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La ruée vers l’or blanc

©C.Ribeyreix
PATRIMOINE INDUSTRIEL. Aux confins du Périgord vert, sur les terres de Saint-Yrieix-la-Perche, ville-porte du Parc naturel Périgord Limousin (PNRPL) il est possible de visiter le seul monument historique français classé en architecture industrielle depuis 2002. Témoins d’une forte activité industrielle d’extraction du kaolin, des bâtiments d’époque subsistent dans un cadre verdoyant. De quoi concilier nature et histoire pour les petits comme pour les plus grands.

Ingrédient essentiel dans la fabrication de la porcelaine, le kaolin lui apporte sa dureté, sa transparence et son imperméabilité. Durant des siècles, la Chine a été le seul pays au monde à en posséder. Sa porcelaine exerce à cet égard, une fascination sans pareille sur les Européens et tout particulièrement les Français, qui rêvent de parvenir à en fabriquer avec une telle perfection. D’autant que l’importation de cette vaisselle précieuse a un coût important. Même si la France possède dès 1722 la recette de la pâte à porcelaine dure, grâce à François-Xavier d’Entrecolles, prêtre jésuite missionnaire en Chine, qui a espionné et réuni toutes les étapes de fabrication, le problème reste entier. Il n’y a pas de gisements de kaolin en France.

Découverte inattendue d’une roche de kaolin à Saint-Yrieix-la-Perche

Explications par Catherine Demontpion, présidente de l’association « Marcognac, terre de porcelaine ».

Un filon particulièrement exceptionnel

Turgot, l’intendant du Limousin prend conscience des richesses du sous-sol, d’autant que le Limousin est à l’époque une région très pauvre et que cela constitue une opportunité sans précédent. La première manufacture est ainsi créée à Limoges en 1774.

Dans le prolongement, près de cent manufactures voient le jour en Limousin. Le marquis de Bonneval, propriétaire du château du même nom, possédant sa propre manufacture fabrique des pièces tellement belles qu’il fait de l’ombre à Paris. On lui propose alors un titre de noblesse supérieur, afin qu’il cesse son activité. La petite histoire raconte qu’il aurait opposé une fin de non recevoir à l’émissaire du roi, répondant : « qu’il préférait fabriquer des assiettes en Limousin que des plats à la cour ».

Les débuts de la fabrication industrielle

Explications par Catherine Demontpion, présidente de l’association « Marcognac, terre de porcelaine ».

Les conditions de travail dans les carrières de kaolin

Les carrières de kaolin sont à ciel ouvert. L’exploitation se fait exclusivement manuellement. Tout ce qui est extrait est préalablement nettoyé sur le site afin d’enlever la terre. On procède ensuite à un tamisage minutieux au rez-de-chaussée du bâtiment à proximité de la carrière. Il faut qu’il soit complètement sec afin de pouvoir le broyer dans les moulins.

Les hommes dans les carrières cassent la paroi et le kaolin récupéré est déposé dans des paniers sur la tête des femmes qui le remontent. Elles vont alors casser la roche en de plus petits morceaux, lesquels sont déposés sur claies placées à l’étage pour sécher dans le comble ouvert.

Les roches sont ensuite broyées dans les moulins. De nombreux moulins à farine dans la région ont ainsi été transformés et dotés de meules plus dures, afin de pouvoir broyer la roche et fabriquer la pâte à porcelaine.

Une mémoire vivante grâce à l’association Marcognac, terre de porcelaine

Les bâtiments techniques et agricoles sont dans leur état d’origine lorsque l’activité d’extraction s’arrête en 1987.

Un groupe de passionnés s’engage alors pour assurer la conservation de la mémoire ouvrière et architecturale des anciennes carrières de Marcognac, en rassemblant toute la documentation et assurant l’entretien des espaces. Tout cet investissement conduit en 2002 à l’obtention de la protection au titre des Monuments historiques. Depuis, l’association « Marcognac, terre de porcelaine » ainsi que la Communauté de communes du pays de Saint-Yrieix-la-Perche entretiennent et valorisent le site grâce à des manifestations et des visites tout au long de l’année.

Pour aller plus loin : Le Parc Naturel Régional Périgord Limousin a publié dans la collection Visages du patrimoine, un florilège de sites industriels à découvrir, dont les anciennes carrières de Marcognac. PNRPL – PATRIMOINE INDUSTRIEL ET ARTISANAL.

L’association Marcognac, terre de porcelaine