Accueil BIEN commun Tocane Saint-Apre mobilisée pour un territoire zéro chômeur de longue durée 3/5

Tocane Saint-Apre mobilisée pour un territoire zéro chômeur de longue durée 3/5

©C.Ribeyreix
La deuxième mobilisation pour l’association Territoire Zéro Chômeurs de Longue Durée (TZCLD) Ribérac Préver s’est déroulée à Tocane ce samedi 4 juin lors d'une étape essentielle dans la construction et le développement du projet TZCLD sur la région du Ribéracois.

Engagé spontanément dans l’équipe projet dès 2020, Pierre Janaillac, le maire de Tocane a accueilli élus et habitants avec Danielle Delpey, chargée du projet d’expérimentation. L’occasion de faire le point sur l’avancée du projet après la diffusion de « Nouvelle Cordée », le documentaire de Marie-Monique Robin, relatant l’expérimentation TZCLD à Mauléon (Deux-Sèvres). Lire notre article Faire de l’emploi un droit.

©CRI

Un défi stimulant pour les élus

Au-delà des problèmes de voisinage et d’ornières sur les chaussées communales, « le TZCLD constitue une vraie opportunité pour les élus, de montrer et démontrer » ainsi que l’indique Danielle Delpey  « que ce qui échoue depuis plus de quarante ans au plan national, peut trouver sa place et des solutions au niveau local ».  Ce qu’ont parfaitement compris les vingt communes du Ribéracois, engagées dans le projet TZCLD Préver (Périgord Ribéracois Engagé Vers un Emploi Réinventé), et les 160 projets émergents au niveau national. Un élan qui essaime à nos frontières, puisque la Belgique et l’Allemagne sont intéressées pour l’expérimenter.

 

Le poids du collectif

Constituée depuis deux ans, et composée de bénévoles, l’équipe-projet anime également le Conseil Local pour l’Emploi, au sein duquel siègent toutes les parties prenantes : représentants de l’État, de la Région, du département, des syndicats, des Missions Locales, de Pôle Emploi, des entreprises, avec le Club d’Entreprises du Pays Ribéracois, et des habitants.

Après avoir réalisé tout le travail de consensus et recueilli la forte adhésion de la population, l’équipe projet, sous la houlette de Danielle Delpey, poursuit son action en recensant les personnes durablement privées d’emploi ; une démarche complexe car ces publics ne figurent pas toujours sur les listes de Pôle Emploi.

Des permanences sur les communes engagées dans le projet sont donc assurées pour faciliter la rencontre avec les personnes concernées. (Date des permanences sur la Page FB) Dès le mois de septembre 2022, des réunions publiques complèteront le dispositif pour aller au-devant des populations, et entreprendre le second volet de recensement des besoins non satisfaits sur le territoire.

Un nouveau modèle économique et écologique

Dans ce projet de société, « il s’agit » explique Danielle Delpey, « de répondre à un double paradoxe : les entreprises ont du mal à recruter et de nombreux besoins locaux sont sans réponse ». L’Entreprise à But d’Emploi (EBE), pivot du dispositif TZCLD, s’appuie sur l’utilité sociale, économique et écologique des activités qu’elle crée, dans la commune et au sein de la collectivité.

Le principe consistant à « prendre tout ce qui n’est pas pris, sans concurrencer les entreprises et les emplois déjà existants ». Le Conseil Local pour l’Emploi est, à ce titre, rappelle Danielle Delpey « le garant de la supplémentarité des activités ». Pour reprendre les propos de l’un des premiers acteurs de l’EBE de Mauléon : « On fait les choses que personne ne peut ou ne veut faire », et ce, dans des domaines diversifiés de l’économie : services aux particuliers, aux entreprises et aux collectivités, favorisant notamment l’économie circulaire.

L’être humain au cœur de l’expérimentation

Fondée sur le volontariat et la motivation des personnes éloignées durablement de l’emploi, l’expérimentation TZCLD considère le demandeur d’emploi comme une solution, ce qui en soi est une vraie révolution. L’EBE, dont la pierre angulaire est l’entraide, repose sur la dynamique de l’équipe, et se nourrit à la source des savoirs et des compétences de ses membres.

Si l’on prend l’exemple de Mauléon, les quinze premiers salariés de l’EBE, issus d’horizons différents, réunissaient compétences et savoir-faire utiles à la collectivité. Toutes les activités qui ont été créées, si elles ne sont pas les plus rémunératrices, sont celles qui ont le plus de valeur en termes de service à la population. L’être humain est ainsi la clé de voûte d’emplois respectueux de l’homme et de la planète.

Le temps, c’est de l’emploi

La diffusion de « Nouvelle Cordée » nous dévoile un autre monde, non seulement possible, mais pas si utopique qu’il en a l’air, dès lors que l’on accepte que l’EBE fonctionne à l’inverse d’une entreprise traditionnelle : le demandeur d’emploi n’y est pas perçu comme un problème, mais comme une personne disposant de compétences, de savoir-faire, d’envies, dont les charges (familiales, de santé…), obligations, l’ont éloignée de l’emploi. L’EBE va l’embaucher et trouvera avec lui l’emploi susceptible de lui convenir, et surtout de développer ses compétences.

Le temps choisi, l’un des principes du dispositif, prend en compte les accidents de la vie qui ont marqué un parcours, et les contraintes qui en ont résulté. Ainsi, être veuf avec deux enfants en bas-âge, en situation de handicap suite à une hernie paralysante, fragilisé par un burnout, sont les stigmates de situations dramatiques où les personnes veulent travailler, mais où le marché de l’emploi classique leur a fermé durablement la porte.

Les premiers de cordée ne sont pas toujours ceux que l’on croit

Les pionniers de Mauléon ont montré que c’était possible. Si le modèle économique reste à consolider, le projet de société que propose le TZCLD doit nous questionner : s’appuyant sur l’utilisation constructive des aides, il crée des emplois profitables et précieux pour la collectivité, en prenant soin des personnes et de l’environnement.

Mais surtout, il rend actrices des personnes considérées comme des poids pour la société, « cas soc », « fainéants » selon les termes dont on les qualifie, en leur redonnant dignité, confiance, utilité mais pas seulement.

Dans ce système, où elles créent leurs emplois, en inventent d’autres, elles fondent une vraie culture d’entreprise, forte d’une valeur ajoutée que l’on apporte au monde dans lequel on vit, pour le bien de tous.

La suite de cette belle aventure humaine : 21 communes du grand Ribéracois engagées pour les personnes durablement privées d’emploi.

Une démarche participative

Les personnes habitant Ribérac (ou l’une des communes engagées dans le projet TZCLD Ribérac PREVER), les responsables d’entreprises, d’associations, de collectivités, peuvent d’ores et déjà partager avec l’équipe-projet des idées d’activités utiles non présentes sur le territoire.

Un document à compléter leur permet de participer activement au développement économique du territoire.