
« Joséphine Baker rêvait d’un monde où les différences unissent au lieu de diviser. Elle a fait de sa vie un combat pour la liberté, mais aussi un véritable hymne à la fraternité en créant sa famille arc-en-ciel.» Sophia Aram, marraine du festival Joséphine Baker Licra 2025, a su résumer l’esprit ce troisième festival Joséphine Baker qui se tenait les 28 et 29 juin, pour la première fois autour du château des Milandes (les deux précédentes éditions avaient été organisées autour de son ancien cabaret au bord de la rivière).
La propriétaire du château musée des Milandes, Angélique de Labarre de Saint-Exupéry était fière de pouvoir accueillir le festival chez Joséphine Baker, dont l’esprit hante toujours les lieux.

L’humoriste engagée a côtoyé une trentaine d’auteurs venus présenter leurs livres et débattre autour des valeurs d’universalisme défendues par la Licra, la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme dont avait fait partie Joséphine Baker.
L’artiste militante disparue il y a juste 50 ans était bien représentée par sept de ses douze enfants adoptés à travers le monde, constituant sa fameuse “tribu arc-en-ciel”. Marianne, Akio, Luis, Brian, Jean-Claude, Mara et Jeanot ont rappelé les combats de leur maman autour de ce château où ils ont vécu leur enfance jusqu’à leur départ de la Dordogne, en 1969. Bien des souvenirs sont revenus à la surface au fil des discussions et des rencontres avec le public.
Trois livres primés

Cette année, le jury présidé par Angélique de Labarre a décerné trois prix à des livres présentés au festival. Le grand prix est revenu à l’Iranienne Mona Jafarian pour son livre Mon combat (Éditions Stock). Elle était absente pour des raisons de sécurité, étant menacée à cause de ses prises de position pour la laïcité et contre l’islamisme. Le prix lui a été annoncé en visio par son amie journaliste Tristane Banon et par Sophia Aram.
Le prix du jury a été attribué à Cécile Chabaud pour son roman De femme et d’acier (Éditions l’Archipel) relatant les combats réels de la seule femme médecin au front lors de la Première Guerre mondiale. Elle avait aussi écrit en 2022 la biographie de Rachilde homme de lettres (Éditions Écriture), romancière de combat née en Périgord.
Enfin, un troisième prix de l’universalisme a été décerné à Haïm Musicant pour sa biographie de Jean Pierre-Bloch (Éditions Glyphe) homme politique et résistant, notamment en Dordogne, ancien président de la Licra.

La canicule a fortement pesé sur la fréquentation du festival qui a attiré environ 2000 personnes sur les deux jours. Une chaleur extrême qui a marqué les organismes et doit être responsable de la crise cardiaque qui a emporté Laurent Kupferman, l’un des organisateurs, de retour chez lui, à Paris, trois jours après le festival. Il avait 59 ans et on lui devait la formidable campagne qui avait abouti à l’entrée au Panthéon de Joséphine Baker, le 30 novembre 2021.
Joséphine par Angélique

Lors du festival a été présenté en primeur le nouveau livre Merci Joséphine écrit, illustré et édité par Angélique de Labarre. À travers 215 pages, l’autrice raconte sa vie aux côtés de Joséphine, bien avant le rachat du château par sa famille, et le long parcours pour en faire ce beau château musée vivant que l’on connaît désormais. Une histoire de passion que la propriétaire partage plus que jamais avec les enfants adoptifs de Joséphine.
Le lieu contribue à mieux faire connaître les multiples facettes de l’artiste militante et résistante dont l’investissement aux Milandes a contribué au développement de ce coin du Périgord. Depuis que Joséphine est entrée au Panthéon à Paris, devenant l’une des icônes de la République, ce lieu de mémoire illustre de manière très forte la vie, encore méconnue par beaucoup, et les valeurs d’engagement universel de Joséphine Baker pour la fraternité.