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Culture et médico-social, un engagement gagnant-gagnant

Culture.médico-social. Dans le cadre du parcours culture et médico-social Tandem, proposé par l’Agence culturelle départementale Dordogne-Périgord (ACDDP) aux établissements médicaux sociaux périgourdins, La Maison d’accueil spécialisée Héliodore et l'Etablissement pour enfants et adolescents polyhandicapés Calypso ont reçu à plusieurs reprises la Cie Les Ouvreurs de Possibles autour d’un projet chorégraphique ; des portraits dansés et filmés des résidents et des professionnels. Une véritable mosaïque humaine qui a suscité beaucoup d’émotion lors de la restitution en présence des familles et des personnels.

Le projet Portraits engagés a nécessité une trentaine d’heures réparties autour de la préparation en amont et d’ateliers destinés à la fois aux résidents et aux professionnels. Chacun des dix participants a ainsi déposé un geste et une parole engagée devant la caméra autour d’une question centrale ; comment prenez-vous soin de vous et de ceux qui vous entourent ?

Une performance empreinte de complicité et de bienveillance

Les commentaires sont unanimes à l’issue de la projection. Les familles savourent encore le moment fort qu’elles viennent de vivre en découvrant les portraits de leurs enfants. Polyhandicapés souffrant de troubles cérébraux associés à des troubles moteurs ou sensoriels, ces derniers sont dans des situations de grande dépendance, qui rendent leur performance tout particulièrement encourageante et source de joie pour leurs parents.

« J’ai ressenti quelque chose de très fort, que ce soit la relation avec les professionnels ou la joie de vivre de nos enfants. C’était très émouvant, confie Muriel la maman de Maeva ». Une émotion intense partagée par Fabrice et Katia les parents de Kerouan. « Nous avons trouvé ce projet vraiment formidable. Ils étaient tous complices avec de la joie dans leurs regards ».

Confessant son émotion, Brice Demaret, chef de service de l’EEAP Calypso semble très satisfait  « Je trouve formidable de pouvoir accompagner un projet comme celui-là et d’être émerveillé de ce qui se joue, tout particulièrement le lien entre les professionnels et les résidents ».

Pour Cécile Pillot directrice de l’établissement, le défi a été relevé. « Je suis ravie de voir les sourires sur les visages des résidents et cette complicité avec les artistes, avec les professionnels qui se sont pleinement engagés, dévoilés. C’est aussi le plaisir de penser que la culture arrive dans nos établissements et que des personnes en situation de handicap important peuvent aussi y accéder ».

Une réussite s’inscrivant dans une dynamique de coopération entre l’établissement, les artistes et l’Agence culturelle qui coordonne et accompagne le dispositif ; une démarche nécessitant l’investissement et le soutien des directions d’établissement. Un soutien particulièrement concret à la MAS Héliodore et à l’EEAP Calypso, qui a permis d’aller encore plus loin en favorisant une implication des professionnels aussi importante que celle des résidents.

©BEP

La création artistique au cœur d’une autre relation soignants-résidents

Ce cheminement qu’effectuent ensemble artistes, résidents et professionnels, transforme progressivement la relation à l’autre. Les soignants lâchent prise, tombent la blouse et font projet au même titre que les résidents et les artistes, nourrissant une complicité renouvelée. Cette évolution particulièrement révélatrice lors de la projection, était déjà perceptible à mi-parcours.

Les quatre professionnels engagés dans le projet, Aurore, accompagnante éducative et sociale, Maëva, monitrice éducatrice, Sandrine, psychomotricienne et Yannick, aide-soignant, ont été agréablement surpris de découvrir les progrès chez les adolescents et adultes impliqués dans le projet. Un autre regard mutuel s’est ainsi dévoilé doucement.

Devant leurs difficultés motrices quotidiennes, Sandrine et Maeva sont épatées de les voir tout donner, se surpasser, et reproduire des gestes d’une séance à l’autre. Un étonnement partagé par Yannick de les voir évoluer aisément dans un espace ouvert, eux qui sont cloisonnés dans leur quotidien, avec des repères pour tous les endroits difficiles d’accès. Au-delà des progrès identifiés, Maëva a observé une modification dans leur relation. « Je crois qu’ils ont aussi aimé nous trouver dans un autre contact, un autre registre, ça leur a fait du bien ».

Une proximité, un corps-à-corps inhabituel où ils ont une action sur les personnes qui d’ordinaire sont dans une posture d’aidants. « Ils peuvent mener la danse, nous tiennent la main différemment, poursuit Maëva. Nous sommes comme des coéquipiers. Cela change de ce que nous vivons d’habitude ». Un constat enrichi par Sandrine « il y a moins de barrières, mais avec un plus grand respect de part et d’autre ; s’ils sont maladroits, ils ne sont pas intrusifs dans leur façon de faire et sont très attentifs ». Une fenêtre ouverte dans des situations de grande dépendance où les résidents deviennent acteurs et peuvent à leur rythme agir sur leur environnement, leur vie.

Ouvrir le champ des possibles

Traits d’union entre structures de la culture et du médico-social et ancrés sur le territoire de la Dordogne depuis dix ans, ces projets constituent des expérimentations s’intégrant dans des contextes spécifiques, soumis à des tensions et à des problématiques diverses. En mobilisant les acteurs de ces deux secteurs, ils questionnent leurs pratiques respectives, interrogent les institutions dans leur fonctionnement et leur organisation, et, en ce sens peuvent concourir à leur transformation durable.

Engagés dans une démarche de changement, ces professionnels du médico-social et de la culture s’exposent, font ce pas de côté, s’ouvrant pleinement dans la relation à l’autre sans pouvoir anticiper les résultats. Car il n’y a pas de solution clé en main pour ces projets où ce sont les personnes et non plus l’artiste qui sont au cœur de l’action. Il y a un travail en réseau essentiel, mené par l’Agence culturelle avec les établissements, qui contribuent, chemin faisant, à forger dans un espace de créativité une identité humaine collective, respectueuse de l’identité culturelle de chacun.

©BEP

Les établissements médico-sociaux intéressés peuvent contacter Christelle BISSOULET à l’ACDDP : c.bissoulet@culturedordogne.fr ou 05.53.06.40.27