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Vie de château pour créations éphémères

IN SITU. Trois artistes prennent possession de deux châteaux du vignoble bergeracois : c'est le retour des Éphémères, dans un format intermédiaire entre deux épisodes de cette biennale, pour offrir au patrimoine local une alliance brillante avec l'art contemporain.

Fernando Costa, c’est un parcours de vie bien connu en Périgord avant d’être un artiste sculpteur-soudeur internationalement reconnu. Il a commencé avec des panneaux de signalisation récupéré dans les tas de ferraille de la DDE Dordogne après bons et loyaux services, puis il a appliqué son concept à d’autres plaques émaillées issues du patrimoine urbain ou économique français : plaques de rues, de métro, de commerces… autant d’éléments visuels auxquels nous sommes habitués, symboles, chiffres et lettres sortis de leurs contextes pour s’assembler dans une œuvre colorée, aux tintements métalliques, pour raconter ou suggérer des histoires. Souvent des hommages à des figures féminines, comme Simone Veil ou Joséphine Baker. Les sculptures couchées monochromes sont autant de pistes d’interprétation et chacun saisira l’humour ou la nostalgie qui viennent parfois flirter avec l’énergie concentrée dans des œuvres résolument physiques, matériau oblige. En prenant place pour l’été dans le chai et le vignoble du château de La Jaubertie, l’artiste sarladais met un peu de vin dans l’eau qui rouille les métaux qu’il manie… Qui sait s’il ne repartira pas avec quelques cuves réformées pour une série thématique.

Laurent Mareschal joue une partition polyphonique avec des vidéos, installations, performances et master-class d’un jour. Celle qu’il met en musique à Monbazillac dans le cadre de ces Éphémères fait un nouveau clin d’œil à Ionesco pour lequel “Seul l’éphémère dure”. Parce que toutes ses œuvres se moquent de l’éternité, l’artiste plasticien parisien se place une fois encore dans un temps donné et un contexte précis, avec toujours des matériaux déroutants, pour des mirages artistiques. La blanche farine ou les couleurs naturelles d’abstractions parfumées (cafés, poivres, curcuma, paprika, curry, piment…) stimulent les souvenirs et les ambiances : quand la réalité se plie à son regard joueur, la transformation est surprenante.

Marlène Mocquet, céramiste et peintre parisienne, invite les visiteurs à sa table : dressée dans une vaste salle à l’imposante cheminée, elle y sert des mets aussi étranges que poétiques, pomme à demi croquée, mains transperçant les assiettes, gobelets ornés de têtes de cerfs ou d’oiseaux. La fascination provoquée relève d’une tradition fantastique digne de Bosch, Bruegel ou Ensor, un imaginaire salué par Julia Garimorth, conservatrice en chef du musée d’art moderne de Paris. Un festin énigmatique à déguster au château de Monbazillac.

• Expositions du 25 juin au 5 septembre

Biennale et entracte

L’association Les Rives de l’Art, implantée en Bergeracois, s’attache depuis 2007 à diffuser l’art contemporain. Avec la biennale Éphémères, elle associe des créations au patrimoine au fil d’un itinéraire à ciel ouvert, pour surprendre la promenade en moyenne vallée de la Dordogne.
Un entracte fait le lien entre deux éditions : le château de Monbazillac, qui vient de se refaire une beauté et un circuit de visite, et le domaine viticole d’excellence de La
Jaubertie, deux lieux fidèles à biennale, ouvrent aussi leurs portes à l’art cet été.