Accueil BIEN aimé Dominique Lang à La Visitation : un chaos si harmonieux

Dominique Lang à La Visitation : un chaos si harmonieux

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NATURE HUMAINE. À partir de ce lundi 15 janvier et jusqu'au 24 février, La Visitation, à Périgueux, accueille Dominique Lang qui rêvait depuis longtemps de cet espace pour inscrire dans les volumes du centre culturel ses foisonnantes explorations en N&B, "Entre harmonie et chaos"... un K.O. debout d'admiration face à cette parfaite rencontre entre une artiste et un lieu.

Découvrir l’œuvre de Dominique Lang relève de la mise en abyme : le visiteur de l’exposition stationnée à La Visitation observera longuement et en détail le minutieux travail de celle qui se présente comme une infatigable contemplative, en admiration permanente devant les mystères et les surprises de la nature. Elle rejoint par le dessin ce que Sylvain Tesson décrit avec la plume : « Le paysage est le visage du monde » (Avec les fées, Équateurs).

On cherche volontiers des figures dans les replis de ses méditations graphiques comme on en devine dans les nuages, selon l’humeur du moment. Rodolphe Delcros, adjoint à la maire chargé de la culture, y voit une « œuvre singulière, un travail de minutie sur des textures naturelles, des écorces, des rochers, dans l’esprit des dessins de la Renaissance ; des univers se révèlent quand on s’approche, on peut y entrer ».

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Au rythme du stylo ou du crayon

Cette œuvre tiraillée entre microcosme et macrocosme, souci du détail et appel métaphysique, épouse parfaitement ce lieu qui fut spirituel, ancien couvent passé aux aspirations et interrogations culturelles contemporaines. L’artiste dit communier régulièrement au calme de la nature qui environne son atelier, des bois et des chemins ensauvagés qu’elle redécouvre à chaque pas, à la fois immuables et surprenants. Les changements de saisons, de lumière lui donnent à voir « des formes, des végétaux, des minéraux, des troncs ; je fais partie de cette nature qui peut être inquiétante ou magnifique… J’espère ne jamais perdre cette part d’enfance qui m’y fait voir tant de choses ».

L’ambiance des contes de son Nord-Est natal, l’empreinte de Gustave Doré sur son imaginaire, percent sous les points et les lignes de son stylo. Le rythme du bille marque résolument l’alliance du noir et du blanc, tandis que le crayon offre une palette d’un noir profond à plus de légèreté. Il s’agit, pour chacun, d’un rapport différent au temps.

Nature intime

Son parcours professionnel de décoratrice pour le théâtre lui a permis de conjuguer l’art du grand format pour la scène et les maquettes préparatoires ; avec le recul et l’énergie nécessaires pour aborder l’un et une intimité concentrée sur l’autre. Dominique Lang a besoin de ce grand écart spatial et très spécial, mais aussi du volume et du trompe-l’œil qu’elle cultive dans son atelier. « J’aime expérimenter tous types de papier, de grammages, épaisseurs. » Et quand elle n’aime pas qu’il décide pour elle ou qu’il lui résiste, alors elle le froisse, le teint au brou de noix, contrarie ou utilise ses plis. L’artiste change souvent d’avis et jette beaucoup. « J’ai parfois du mal à m’arrêter dans le flux des idées. J’utilise peu de matière, avec des superpositions de couches. » Et la lumière est bien sûr essentielle pour souligner tous les reliefs.

« J’ai enfin trouvé un endroit où je me sens chez moi, au contact de nombreux étrangers qui ont choisi le Périgord, d’une vie culturelle intense, d’une ouverture sur le monde incroyable dans ce petit coin de campagne… on est ici à la fois loin de rien et loin de tout »

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Immersion végétale

Après avoir longtemps circulé pour son métier, Dominique Lang apprécie d’avoir jeté “l’encre” en Périgord pour poursuivre un voyage immobile (grande lectrice qu’elle est aussi !) au cœur de sa propre nature. « J’ai encore beaucoup à explorer, j’approche la couleur, que j’aime aussi, mais l’équilibre pour garder la même force que le noir et blanc, si puissant, est difficile à trouver ; je travaille aussi en bas-relief, dans l’esprit du spectacle, et j’ai des idées de boîtes de lumière… » Des journées de 10h pleines, aux prises avec la matière ; le reste du temps les sens en éveil à ce qui l’entoure. Et à une absence qui prend encore tant de place.

Un lieu sur mesure

C’est dans une salle rénovée par les services municipaux, avec un soin particulier apporté à l’éclairage, et dans la chapelle, propice aux grands formats, que prend place cette exposition de début d’année ; dessins petits formats d’un côté et toiles souples peintes à l’acrylique de l’autre. « Je suis ravie qu’il y ait des sièges, j’aimerais que les visiteurs prennent le temps de s’arrêter. On a perdu la capacité qu’ont les enfants de s’arrêter pour observer, on a plein de petits paysages au ras du sol.»

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Dans le cadre du renouvellement de sa politique culturelle, la Ville de Périgueux a lancé deux appels à projets. L’un auprès des artistes installés en Dordogne, l’autre d’envergure nationale. « Avec cette formule, pour la première fois, nous versons une contribution aux artistes sélectionnés.»

Une quarantaine de dossiers ont été examinés par le jury, qui a choisi cette artiste installée depuis 13 ans dans le sud du département, près de Monpazier ; et un autre talent du territoire, qui sera présenté en juillet. Et 200 candidatures nationales sont arrivées pour l’exposition prévue cet automne.

• Le jour du vernissage, mercredi 17 janvier, l’artiste sera présente à partir de 14h pour échanger avec les visiteurs.

• Le 20 février, une médiation culturelle est prévue pour les 8-14 ans avec un atelier de mise en scène de décors ou de paysages. (sur réservation)

• La médiation a été travaillée avec Pollen (Monflanquin)