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Comment prévenir le syndrome d’épuisement professionnel ?

De gauche à droite Magali Lachassagne et Elsa Lartigau. ©BEP
Prévention santé travail. À l’initiative de la Maison de l’emploi du Grand Périgueux, dans le cadre des discussions autour des questions d’emploi et de société, Elsa Lartigau, psychologue du travail, et Magali Lachassagne, infirmière en santé au travail, sont intervenues au pôle Aliénor, pour évoquer les mécanismes du burn-out et les moyens de le prévenir.

Processus débouchant après plusieurs phases sur un effondrement total de la personne, le burn-out a été caractérisé dans les années 70, par le psychologue Herbert J.Freudenberger, comme une brûlure interne, un feu intérieur destructeur, laissant la personne en proie à un vide abyssal.

Le syndrome du trop

Identifié comme un état d’épuisement, à la fois mental, émotionnel et physique, le syndrome d’épuisement professionnel génère peu à peu une perte d’efficacité, des sentiments de négativisme ou de cynisme liés au travail, et un effondrement personnel.

En parallèle d’une tension interne grandissante, un vide envahit progressivement la personne. Dépourvue d’énergie, perdant de vue ce qu’elle veut vraiment, sa vie perd de son sens et l’incendie débute.

Si l’on connaît désormais les facteurs de risques liés à l’individu, valeur travail forte, rigueur, perfectionnisme, adrénaline, difficultés à dire non, à déléguer, le manque de dissociation entre l’identité personnelle et professionnelle reste un marqueur fort, conduisant à un sur engagement néfaste, dans lequel la personne s’oublie totalement, au détriment des moments de ressources (loisirs par exemple).

L’exposition prolongée à certaines facteurs organisationnels liés à l’intensité du temps de travail, des rapports sociaux dégradés, l’exigence émotionnelle, la sécurité de l’emploi, les conflits de valeur, une faible autonomie, conduisent à un déséquilibre pour l’individu, mais aussi, à terme pour le collectif de travail et donc l’entreprise.

À ce titre, cette dernière doit se sentir responsable, en assurant des conditions de travail favorables, avec des objectifs atteignables, ainsi qu’une reconnaissance des efforts et des résultats.

Écoutez le podcast enregistré avec Elsa Lartigau. Se consumer, mais pour mieux renaître à soi-même. Et  notre entretien avec Sabine Bataille. Se reconstruire après un burn-out.

La prévention, l’affaire de tous et de chacun

Défini par Herbert J.Freudenberger comme une maladie de l’âme, en deuil de son idéal, du fait de l’inadaptation aux conditions de travail, mais aussi et surtout à sa valeur, le burn-out pose la nécessité de remettre le travail à sa juste place.

Trop souvent associé à des clichés voulant qu’il puise ses origines dans la personnalité, le burn-out reste un syndrome complexe qui ne s’explique pas simplement en jetant la responsabilité sur un individu ou une situation. Il relève certes du travail, mais aussi et surtout de la relation que nous entretenons avec lui. À cet égard, l’individu constitue un premier levier de prévention.

D’un point de vue individuel, la personne peut être attentive à elle-même, écouter son corps ; prêter attention à ses limites, sortir de l’isolement et oser parler. Un collaborateur qui sait, par une meilleure connaissance de lui-même et des mécanismes du burn-out, reconnaître les premiers signes d’un stress prolongé, fera davantage attention à lui et saura demander de l’aide.

Au niveau de l’entreprise, la prévention primaire répond aux obligations de l’employeur en matière de responsabilité de la santé mentale et physique de ses salariés. Il peut s’avérer nécessaire de réfléchir à l’organisation, aux conditions et aux relations de travail, au management. Cette démarche d’observation et d’analyse prend en compte la charge de travail mais pas seulement. Quelles marges de manœuvre ont les personnes ? en termes d’autonomie, de coopération, d’entraide ? Quel sentiment d’appartenance ? La possibilité de prendre le pouls de l’entreprise en allant sur le terrain, en permettant à ceux qui réalisent le travail d’en parler, est un atout indéniable pour l’entreprise.

Une information et/ou une formation des salariés au syndrome d’épuisement professionnel constitue également un levier puissant à la fois pour déconstruire les représentations souvent erronées associées au burn-out, mais aussi pour savoir détecter les collaborateurs présentant des signes d’un stress avancé : agressivité soudaine, retrait, isolement…

Le Service de prévention santé au travail Corrèze-Dordogne (SPST 19-24) peut apporter une aide aux employeurs en intervenant à différentes étapes ; à la fois dans le conseil, les actions de l’entreprise, la surveillance de l’état de santé des salariés, mais également lors de la réintégration d’un salarié post burn-out.

Le burn-out des dirigeants d’entreprise

Confronté à la peur de l’échec, au surmenage, le dirigeant ne s’écoute plus et, engagé dans un niveau d’exigence élevé, s’investit de façon excessive et compulsive. D’autres facteurs de risques comme le stress permanent, le manque de sommeil, l’absence d’équilibre vie privée vie professionnelle, et l’isolement propre à la fonction, augmente d’autant le risque pour le dirigeant de faire un burn-out. La représentation du dirigeant dans notre société, quelqu’un de fort capable de tout gérer, ajoute à cet isolement.

Depuis la loi du 2 août 2021, les Services de prévention santé au travail doivent proposer un suivi individuel aux chefs d’entreprises, au même titre qu’à leurs salariés. Le SPST 19-24 propose voilà près d’un an, Capital santé dirigeant, un programme personnalisé, pour accompagner le dirigeant en souffrance physique et/ou psychologique.

Lire l’article : Le SPST 19-24 au chevet des dirigeants.