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Périgueux. Le jardin Human & Sens du maître jardinier Franck Serra recréé à l’espace François Mitterrand.

Jardin Périgord
Franck SERRA, maître jardinier 2021-2023 ©BEP
ENTREPRISE. JARDIN. De retour de Paris, où il a obtenu le Grand prix de la création paysagère lors du salon Jardins-Jardin aux Tuileries, Franck Serra vient de reconstituer, avec l’aide des équipes du département dans le parc de l’espace culturel, son jardin Human & Sens, lauréat du Carré des jardiniers au salon Paysalia à Lyon en novembre 2021. Une belle récompense pour le maître jardinier qui a effectué son BTS en alternance au Pôle paysager, espaces verts du Conseil départemental de la Dordogne.

Cette reconstitution, qui sera inaugurée par le président Germinal Peiro le 29 juin est l’occasion de s’arrêter sur la trajectoire professionnelle couronnée de succès d’un chef d’entreprise qui n’a pas la grosse tête.

Human & Sens, messager du Périgord

Dans la conception et la création de jardins, et tout particulièrement pour Human & Sens, Franck ne perd jamais de vue son objectif principal ; affirmer une identité forte en utilisant des matières de notre territoire, avant d’aller les chercher ailleurs. Human & Sens demeurera le messager de notre territoire, par la valorisation de la filière bois locale, omniprésente, à la fois dans la structuration de la canopée, de la table nourricière et des cocons de relaxation. Dans sa volonté de toucher tous les publics, Franck Serra a pu compter sur les élèves de l’école du Lys, qui ont participé à la plantation du potager et à celle de la table nourricière. Une découverte inédite pour certains d’entre eux.

Fée Demoiselle : un jardin d’antan remis à l’honneur

Grand prix de la création paysagère, le jardin Fée Demoiselle, en partenariat avec le champagne Demoiselle Vranken, s’appuie sur la ressource en eau, « un sujet majeur, insiste Franck Serra, qui nous amène à réfléchir différemment ». S’inspirant des jardins de nos grands-parents qui avaient de bonnes pratiques simples, on retrouve une cabane avec des tôles, récupérant les eaux de pluie afin de les amener vers une mare. Cette eau tombée du ciel sera réemployée en circuit court et sans traitement, au profit des plantes ou des légumes en devenir. Un clin d’œil à sa grand-mère pour laquelle l’eau constituait une ressource précieuse.

Créer le jardin avec la nature et non contre elle

Dans sa démarche de création de la Fée Demoiselle, le maître jardinier a souhaité recourir à des matières simples, comme le châtaignier brut, issu de sa forêt et utilisé sur les pontons traversant la mare. L’idée étant d’intégrer le jardin dans la nature sans la dégrader.

« Un jardin n’est pas aseptisé, affirme Franck Serra, il est vivant, il vieillit, il se patine. On se doit d’accepter les plantes spontanées comme elles arrivent au lieu de lutter contre elles. Il nous faut essayer de faire avec, et le sentiment de propreté doit évoluer de ce point de vue ».

Un espace poétique

« C’est un jardin poétique, précise Franck Serra, car on est dans un jardin immersif, comme dans un cocon, pas pollué de l’extérieur, mais pas non plus totalement fermé, puisque dégagé sur une façade pour donner envie d’y pénétrer. » Un pari réussi, même si le passage sur les pontons, constitués de rondins de différents diamètres pouvait être inconfortable, il n’a pas dissuadé les visiteurs, sollicitant ainsi leur sens de l’observation. Vivaces, végétaux champêtres, chênes, charmes, cornouillers, fusains de bois, composent une mise en scène harmonieuse, où les camaïeus couleur champagne suscitent l’émotion.

Faire rayonner le métier en allant vers les jeunes

Fidèle à ses engagements et en dépit d’un emploi du temps très chargé, Franck Serra a été à la rencontre des jeunes dans les écoles locales, notamment à Monbazillac, ou en dehors du département à l’école du Paysage à Lyon. Il est également présent pour les Olympiades des métiers, dont il a dessiné le projet et il essaie également d’être actif sur les phases nationales. Il est en outre particulièrement fier du jardin réalisé à Chaumont, « un jardin créé avec les apprentis, explique-t-il, un chantier formation pour la profession et soutenu par elle, qui met en lumière l’apprentissage et les redirections professionnelles ».

Une filière paysage en mutation

S’il y a eu un engouement pour le jardin avec le confinement, cela se tasse un peu désormais, même si l’on constate une progression régulière du nombre d’actifs par rapport aux années avant le Covid, et

« un attrait toujours important pour l’univers du jardin, considéré, souligne Franck, comme la cinquième pièce de vie de la maison ». Une tendance qui se confirme d’un extérieur plus travaillé, agréable, au même titre qu’une salle à manger ou une cuisine.

« En ce qui concerne la place de la nature et du paysage dans la ville, reprend le maître jardinier, cela devient un automatisme d’installer des aménagements, comme les îlots de fraîcheur ou de travailler sur la perméabilité des sols. »

Calme et repos au programme

Même si la mission d’ambassadeur des jardiniers se terminera fin 2023, Franck continuera d’être jury au Carré des jardiniers, car insiste-t-il, « je veux redonner ce que l’on m’a donné, par la critique constructive qui permet d’avancer, et que j’accueille toujours aujourd’hui de la part de confrères ou de clients ».

Quant aux projets ? Franck Serra a trouvé, pour quelques temps du moins, ses limites ! L’idée étant désormais de prendre du temps, pour faire retomber une pression intense depuis près de trois ans, et stabiliser l’effectif de son entreprise.

Il s’agira pour lui également de faire une pause bien méritée avec sa compagne Alexandra, avec laquelle il se mariera très prochainement, et de profiter de ses deux fils Enzo et Lucas, déjà passionnés de jardin.