Accueil BIEN naturel Myriam : dix ans, déjà !

Myriam : dix ans, déjà !

La maison de Myriam
©M.Poupard
RETOUR SUR TRAVAUX. Myriam témoigne d’une expérience de construction mais aussi, avec le recul de dix ans de vie commune, d’une véritable osmose avec sa maison.

Myriam a visité l’Ecocentre du Périgord dans les années 2000 et la magie opère en rentrant dans la maison-témoin en paille, en partie circulaire. Elle témoigne : « j’ai de suite ressenti une profonde impression de bien-être et de paix, qui m’a vraiment étonnée. Quand j’ai décidé de ne plus être locataire, je n’ai pas hésité un instant : ce serait une maison en paille et rien d’autre, même si ce type de construction était encore un peu marginal en 2009 ».
Myriam s’est renseignée auprès des Compaillons et a choisi de laisser la majeure partie du gros-œuvre à des professionnels, débutants pour la plupart. « C’était le premier chantier paille de Raphaël Lambret (charpente), Maxime Dionneau et Julien Barré (dalle, paille et enduits chaux-sable). Chacun a fait son chemin, depuis, avec ce matériau : Maxime et Julien, qui œuvrent aussi dans l’habitat traditionnel, préfèrent maintenant protéger les murs en paille avec un bardage en bois. Je tiens à préciser qu’à l’époque, il n’y avait pas de garantie décennale pour ces habitats. »

Le financement de la maison

« Je suis célibataire, ma capacité d’emprunt était donc limitée. Mais je savais pouvoir compter sur ma famille et mes amis, tous avec de grandes compétences manuelles et désireux d’en apprendre de nouvelles. Sans eux, soit je n’aurais pu mener mon projet à bien, soit il aurait fallu le concevoir de façon beaucoup plus modeste. Grâce à ce réseau et de belles rencontres, la récupération et le troc ont fonctionné à plein ! J’ai aussi dû faire des choix : pas d’équipement solaire, pas de récupération d’eaux de pluie autre que des bidons en plastique pour l’arrosage du jardin, pas de menuiseries en bois mais en pvc. Pour avoir une maison 100 % écologique, il faut de l’argent… ou beaucoup de temps afin de chercher et d’attendre toutes les bonnes occasions… les particuliers qui revendent leurs matériaux en surplus à la fin de leurs propres chantiers, par exemple. » Le chantier aura duré deux ans avant que Myriam n’emménage, c’est la durée moyenne en autoconstruction partielle.

Le vécu

On dit qu’il faut faire trois projets de maison avant d’être au point : qu’en pense Myriam? « C’est vrai que je ferais certaines choses différemment, avec le recul. Un point en particulier, propre à ce matériau : quand la paille est recouverte d’enduits, on ne peut rien fixer sur les murs. Comme la charpente est apparente à l’intérieur, c’est là que je fixe les anneaux pour accrocher mes tableaux ou autres éléments décoratifs. Mais à l’extérieur, je n’ai pas pu installer de volets car je n’ai pas prévu les chevrons dans l’enduit pour le faire. Rideaux isolants dans la maison et volets roulants extérieurs pour les deux baies vitrées pallient cet oubli. »
Mis à part l’isolation, quels sont les bienfaits de la paille ? « En premier lieu, je dirais les arrondis des encadrements d’ouvertures. Cette rondeur, je crois que c’est elle qui amène ce côté apaisant, cette douceur. Le deuxième point fort vient de la finition intérieure des enduits en terre-paille. J’aime la musique et d’un point de vue acoustique, là-encore je parlerais de rondeur pour le son. On peut pousser un peu la sono ou être nombreux dans la maison, on a moins de chance de finir avec un mal de tête. Enfin, j’ai été confrontée à une forte humidité dans les maisons que je louais, je n’en pouvais ni n’en voulais plus ! La terre a cette qualité de réguler l’hygrométrie dans la maison et c’est un bonheur sans nom pour moi », ajoute Myriam, intarissable sur le sujet.
Dix ans après, Myriam est très heureuse dans sa maison et ne regrette absolument pas son choix. Elle ne peut qu’encourager un maximum de personnes à sauter le pas vers ce bien-être personnel tout en limitant son impact sur la planète.

Myriam Poupard et Marylin Bernet

 

À suivre, les différentes techniques 

Quelques éléments sur cette réalisation.

Emprunt : 86 000 € (dont 20 000 € pour l’achat du terrain de 2 000 m²), mensualités de 400 € sur 25 ans. Myriam estime qu’avec ce qu’elle a ajouté au fil du temps, le coût total est de 100 000 € (avec beaucoup de récupération et d’achats d’occasion).
Surface : 80 m² habitables.
Travail réalisé par des professionnels : terrassement, charpente, dalle, murs en paille, enduits chaux-sable, installation des menuiseries, plomberie, électricité, étude pour la phyto-épuration.
Autoconstruction : fondations, pose de l’isolation sous toiture, enduits terre, phyto-épuration, toilettes sèches, pose des cloisons, carrelages des pièces d’eau, sols (carreaux de terre cuite et planchers).