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L’appétit vient en marchant

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DIÉTÉTIQUE. Une colonne très attentive avance sur la voie verte entre Périgueux et Trélissac, à l'écoute de Mathieu Lemoing : cette assemblée, essentiellement féminine, boit les paroles du diététicien pour apprendre à mieux manger... et bouger.

Les confinements successifs et les caprices de la météo ont malmené les sorties bien-être proposées par Via Santé, mais le temps est enfin à la balade… instructive. Rien à voir avec le suivi personnalisé que met en œuvre Mathieu Lemoing dans son cabinet, mais un même soin à faire comprendre l’intérêt et les bienfaits potentiels de l’alimentation, en alliant plaisir et santé. Cet atelier au grand air est une variation sur le précepte cher à Hippocrate : « Que ton alimentation soit ta première médecine », et le diététicien n’a pas le discours coercitif que peuvent redouter certains. Objectif santé ne rime pas avec privations. Le thérapeute parle plutôt éducation et retour à la simplicité, et surtout au fait maison : il invite à bannir les produits industriels, à détourner le regard des publicités alléchantes et des tentations en tout genre, à ne pas céder à la facilité du vite fait tout prêt ou des « régimes » spectaculaires. « Attention aux calories vides : une compote industrielle vaut deux pommes. » Croquer le fruit donne davantage l’impression de manger… Mieux vaut prendre de bonnes habitudes et les conserver sur le long terme, sachant que cela demande un peu plus de temps au quotidien qu’un dispositif congélateur-micro ondes.

Tour de table

Quand le naturel s’invite dans l’assiette, on réapprend les textures et les saveurs, les goûts juste soulignés et non pas masqués par des ajouts excessifs. Forme et santé sont privilégiées au résultat souvent éphémère du diktat des apparences, ce qui suppose une harmonie entre le corps et l’esprit : quel intérêt d’être mince si on déprime pour y arriver, au prix de trop de frustrations et sacrifices ?

Mathieu Lemoing prône l’équilibre, le juste apport de protéines animales et végétales, et de matières grasses nécessaires à l’absorption des vitamines A,D, E et K. La variété est notre meilleure alliée pour gérer le rapport entre dépenses et attentes de notre organisme, en programmant les portions pour éviter les creux favorisant les « craquages ». Et la culpabilité qui va avec.

S’adapter : la crise sanitaire nous a appris à conjuguer cet impératif, à composer avec les contraintes en trouvant de nouvelles libertés. « Notre société évoluant constamment, nos habitudes alimentaires doivent s’adapter sans pour autant devenir source de stress ou d’angoisse. Inutile de vous priver, adoptez un rythme alimentaire plus simple, basé sur une assiette colorée et vous aiderez ainsi votre organisme à assurer les besoins vitaux sans “stocker” le superflu. »

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Mathieu Lemoing casse les idées reçues : la tranche des 25-45 ans est souvent moins en forme que les séniors, qui prennent plus grand soin de leur alimentation… Des statistiques de 2017 révèlent qu’un actif sur trois est en état d’obésité.

Ne pas oublier de s’hydrater

Santé et plaisir sont indissociables : sauf pathologie, il convient de ne rien s’interdire mais de procéder parfois à des réadaptations alimentaires. Avec des astuces logistiques faciles : prévoir plus de riz et en réserver une partie comme base d’une future salade ou encore, message du diététicien à destination de ceux qui disent n’avoir pas le temps de préparer des légumes, faire revenir des courgettes pendant les 7 mn de cuisson des pâtes qui iront avec, l’alliance légumes et féculents étant un parfait carburant pour notre organisme. Sans oublier d’où viennent les légumes et les fruits : 80 % des résidus de pesticides se concentrent dans la peau de ceux qui ne sont pas bio.

Enfin, sport ou pas, la déshydratation est la première cause de crampe. Mieux vaut boire son litre et demi quotidien sur plusieurs heures que vider sa gourde d’un coup, de petites gorgées garantissant une meilleure absorption (tout comme il est conseillé de manger lentement). « Lorsqu’on a soif, on est déjà déshydraté à 2 % et on a déjà perdu des capacités, de concentration notamment. » La peau, les reins…l’eau est bonne pour tout, et elle désaltère davantage chaude que froide.

Janie, Claudette et les autres participantes se disent ravies de la remise à niveau dont elles ont profité lors de cette promenade, elles apprécient cet espace de rencontre qui permet d’échanger, de partager, et sont prêtes pour la prochaine séance.

 

Assiettes de pro

Diplômé en 2009 de la Haute École de la Province de Liège, Mathieu Lemoing a d’abord travaillé dans un institut hospitalier en Belgique pour approfondir sa formation en oncologie avant de revenir en France et, fort de cette expérience, intégrer l’équipe des soins de supports du service d’oncologie de l’hôpital privé Francheville.

Parmi des exemples de repas, il suggère une assiette végétarienne équilibrée : omelettes aux asperges, salade d’endives et pain de courgettes, ou encore une formule sans gluten : tranche de saumon, riz-haricots verts, fraises. Nos muscles ont besoin de protéines, végétales (légumineuses, céréales, fruits secs, soja, champignons) ou animales, pour bouger. Parce que nous sommes omnivores, ce qu’on nomme désormais « flexitarien », l’idéal consiste à alterner les formules, on peut être un jour végétarien, le lendemain sans gluten sans obligation ni risque. Mieux vaut éviter le « light », déconseillé aux enfants et aux femmes enceintes, ce n’est pas pour rien… Et plutôt que se contraindre dans une consommation, choisir la qualité plus que la quantité, opter pour une « vraie » noix plutôt qu’une pâte omega3. « Quand on se lâche, mieux vaut le faire vraiment, avec plaisir, et oublier. » Et on peut se laisser guider par les nutriscores, de plus en plus nombreux, qui sont un bon début d’apprentissage à la gestion de ses assiettes.