Accueil BIEN ensemble Une convention pour favoriser la pérennisation de l’activité agricole locale

Une convention pour favoriser la pérennisation de l’activité agricole locale

convention Périgord agricole
De gauche à droite : Louise Roguet-Sarradin, Brice Broquaire, porteurs de projet, Carole Herbaux de la SAFER, Françoise, Daniel Cournu (cédants) et Hélène Cournu (CAAP24), Marion Hureaux (MDP) et Stéphanie Bomme-Roussarie directrice d'AgroBioPérigord. ©CCILAP
DÉVELOPPEMENT DURABLE. Le 13 janvier 2023, à la mairie d'Excideuil, le Collectif alimentaire et agroécologique du Périgord 24 (CAAP24) et la Communauté de communes Isle-Loue-Auvézère en Périgord (CCILAP) ont signé une convention, afin de répondre aux défis de la transition agricole et alimentaire. Cet événement a été l'occasion de relayer l'exemple d'une transmission locale réussie.

De nombreux défis se posent aux élus : préservation du foncier agricole, relocalisation d’une alimentation de qualité, locale, accessible, renouvellement des générations de paysans. Cette convention scelle un partenariat issu de nombreux échanges et de l’accueil positif des trois vice-présidents, Corinne Ducrocq, Christel Pourcel et Alain Pouquet.

Former et outiller les élus

Comment répondre aux enjeux de la transmission et de l’installation ? Quels outils fonciers pour les collectivités ? Comment envisager la restauration collective fait-maison, bio et locale ? Tels sont les trois axes des sessions de formation prévues dans le cadre de cette convention. Animées par CAAP 24 elles permettront de répondre aux besoins spécifiques des élus.

« Des besoins issus de deux constats, explique Corinne Ducrocq maire de Coulaures et vice-présidente de la CCILAP, chargée du PLUI. D’une part le manque d’adéquation entre les propriétés agricoles à céder et les porteurs de projets, majoritairement orientés vers le maraîchage. D’autre part, poursuit l’édile, la difficulté de pérenniser l’activité agricole locale du fait que la nouvelle génération n’est pas forcément issue du monde agricole ».

Cette convention tend également à faciliter la démarche d’autonomie alimentaire locale. « De nombreux élus, observe C. Ducrocq, pensent que le passage au bio est trop cher. Les sensibiliser et les former grâce à l’accompagnement du collectif CAAP24 favorisera le développement de la production locale, afin d’approvisionner la restauration collective du territoire ».

Convention Périgord transition
Signature de la convention.
De gauche à droite : Alain Pouquet, Christel Pourcel et Corinne Ducrocq. À l’arrière plan, Jérôme Guyot président de Terre de liens Aquitaine ©CCILAP

Vers des actes effectifs

« La collaboration entre CAAP 24 et la CCILAP s’inscrit également dans une dynamique pragmatique, explique Hélène Cournu, représentant CAPP 24. Il s’agit de faire remonter des projets du terrain, mettre en relation des cédants avec des porteurs de projets, former des cuisiniers de restauration collective dans la réintroduction des produits bruts, en maîtrisant les coûts, approvisionner les cantines… » Autant d’actions nécessitant un accompagnement sur-mesure, grâce à l’agrégation des différentes compétences des associations membres du collectif CAAP24.

Témoignages :

Une transmission aboutie

« Sans l’accompagnement de la Maison des Paysans, cette transmission se serait faite dans la douleur », confie Françoise Cournu, cédante d’une exploitation bio située sur la commune d’Excideuil.

Cette formation en deux temps dispensée par la Maison des Paysans a constitué le point de départ essentiel. Un psychosociologue est intervenu auprès de huit exploitants dont Françoise et son mari Daniel. « Cette première session, destinée à lever des freins psychologiques et affectifs, explique Françoise, nous a fait progresser dans notre démarche. J’en avais vraiment besoin, poursuit-elle. Ça m’a permis de faire un cheminement. »

La Safer a pu ensuite prendre le relais pour estimer la valeur de l’exploitation et la mettre en vente. Un accompagnement particulièrement rassurant pour le couple. « Tout a été mis en effet en œuvre, relate Françoise, pour vendre l’exploitation dans sa totalité sans la morceler ». Le tri effectué par la Safer a permis de valider des candidats disposant d’un projet de reprise sérieux et d’un financement, en évitant le défilé pesant de visiteurs plus ou moins intéressés. Le choix de la commission s’est ainsi porté sur un couple avec un enfant ; un choix apprécié par Françoise et Daniel, toujours investis dans la vie de leur commune, heureux de voir trois nouveaux arrivants dont un enfant en âge d’être scolarisé.

Un projet de développement de l’exploitation

« Mon parcours n’est pas linéaire et plutôt atypique, précise Louise Roguet-Sarradin porteuse de projet. Après une formation en arts plastiques, j’ai travaillé avec les enfants et dans l’administration. Mais je nourrissais depuis longtemps le projet de m’épanouir professionnellement et de me reconvertir dans l’agriculture et le maraîchage. C’est un domaine que je connais et dans lequel j’ai baigné plus jeune, en aidant mon oncle et ma tante maraîchers bio ».

Son projet mûrit doucement et devient aussi celui de Brice Broquaire son compagnon. Après des travaux de saisonnier en agriculture, il était encore récemment adjoint au chef-jardinier du château de Vaux-le-Vicomte. La vie urbaine leur pèse de plus en plus, et les conduit à rechercher un département où s’installer. « Nous avons ciblé le Lot dont je suis originaire, explique Brice, et les départements voisins, comme le sud Corrèze, le Tarn, et la Dordogne, avant de rechercher des exploitations à vendre sur le site de la Safer ».

« Nous avons eu un vrai coup de cœur pour la propriété de Françoise et Daniel Cournu, poursuit Louise ; elle offre en effet de nombreuses possibilités de développement d’autres projets, afin de la faire évoluer ».

Un vrai parcours du combattant s’ensuit. Il leur faut en effet passer devant une commission, afin de mettre en avant leur proposition. « Lorsque nous avons appris fin octobre qu’il était retenu, confie Louise, ça nous a fait super plaisir. Nous avons une chance incroyable de tomber sur Françoise et Daniel, avec lesquels nous avons créé un lien fort ». Un lien qui devrait perdurer avec la période de tutorat mise en place par Agrobio Périgord.

« Nous nous sentons attendus, épaulés, renchérit Louise, avec l’accompagnement de la Maison des Paysans pour le prévisionnel économique et l’obtention de la dotation de jeunes agriculteurs, et le soutien technique d’Agrobio Périgord ».

Grâce au collectif CAAP24, le jeune couple se sent entouré et a déjà noué certains contacts précieux pour la suite. Désormais, ils préparent leur arrivée et leur installation dans le courant du mois de février.

Partenariat agricole

Acteur clé des politiques agricoles et alimentaire locales, CAAP 24, créé en 2021, regroupe des associations engagées, œuvrant au développement de l’agriculture et de l’alimentation paysanne et bio en Dordogne. En complémentarité avec les autres partenaires agricoles, les associations du Collectif sont au service d’une agriculture respectueuse des équilibres naturels, permettant aux paysans de vivre de leur métier. Le collectif de coopération opérationnelle associe les compétences de ses membres pour agir sur le territoire, en répondant aux enjeux de relocalisation de l’activité et de création d’emplois.

Conscient du rôle important des élus et de la nécessité de les doter d’outils, CAAP 24 a initié en 2022 des rencontres avec les collectivités locales. Cette première convention, coconstruite avec les élus et signée le 13 janvier, initie la dynamique d’action du collectif.

Membres du collectif :

AgroBio Périgord : association des producteurs bio de Dordogne, affiliée Fédération Nationale d’Agriculture Biologique.

Maison des Paysans : association de promotion de l’installation agricole et de la transmission sur le territoire périgourdin.

Pays’en Graine :association d’accompagnement à l’installation agricole durable.

Nourrir l’avenir, Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC) pour former et accompagner les collectivités vers une restauration collective 100 % faite maison, bio locale avec maîtrise du coût.

Terre de Liens : association agissant pour la préservation des terres agricoles par des installations agroécologiques avec la participation citoyenne.

Plateforme associative Manger bio Périgord : Interface logistique et administrative des producteurs bio de Dordogne pour la restauration collective.