Comme pour les autres risques professionnels (routiers, chimiques, horaires atypiques…) la prévention des risques psycho sociaux (RPS) constitue un enjeu de taille pour les entreprises. Pourtant, de nombreuses représentations pénalisent encore leur prise en compte et la nécessité de les prévenir. Compliqués à identifier en raison de la différence de réaction des personnes, la difficulté réside dans le repérage des facteurs de risques des situations de travail produisant des effets délétères sur la santé des salariés. Contrairement aux idées reçues, la consultante souligne « que les troubles psycho sociaux peuvent concerner n’importe qui, et pas forcément ceux que l’on pense les plus fragiles ». En outre, au même titre que d’autres risques, « ils relèvent de la responsabilité de l’employeur sur lequel pèse une obligation de résultat ».
Des répercussions économiques et sociales élevées
Lorsque les indicateurs psychosociaux se dégradent, les coûts sont considérables pour les entreprises : absentéisme, turn-over, perte de la productivité, de la créativité, atteinte de l’image de l’entreprise, mais également litiges et autres procédures judiciaires.
Les impacts sont lourds pour les salariés : altération de la santé physique et mentale, dégradation du lien au travail, désinvestissement, perte de la satisfaction au travail. Ces conséquences rejaillissent sur le collectif, générant conflits et désorganisation. Le coût social des RPS a été estimé par l’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS) à un montant compris entre 1,9 et 3 mds d’euros, lors d’une étude réalisée en 2007. Une évaluation a minima ne concernant que les situations de travail tendues, soit seulement un tiers des cas.
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La situation de travail au cœur de la prévention
Face à ce risque psycho social difficile à appréhender tant l’aspect subjectif semble prévaloir, la consultante souligne « l’importance de ne pas en rester à la situation personnelle du salarié et insiste sur la nécessité d’analyser la situation professionnelle en recherchant les facteurs de risques psychosociaux existants dans l’entreprise et en identifiant les causes sur lesquelles s’appuyer ».
En 2017, à la demande du Ministre du travail, de l’emploi, et de la santé, un collège d’experts a rendu un rapport de suivi des RPS et proposé une définition, s’attachant aux risques de santé mentale, physique, et sociale engendrés par les conditions et facteurs organisationnels et relationnels dans l’environnement professionnel.
Dans cet objectif, la situation de travail, au centre de l’analyse, est déclinée à travers six grandes catégories de facteurs de risques : les exigences au travail, qu’elles soient quantitatives (temps, charge, rythme) ou qualitatives (moyens donnés); exigences émotionnelles (degré de maîtrise des émotions du fait de son activité) ; la marge de manœuvre dont on dispose (quel degré d’autonomie) ; les rapports sociaux au travail, les conflits de valeurs ou éthiques. Enfin, l’insécurité socio-économique de la situation de travail.
Une question d’équilibre
Ces facteurs de risques constituent une base d’analyse, « le plus important » selon l’experte, « étant d’associer les salariés à leur identification ». Dans le document unique, obligatoire à partir d’un salarié, il est essentiel d’évaluer l’intensité de ces facteurs de risques, et de mesurer si les salariés ont les moyens de faire face aux risques psychosociaux auxquels ils sont exposés. « L’idéal » conclut Anne-Laure Giron, « étant de trouver l’équilibre entre les facteurs de tensions, les contraintes liées à l’activité, et les facteurs de régulation, les ressources ». Une dynamique pour changer de posture, « en s’inscrivant dans la prévention et non plus dans la réparation ».
Travail & Prévention – Anne-Laure GIRON –
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