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Préserver la mémoire industrielle locale

PATRIMOINE INDUSTRIEL. Avec ses 1900 km², le territoire du Parc Naturel Régional Périgord Limousin (PNRPL) recèle de richesses naturelles et culturelles. Il est aussi un témoin privilégié de l’histoire économique et industrielle de ses campagnes. C’est à ce titre qu’il publie aux éditions du Festin, une sélection d’une trentaine de sites industriels, issus de l’important travail d’inventaire réalisé ces quatre dernières années.

Accompagné par Jean-François Vignaud, membre de l’Institut d’études occitanes du Limousin, de Philippe Rivière, photographe, et de Jérôme Decoux, chargé d’études du patrimoine industriel de la région Nouvelle Aquitaine, Florian Grollimund, chargé de mission inventaire du patrimoine du PNRPL, a sillonné durant trois ans les routes et les 74 commune du PNRPL.

Un foisonnement du patrimoine industriel local

Une étude des cadastres et des archives a permis de pointer les industries présentes sur le territoire : beaucoup de moulins, de forges, des tuileries, des carrières (lire l’article « La ruée vers l’or blanc de Marcognac »), des entreprises d’exploitation forestière. Les visites sur place ont permis de découvrir un patrimoine industriel riche, constitué de sites toujours en activité, d’autres valorisés mais aussi parfois en ruine.

De belles découvertes, pas toujours faciles à approcher, ne facilitant guère le travail du photographe, telle cette ancienne exploitation de pierres à bâtir, sous le Plateau d’Argentine, soit quatre hectares de galeries souterraines profondes. Mais aussi des pépites comme un haut-fourneau du côté de Javerlhac, avec photos et plans d’époque. Un site industriel sur lequel travaillaient quelques 300 personnes du temps de son activité.

©C.Ribeyreix

Une histoire industrielle ancienne

Près de 1000 km de rivières et de ruisseaux favorisent dès le Moyen-Âge l’édification de nombreux moulins. La seconde richesse provenant d’une zone de gisements métallurgiques permettant la production du métal. Une région fortement industrialisée, les villes ne servant qu’à la commercialisation. Le plus gros du travail : les opérations les plus salissantes, fatigantes, les moins bien payées s’effectuent à la campagne.

Cette industrie en milieu rural contribue à la création d’un binôme : l’ouvrier- paysan qui subsistera jusque dans les années 80 sur le territoire du Parc. Les parcelles agricoles des propriétaires n’étant pas suffisantes pour faire vivre les familles, le paysan ne pouvant partir à la ville, propose ses services à des patrons attirés par cette main-d’œuvre cinq fois moins chère qu’à Limoges.

Au XIXe siècle, avec le charbon, la contrainte de la rivière disparaît. L’avènement du chemin de fer permettant d’acheminer des quantités plus importantes, provoque le départ de l’industrie vers les villes, et avec lui un exode rural de près de 60 000 personnes. Néanmoins le système ouvriers-paysan y a survécu plus longtemps que dans d’autres régions. Face à la désindustrialisation survenue en France, avec son cortège de pertes d’emplois, la création du parc en 1998 apporte une réponse à cette double crise.

Cet ouvrage est l’occasion de découvrir l’abondance et la diversité de sites industriels mais aussi de traditions ouvrières singulières.