Brebis et chèvres ont fait une belle balade d’une dizaine de kilomètres en profitant de l’herbe verte des bords des chemins. Les années précédentes, Julien Contessi éleveur de brebis et de chèvres à Berbiguières transportait son troupeau revenant d’estive avec des rotations de bétaillère. Cette année, avec ses amis de l’association foncière pastorale libre de Meyrals et du collectif Transitions du Périgord Noir, CTPN, ils ont transformé ce déplacement en animation publique avec la population du secteur de Saint-Cyprien et les enfants des écoles.

Une centaine de marcheurs et autant d’écoliers ont suivi toute ou partie de cette transhumance de 150 animaux, entre les hauteurs de Meyrals en empruntant les chemins, la traversée du bourg de Saint-Cyprien, le passage de la rivière Dordogne via le pont piétonnier du Garrit ; jusqu’à l’arrivée sur la commune de Berbiguières où se trouve la ferme de Jumels. C’était une belle manière d’attirer l’attention sur le fonctionnement du pastoralisme pour des éleveurs qui ne possèdent pas beaucoup de terre et mettent leurs troupeaux sur des terrains à entretenir. Brebis et chèvres sont de fameuses débroussailleuses pour nettoyer des friches et des bois.
Le spectacle des chiens du troupeau

Philippe Thomas, du CTPN, soulignait le rôle joué pour la biodiversité et pour soutenir un élevage à taille humaine avec la participation de propriétaires de terrains. « Cette transhumance passe un message et des souvenirs à ceux qui y ont participé. » Les collectivités ont assuré leur soutien, ainsi que l’association du Pont du Garrit, dont le président Jean Bonnefon est toujours ravi de voir ce passage, sauvé de la destruction, continuer à prouver son utilité.
Il ne faut pas oublier l’active participation de la gendarmerie qui a encadré le troupeau pour assurer sa sécurité et celle des accompagnateurs, lors du passage sur les routes. Pour les enfants des écoles qui ont suivi le dernier kilomètre, c’était une belle balade et le plaisir de caresser les animaux. Umbro, le gros chien de garde patou, avait la vedette et le travail de Panda, l’efficace border collie toujours en mouvement pour faire obéir les bêtes, assurait le spectacle.

En discutant avec l’éleveur Julien Contessi ou avec sa compagne Mélanie, les participants ont également pu se rendre compte de la difficulté de son métier. Il y a quelques semaines, il a perdu 17 brebis à cause d’une attaque de chiens errants, sans compter les pertes d’agneaux et de lait liés au stress du reste du troupeau. Son élevage vit grâce à la transformation en fromages, à la vente directe sur les marchés locaux, aux boutiques et aux marchés de producteurs.
Cette première transhumance dans ce secteur devrait se renouveler pour perpétuer ce coup de projecteur bien utile et le plus grand plaisir des participants.
Les associations foncières pastorales libres

Les AFPL ont pour objectif de regrouper des propriétaires de surfaces non utilisées à des fins agricoles (bois, landes, friches…) pour y permettre le pastoralisme par conventions pluriannuelles avec des éleveurs. C’est un échange de bons procédés qui permet d’entretenir des terrains et d’éviter qu’ils soient colonisés par des broussailles, tout en fournissant des aliments variés à des troupeaux. Ils sont précieux pour prévenir les risques d’incendies.
Il existe déjà six AFPL en Dordogne, regroupant 3000 hectares appartenant à plus de 800 propriétaires. Elles se situent sur les causses vers Ajat (pour celle joliment baptisée “revenons à nos moutons”, aux abords de Montignac, sur les coteaux du Sarladais, près de Meyrals, dans le secteur de Borrèze et au sud de Domme. À 72 %, elles sont sur des terrains boisés. La technicienne de la chambre d’Agriculture chargée du pastoralisme, Bernadettte Boisvert, assure un rôle de conseil.









