Accueil BIEN ailleurs Perruquière : aux racines d’un talent

Perruquière : aux racines d’un talent

© Dorothée Soual Perruquière
CHEVEUX. Dorothée Soual change le look des acteurs et aide des personnes atteintes d’alopécie à se trouver belles.

Dorothée Soual a grandi dans le salon de coiffure de sa maman, Martine, qui a créé en 1973 Cile Coiffure, rue Victor-Hugo à Périgueux. Après son bac Arts Plastiques passé à Laure-Gatet et un CAP Coiffure à Bordeaux, Dorothée aurait pu prendre la relève sauf que le métier de coiffeuse ne l’a jamais fait rêver. Toute petite, sa passion était de fabriquer des objets, des bijoux, des vêtements, etc. Dans un magazine pour les coiffeurs, elle découvre une école de perruques à Rouen. Elle s’inscrit et trouve un stage en alternance à Paris chez MTL Perruques. Très vite, elle arrête l’école car elle obtient un CDI. « C’est dans cet atelier que j’ai tout appris et que j’ai participé pour la première fois à un court-métrage. Je ne remercierai jamais assez la directrice, aujourd’hui décédée, qui m’a fait confiance ».

Au bout de quatre ans et demi elle décide d’écrire son propre scénario de perruquière et des clients la suivent. Il faut dire que Dorothée a un caractère bien trempé et qu’elle est très déterminée dans tout ce qu’elle entreprend. Même si parfois être chef d’entreprise lui pèse, notamment sur le plan administratif et la course après le temps, elle ne regrette en rien son choix.

Une conception en plusieurs étapes

Son créneau : créer des perruques et des postiches exclusivement pour le cinéma, la télévision et le théâtre. « Je fais très peu de perruques d’époque. Je travaille plus à la demande du réalisateur pour le changement de look de l’acteur. C’est en général le chef coiffeur qui choisit le perruquier et le chef maquilleur pour le postiche. C’est un travail d’équipe. »

Tout se joue dans son atelier, rue de Belleville, à Paris. Les perruques et les postiches sont fabriqués de façon artisanale à partir de cheveux naturels, achetés à 95 % en France. Les cheveux se vendent au gramme ou au kilo, les prix varient suivant la longueur et la qualité. Son dernier achat : 35 kilos de cheveux, de toutes les teintes, à l’association Solidhair qui aide les personnes atteintes d’un cancer ou de pelade à financer une prothèse de qualité.

© Dorothée Soual Perruquière

Il faut en moyenne trois semaines pour fabriquer une perruque. Ce travail, très technique et minutieux, consiste à la prise d’empreinte, au moulage sur une tête en plastique, à la fabrication du galbe, au dessin de l’implantation, au choix du cheveu par le coiffeur, à la fabrication, aux essais et à la finition. Les cheveux sont implantés sur du tissu tulle, à la main, avec un crochet très fin : « Une belle perruque est une perruque qui n’existe pas », se plaît à dire Dorothée. Ses tiroirs sont remplis de perruques, très souvent louées, qui servent pour les figurants, les seconds rôles et les cascadeurs.

Des têtes très connues

Dorothée a travaillé dernièrement pour le film L’amour Ouf de Gilles Lellouche. Elle a réalisé des perruques ou postiches pour Vincent Lacoste, Anaïs Demoustier, Isabelle Adjani, Clara Luciani, Lambert Wilson, Gérard Darmon, Thierry Lhermitte et bien d’autres. « Ma mère va voir tous les films auxquels je participe et elle adore quand mon nom apparaît au générique. Moi je m’en moque, d’ailleurs je n’y figure pas toujours. J’assiste parfois aux projections réservées à l’équipe de tournage mais comme je ne suis jamais sur le plateau, on peut m’oublier. »

Dorothée consacre son peu de temps libre aux voyages : « Je ne peux réellement couper de mon quotidien qu’à l’étranger mais je vais de temps en temps à Périgueux, notamment pour Noël. Et maman vient régulièrement chez moi depuis qu’elle est à la retraite car elle adore Paris ». Le métier d’art de Dorothée est une véritable niche car, en France, il existe très peu d’entreprises artisanales qui fabriquent des perruques et des postiches pour le cinéma.

Des perruques à vocation médicale

À côté du challenge technique des perruques pour le cinéma, Dorothée s’est lancée un autre challenge, plus émotionnel et plus humain : aider des personnes atteintes d’alopécie chronique — avec perte partielle ou totale de cheveux — à se trouver belles. L’histoire commence par une rencontre dans un espace détente de son atelier et par une mise en confiance : « Avec les années, j’ai acquis plus de maturité et d’expérience. Même si je suis restée cash et franche, je suis bien en phase avec mes clientes qui, souvent, me ressemblent ». Les perruques ou les toppers cheveux coûtent assez chers mais Dorothée fait en sorte de les réaliser de façon économique et durable dans le temps. D’ailleurs, certaines personnes qu’elle suit depuis des années sont même devenues des amies…