Accueil BIEN naturel Périgord : vers un territoire organique

Périgord : vers un territoire organique

Le 1er février dernier, une rencontre départementale était organisée à Montpon à l’initiative du Réseau Compost Citoyen Nouvelle-Aquitaine (RCCNA), de l’Attache Rapide, du SMD3 et de l’Association pour les Enfants du Pays de Beleyme. Son objectif : fédérer et activer la coopération entre les différents acteurs de la Prévention et Gestion de Proximité des biodéchets.

Autrement dit, il s’agit de relier celles et ceux qui œuvrent au retour vital de la matière organique à la terre dont elle est issue, au lieu d’alourdir inutilement nos poubelles. Et trouver des solutions à l’échelle départementale pour les professionnels du tourisme et de l’agriculture notamment.

« La Dordogne a, la première, mis en place un tri très sélectif en France dès 2012, elle veut maintenant s’impliquer comme territoire organique », apprécie Julie Rousinaud, animatrice du RCCNA.

 

De l’ordre…

La matière organique est la matière fabriquée par les êtres vivants : végétaux, animaux, champignons et autres décomposeurs dont les micro-organismes. Dans nos foyers, elle est principalement constituée de nos restes de cuisine et de table et en bonus cette année, de nombreux cadavres de punaises. Avant de l’épandre au sol, il faut collecter cette matière puis la composter, soit individuellement, soit collectivement. Tout cela nécessite des composteurs ou des aires de compostage, du broyat en quantité suffisante pour le bon déroulé du processus, des moyens de transport, la transmission de savoirs et d’informations, etc, c’est-à-dire les activités actuelles ou à venir déployées par la centaine de participants présents, dont des élus soucieux de comprendre les enjeux et découvrir les solutions.

… et de la méthode

Les ateliers de rencontre par secteur géographique
©BEP

Plusieurs retours d’expérience ont rythmé la journée. L’association Compost’Age est venue parler de l’émergence actuelle d’un territoire organique sur les secteurs du Grand Poitiers et de la Rochelle, la SCIC Au Ras du Sol de l’installation de composteurs collectifs sur la commune de Sainte-Foy-la-Grande et le SMICVAL (syndicat de traitement de déchets du Libournais et du Blayais), de son approche comportementale scientifique de l’épineux problème des déchets et du coût de leur traitement. L’après-midi, des ateliers ont alterné rencontres par zones géographiques, présentations de projets de coopérations existants et découverte pratique de sites de compostage dans un EHPAD et aux Jardins du Cœur.

L’ensemble a permis une approche pragmatique : le premier travail est le diagnostic des besoins et le référencement des acteurs de terrain puis il faut trouver les agents de collecte et les lieux de valorisation afin de structurer l’organisation du territoire.

Par ailleurs, « changer de vocabulaire en passant de déchets à ressources par exemple, est un moyen de changer la norme. Cela permet de donner un autre sens à ces actions écologiques sachant que le temps de sensibilisation est long », témoigne Eva Vicente, chargée de mission matière organique au Smicval.

 

Agriculture et tourisme, soutenir les initiatives

Les pratiques comme les réflexions et tests divers vont bon train pour faciliter la collecte et le compostage pour les commerçants et organiser le retour au sol chez les agriculteurs. D’où la présence d’Agrobio Périgord, impliquée dans la coordination des acteurs et l’analyse scientifique du compost afin d’obtenir la qualité optimale suivant les cultures. « On a fait beaucoup de progrès dans ce secteur quand on sait qu’il y a 50 ans, on broyait des pneus usagés pour l’aération du tas de compost… Il faut maintenant s’occuper de coordination tout en restant à échelle humaine afin que les gens s’impliquent », explique Florian Bassini, technicien conseil en agronomie et approche systémique.

 

Des retours d’expériences concrets
©BEP

Dans le secteur du tourisme, l’Interfilière Tourisme Durable en Nouvelle-Aquitaine apportera son soutien à 100 professionnels en 2024 : sensibilisation à la lutte contre le gaspillage alimentaire, étude de faisabilité avec diagnostic de la production de déchets, accompagnement pour la mise en œuvre des préconisations, formation et aide à l’investissement avant une restitution collective, seront pris en charge à 60 %.

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Tisser la trame

Mise en place pour la deuxième fois sous cette forme, la co-organisation de cette journée de rencontres rejoint le témoignage de FabCoop pour qui « la coopération se construit dans la durée. Elle ne se décrète pas, elle se vit et il est nécessaire pour cela de créer les conditions d’implication des acteurs. » La prochaine édition dans deux ans ou un peu moins, sera l’occasion de mesurer les avancées, les liens tissés et d’améliorer encore notre aptitude à renouer avec le cycle naturel de la matière organique. Pour les générations futures…

 

Myriam POUPARD

D’autres sites :

Association pour les Enfants du Pays de Beleyme : https://www.beleymenature.org/

L’Attache Rapide : https://lattacherapide.fr/