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Arrêter de fumer avec la méditation de pleine conscience

ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE. Consultante en prévention de la santé, le Dr. Laurence Sanguignol utilise la méditation de pleine conscience dans le traitement des addictions et tout particulièrement dans le sevrage du tabac.

Après une carrière de chirurgien-dentiste, spécialisée dans les maladies parodontales, la praticienne s’est plus particulièrement intéressée aux facteurs de risque, et a travaillé sur la relation entre le stress et le tabac. Dans le cadre du sevrage tabagique, elle s’appuie sur le constat qu’une personne qui a une addiction souffre souvent de poly addiction par un mécanisme de compensation.

Le stress à l’origine de l’addiction

Dysrégulation neurobiologique du cerveau, la compulsion pousse la personne à compenser par une béquille pour l’équilibrer. Ainsi, même si l’on enlève un produit, on ne règle pas le problème qui a provoqué son utilisation addictive : après l’arrêt du tabac, les patients vont souvent recourir à d’autres palliatifs addictogènes comme la nourriture par exemple. Pour la praticienne, « la gestion du stress permet de pointer l’origine du mal, et de le neutraliser plus efficacement pour tendre vers un arrêt de tous les produits ».

Intégrer la pleine conscience dans son quotidien

Loin de l’image d’Épinal « du petit bouddha assis sur un coussin, la méditation de pleine conscience » explique le Dr. Sanguignol, « c’est beaucoup d’autres choses ». Thérapie cognitive et comportementale de troisième génération, sa pratique régulière favorise la concentration et la réflexion. Au-delà, son application dans la vie de tous les jours induit une prise de conscience des facteurs déclencheurs et des réactions automatisées en lien avec la consommation.

Passer du rôle d’acteur à celui d’observateur

La pratique de la pleine conscience fait appel aux capacités de métacognition des personnes accompagnées, qui vont ainsi prendre du recul et progressivement rompre avec un comportement conditionné. « Il s’agit » comme le détaille la praticienne, « après une indispensable prise de conscience du problème que l’on rencontre, de nourrir son intention d’arrêter et de s’observer dans la vie de tous les jours ». Comme « des coups de frein donnés à sa consommation », l’observation objective de la compulsion permet de dépasser le mécanisme inconscient de réflexe au cœur de l’addiction, l’association du plaisir aux produits, pour réaliser en conscience ce que l’on fait. Dans le cas d’un fumeur,« l’aspiration à chaque cigarette, de 4000 substances toxiques ».

Reprogrammer son cerveau

Après avoir conditionné notre cerveau à prendre du plaisir à fumer, comme l’on peut en prendre à faire du vélo ou apprendre l’anglais, « il s’agit » comme le déclare la thérapeute,  « de renforcer une idée plus forte que celle du besoin de tabac, afin de déconstruire l’apprentissage lié à l’addiction. Par le mécanisme de répétition d’apprentissage au quotidien, cette idée plus forte finit par rentrer dans le cerveau et par prendre le pas sur la précédente ».

Une thérapie alternative en pleine croissance

Utilisée depuis près de deux décennies en Suisse et au Canada avec des résultats encourageants, notamment de diminution des envies de consommer, la pleine conscience dans le traitement de l’addiction reste encore peu expérimentée en France. Ce qui rend l’expérience menée pour la deuxième année par la professionnelle en partenariat avec la mutuelle ViaSanté, tout particulièrement novatrice.

Dans le cadre de programmes d’éducation thérapeutique, le Dr. Sanguignol accompagne également des patients de la clinique Bondigoux de Montpellier, inscrits dans un module de troubles du comportement alimentaire. Leurs retours à l’issue du programme en mai 2022, lors du Congrès d’Éducation Thérapeutique, sont motivants : ils ont développé des compétences de connaissance de soi, de gestion du stress et des émotions, d’auto-observation, de résolution de problèmes et de prise de décision, autant de compétences indispensables pour se sortir d’une addiction.

Outre ces bénéfices, une étude publiée en 2020 dans la revue Brain Behavior and Immunity montre les effets bénéfiques de la méditation pour contrer le stress. Évaluant les conséquences d’une journée de huit heures de méditation intensive sur l’épigénome de 17 pratiquants expérimentés, les chercheurs ont mis en évidence : une meilleure immunité, l’amélioration du vieillissement cellulaire, la diminution de l’inflammation dans le corps. De plus, elle favoriserait de nouvelles connexions cérébrales particulièrement utiles dans la gestion du stress. Des modifications épigénétiques prometteuses pour les thérapies de courte durée.

À l’occasion de la journée internationale sans tabac le 31 mai, la Mutuelle ViaSanté propose la diffusion d’un live ouvert à tous sur son site le 8 juin à 18h.

Pour la deuxième année elle offre également à ses adhérents un programme de sevrage tabagique sous la houlette du Dr Sanguinol.

En équipe sur dix semaines ou sur huit en individuel, les participants du premier programme ont pu se mesurer à des missions et autres défis et s’initier à la méditation de pleine conscience. 80% d’entre eux ont arrêté de fumer sans rechute pour le moment.