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L’eau de pluie revisitée

Philippe et Corinne devant le futur atelier en construction
Philippe et Corinne devant le futur atelier en construction ©Optim'eau
ÉCONOMIE D'EAU. Optim'Eau, domiciliée en Périgord noir, œuvre pour la récupération d'eau de pluie en veillant à la qualité du liquide stocké. L’entreprise se distingue par ses initiatives dans l’innovation écologique.

Optim’eau se démarque du marché existant par la création d’une nouvelle génération de cuve en béton : “la Cuve Bulle®” affiche un poids plume, elle se raccorde vite et facilement.
Si la réglementation en vigueur ne l’autorise pas à installer le produit qu’elle propose à la vente, la société a à cœur d’accompagner ses clients en leur proposant conseil, évaluation des besoins, information sur les principes de fonctionnement, les usages ou la réglementation. Cette conception remarquable made in Périgord est un produit unique au service de tous, auto constructeurs, éco-hameaux, éco-lotissements, collectivités, avec la qualité de l’eau à la clé.
L’équipe composée de Corinne Moreau — Nantaise d’origine et Périgourdine d’adoption — et de Philippe Edme — Carlucien— s’est constituée il y a quinze ans, un 13 février, dans le charmant village de Saint-Amand-de-Coly, au lieu dit « Leymarie ». L’amitié entre Corinne et Philippe, à la genèse de ce projet, s’est scellée lors du piquet de grève de 2004 de l’entreprise sarladaise dans laquelle ils travaillaient alors. Un conflit social qui durera huit mois pour finir en cassation avec une victoire finale couronnant la solidarité des salariés impliqués dans ce combat. Corinne travaillait au service export avec l’Allemagne et Philippe était responsable de production.

Pourquoi l’eau de pluie?

Ils n’y connaissaient rien en matière de récupération d’eau de pluie mais, comme beaucoup, leur mémoire était encore imprégnée des conséquences humaines et écologiques de la canicule de 2003. Une expérience déterminante pour une réelle prise de conscience autour de cet élément indispensable pour le vivant, en écho au projet de loi du moment portant sur l’économie et la préservation de la ressource en eau. « Toutes ces circonstances nous ont conduits à mener une réflexion, nous n’avions plus l’envie de travailler pour un patron et cela nous plaisait de tenter de mettre plus de sens dans un travail au service de l’environnement. Les gens avaient souffert durant cette canicule et nous y étions sensibles. Nous ne possédions rien, nous ne connaissions rien, tout était à débroussailler et on s’est lancés dans l’aventure », précise Corinne.
Durant une année, au rythme de solides journées de travail, l’Espace Economie Emploi de Sarlat fut le cadre de leur transformation et de leurs recherches, leur offrant entre autres, une mise à disposition du matériel nécessaire à leur reconversion. « Nous avons d’abord été revendeurs de cuves belges. Notre expérience sur le terrain a mis rapidement en évidence certaines lacunes. Ces cuves ne correspondaient pas à ce qu’on voulait faire, elles étaient trop fragiles de par leur forme cylindrique et leur poids, avec des problèmes d’étanchéité, et on voulait faire arriver l’eau sur le dessus et pas sur les côtés. Tenant compte des divers paramètres, l’idée de fabriquer notre propre produit s’est imposée », ajoute Corinne.

Un savoir-faire unique en Europe

Afin de pallier les inconvénients de la fabrication belge, réalisée en béton sec, le duo a réfléchi à une fabrication avec un béton fluide et a optimisé le poids de la cuve en partant d’une forme ovoïde, tout en pensant l’équipement pour faciliter le travail de terrassement et l’installation. En 2007, le prototype de la Cuve Bulle® est réalisé et le brevet déposé. L’année suivante, la fabrication est lancée dans le flux de la réglementation sur l’usage de l’eau de pluie (lire encadré).
Sa forme galbée offre une résistante plus importante à la pression du terrain à vide et à celle de l’eau lorsqu’elle est pleine, et elle facilite aussi le nettoyage des sédiments. À volume égal, elle est aussi plus légère que le modèle précédent. Rien n’est laissé au hasard : l’épaisseur des parois en fonction des zones repérées comme plus vulnérables, l’huile végétale de démoulage des cuves ne générant pas d’odeur (certains fabricants industriels utilisent de l’huile de vidange…) ou l’anti remous en fond de cuve. Certes, on peut trouver des cuves sphériques en plastique, mais le béton présente l’avantage de neutraliser le pH de l’eau de pluie, naturellement acide.
Le succès et la longévité d’Optim’Eau tiennent surtout à sa constante recherche d’amélioration et de simplification en se basant sur les observations et les retours des usagers. « Philippe n’est pas ingénieur, mais il est hyper ingénieux. Il fabrique une bonne partie des moules et de l’outillage nécessaires à la fabrication des cuves et tout est pensé pour faciliter la connexion par les plombiers avec un système de kit », s’enthousiasme Corinne, admirative de son collègue.

Une prestation sur-mesure

Leur prestation ne concerne pas seulement la fabrication mais aussi l’étude et le conseil. De nombreux paramètres doivent être pris en compte avant de procéder à l’installation d’un système de récupération des eaux de pluie : la pluviométrie et les périodes de sécheresse du lieu de résidence, les besoins précis (usages extérieurs et/ou intérieurs), la déclivité du terrain, la superficie des toitures, etc. Ils proposent également la vente de consommables (cartouches de filtrage notamment).
Aux cuves déjà existantes de 3500 l, 5000 l et 7000 l, vient de s’ajouter celle de 10000 l. À noter également à leur actif une cuve en béton unique capable de résister hors sol, la proposition de plateau technique pour les raccordements eau de pluie ou eau de ville, des conseils pour éliminer polluants et métaux lourds grâce aux différents filtres en sortie de gouttière, en tête de cuve et dans le domicile.
Corinne et Philippe s’intéressent aussi à la possibilité de faire pivoter la rehausse technique pré-équipée (partie qui se fixe au sommet de la cuve comprenant notamment le préfiltre et les différents raccords) afin d’orienter facilement le raccordement à la maison, quelle que soit la situation de la cuve sur le terrain.

Vers une prise de conscience collective

Si, à leurs débuts, les commandes concernaient plutôt le stockage pour l’arrosage des jardins, ils sont de plus en plus sollicités pour une recherche d’autonomie en eau par des personnes déjà très documentées. Les canicules ne sont effectivement plus exceptionnelles et l’eau reste un besoin vital. À ceci s’ajoute la nécessité de limiter le gaspillage. En France métropolitaine, 1 litre sur 5 est perdu dans le réseau d’adduction du fait de fuites (1 litre sur 2 dans certains D.O.M.). Une commission d’enquête parlementaire est d’ailleurs lancée sur ce sujet en 2021.
La prise de conscience s’amplifie et, bonne nouvelle, des solutions existent. Optim’Eau, petite mais non moins remarquable entreprise périgourdine, fait partie de ceux qui en proposent. Elle reçoit des commandes de tout l’hexagone, une source d’inspiration pour tous ceux qui souhaitent œuvrer au service d’un monde meilleur. Partie bien visible du développement de l’entreprise : elle aura bientôt un nouvel atelier plus adapté à la fabrication, sur la commune de Marcillac-Saint-Quentin, pour mieux répondre à une production de annuelle de 40 à 50 cuves.

Myriam Poupard et Maryline Bernet

Réglementation

Elle est définie par l’arrêté du 21 août 2008 relatif à la récupération de l’eau de pluie et à son usage à l’intérieur et à l’extérieur des bâtiments. Dans le cadre de cet arrêté, les seuls usages autorisés sont :

  • Usages extérieurs (arrosage, lavage des véhicules, etc.)
  • Alimentation des chasses d’eau de WC et lavage des sols
  • À titre expérimental, lavage du linge, sous réserve d’un traitement adapté de l’eau de pluie
  • Usages professionnels et industriels, à l’exception de ceux requérant l’usage d’une eau potable.

Les usages interdits de l’eau de pluie sont notamment : la boisson, la préparation des aliments, le lavage de la vaisselle et l’hygiène corporelle.
L’eau de pluie doit être collectée à l’aval de toitures inaccessibles (sauf pour leur entretien et leur maintenance), à l’exclusion des eaux collectées sur d’autres surfaces. Le propriétaire d’une installation dont l’eau de pluie récupérée et utilisée est rejetée au réseau d’assainissement collectif doit effectuer une déclaration en mairie.
L’article 49 de la loi sur l’eau et les milieux aquatiques du 30 décembre 2006 a introduit un crédit d’impôt relatif au coût des équipements de récupération et de traitement de l’eau de pluie.
Extrait tiré de la plaquette “Systèmes d’utilisation de l’eau de pluie dans le bâtiment. Règles et bonnes pratiques à l’attention des installateurs”, éditée par le ministère de l’Environnement.
https://www.demarches.interieur.gouv.fr/particuliers/recuperation-eau-pluie