion immanquable de découvrir cette institution pour laquelle la conservation, la transmission et l’étude des collections restent un enjeu local fort : le MNP est décidément un musée national très local !