Accueil BIEN ensemble Tiers-lieu en Ehpad : être juste ensemble et partager

Tiers-lieu en Ehpad : être juste ensemble et partager

Vivre-ensemble tiers-lieu Ehpad
De gauche à droite, Auréa PEYTOUREAU-PRINCE coordinatrice du Tiers-lieu Ehpad et Corinne LACHAUD, cheffe de projet du Centre ressources Ehpad. ©BEP
VIVRE-ENSEMBLE. L’espace collaboratif ouvert par le Centre hospitalier au sein de l’Ehpad Parrot Beaufort Magne, inauguré en mars 2023, propose un programme d’activités originales et diversifiées, favorisant échanges, rencontres entre les résidents, les habitants et les salariés de l’hôpital. Une expérimentation réussie et porteuse d'une belle dynamique humaine.

Projet pilote en Dordogne et en nouvelle Aquitaine, le Tiers-lieu Ehpad de Périgueux affiche d’entrée son identité : voir la vie autrement. Dans ce message, une volonté partagée par les résidents, les familles, les habitants et les professionnels, d’être avant tout les uns avec les autres.

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Visuel du Tiers-lieu réalisé sous la férule de Nils Prud’Homme, avec les résidents, les familles, les habitants et les professionnels de santé.
©BEP

Construire collectivement

Qu’il s’agisse des valeurs, de l’identité du tiers-lieu, du logo, de son nom, tout s’est structuré sur un mode collaboratif.

« L’identification forte du lieu s’est faite avec le concours de Nils Prud’homme artiste périgourdin graffeur, souligne Corinne Lachaud, cheffe de projet du centre Ressources Ehpad. Il a réalisé un travail d’atelier graffe de coconstruction. Chacun a ainsi contribué à la création du visuel. Les silhouettes visibles à l’extérieur sont celles d’habitants, de résidents et de professionnels, ajoute Auréa Peytoureau, coordinatrice du tiers-lieu ».

Cette coconstruction s’est poursuivie avec l’élaboration du programme d’activités, particulièrement étoffé depuis l’inauguration grâce à l’implication de tous. « Les ateliers ont été imaginés avec les visiteurs du lieu (résidents, familles, habitants, salariés), explique Auréa ; ils nous ont exprimé leurs attentes, ce qu’ils aimeraient, et aussi et surtout ce qu’ils ne voulaient pas.

Pour le nom du tiers-lieu par exemple, ils ont revendiqué de conserver le mot Ehpad, avec la volonté de le réhabiliter. Un des objectifs, insiste Corinne Lachaud, c’est de montrer que l’Ehpad n’est pas un mouroir, mais bien un lieu ouvert, plein de vie.

Une passerelle permettant aux gens du quartier et au-delà, d’y venir et de partager des moments avec les résidents, qui sortent ainsi de leur quotidien.

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Atelier d’activité physique au Tiers-lieu Ehpad du Centre hospitalier de Périgueux.
©BEP

Le jour de notre reportage, lors d’un atelier d’activité physique, impossible de différencier, parmi les participantes, les personnes du quartier des résidentes. Toutes effectuent leurs mouvements en cadence, comme elles le feraient dans une salle ordinaire.

« Potentiellement, commente Auréa, les habitantes du quartier présentes aujourd’hui, seront peut-être les résidentes de demain. Elles n’auront pas cette appréhension que l’on peut ressentir, lorsque l’on doit entrer à l’Ehpad, car elles voient que des choses agréables s’y passent, croisent régulièrement des professionnels, des agents de service. Tout le monde se connaît ».

Des ateliers culturels qualitatifs

Activité culinaire et artistique, d’art créatif, de musique, de théâtre, de lecture de poèmes, de relaxation, de fabrication de produits esthétiques, de conseil en images et maquillage, d’activité physique, d’initiation numérique, d’olfactothérapie… « Un panel conséquent d’activités, construit par Auréa, souligne Corinne Lachaud ; loin des activités occupationnelles, nous sommes sur de véritables découvertes, avec une vraie plus-value.

C’est vrai, ajoute Auréa, nous avons beaucoup de chance. J’ai été à la rencontre des professionnels, toujours en accord avec ce que voulaient les visiteurs du tiers-lieu, (résidents, habitants, salariés)des professionnels locaux en circuit court, passionnés et passionnants. Une réelle mixité durant les ateliers, exprimée par Corinne Lachaud. Je suis venue à l’atelier chocolat en m’inscrivant sans me faire connaître. C’était extraordinaire. Il n’y avait plus de jeunes, de vieux, d’habitants, de résidents. On était juste ensemble, dans le partage et l’entraide.

« Au-delà de la volonté de redonner leur place, leur citoyenneté aux résidents, il y a, insiste Auréa, la volonté de leur permettre de laisser une trace ».

Une démarche qui prend tout son sens, notamment avec la pièce de théâtre en train de se créer, avec l’appui de la compagnie N’a qu’un œil, mais aussi les rencontres avec les enfants de l’école des Romains, lors d’événements comme Carnaval, Noël ; les visites de grands-parents avec leurs petits-enfants pendant les vacances scolaires. Également tous les trimestres, la sortie à l’Artothèque de Trélissac, durant laquelle les personnes choisissent les œuvres d’art qui décoreront le tiers-lieu.

Dans les projets à venir, l’idée d’un marché de Noël fait son chemin ; en collaboration avec le café boutique de l’association Phœnix, ce serait l’occasion de proposer aux intervenants un petit marché, avec les créations réalisées lors des ateliers. Un temps fort pour amener doucement les familles à partager des moments différents. Il est question également de la mise en place de distribution de paniers de producteurs de proximité, à destination des salariés de l’hôpital, afin de créer de nouvelles habitudes, notamment et surtout celle de fréquenter le tiers-lieu.

Enfin, les résidents ont à plusieurs reprises demandé l’installation d’un billard et d’un baby-foot. Avis donc à nos lecteurs et lectrices qui en possèderaient et voudraient le mettre à disposition.

Cette belle énergie à l’œuvre au Tiers-lieu Ehpad fait déjà des émules. La ville de Périgueux a entrepris la rénovation d’un bâtiment, à proximité de la résidence autonomie Wilson, pour en faire un tiers-lieu à destination des séniors.

Une dynamique partenariale forte

Premier tiers-lieu de ce genre à ouvrir en Nouvelle-Aquitaine, le Tiers-lieu Ehpad du Centre hospitalier de Périgueux a été l’un des 25 lauréats (sur 350 projets à l’échelon national), d’un appel à projet lancé en 2021 par la Caisse Nationale de Solidarité Autonomie (CNSA).

« Une dotation de 150 000 €, souligne Corinne Lachaud, cheffe de projet du Centre ressources Ehpad, comme crédits d’amorçage, pour créer le site, le mettre en lumière et recruter un professionnel dédié. » En l’occurrence, Auréa Peytoureau-Prince, coordinatrice du tiers-lieu.

« Dès le départ, ajoute Corinne Lachaud, nous avons eu une belle mobilisation des partenaires, CARSAT, Grand Périgueux, Villes de Périgueux et de Trélissac, la Région Nouvelle-Aquitaine, le département, Cassiopéa, Smartrézo, l’association des Petits frères des pauvres, et le groupe Malakoff Humanis. »