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La nouvelle renaissance d’Hautefort

Un air de château de la Loire égaré © H.C.
Un air de château de la Loire égaré © H.C.
NOUVEAUTÉ. Le célèbre château du Périgord inspiré de Versailles lance un nouveau circuit de visite où se raconte l’histoire des propriétaires et celle d’un terrible incendie.
Des souvenirs de la famille des mécènes David-Weill
Des souvenirs de la famille des mécènes David-Weill © H.C.

Dans la nuit du 30 au 31 août 1968, un énorme incendie détruisit en grande partie le château de Hautefort, un monument emblématique du haut Périgord noir. Il venait d’être patiemment restauré par ses propriétaires, lorsqu’une cigarette mal éteinte dans les combles réduisit en cendres des années d’efforts. Il ne peut renaître que grâce à la ténacité de la baronne de Bastard, née Simone David-Weill, en remuant ciel et terre pour trouver les moyens de sa reconstruction. Cette histoire très médiatisée à l’époque par l’émission Chefs d’œuvre en péril, est désormais racontée par un film dans une salle immersive au cœur d’un nouveau circuit de visite ouvert début mai.

Investissements

Pierre Mordacq préside la fondation qui gère le château
Pierre Mordacq préside la fondation qui gère le château © H.C.

La fondation privée dans laquelle s’est investie la famille du banquier et mécène Michel David-Weill, poursuit l’œuvre de cette femme, disparue en 1999, amoureuse de ce château. Elle est aujourd’hui présidée par Pierre Mordacq, époux d’Agathe David-Weill une nièce de la baronne. Cet entrepreneur français dans les nouvelles technologies qui vit une partie de l’année aux États-Unis, a misé sur son savoir-faire pour relancer l’attractivité de Hautefort. « Nous avons investi 600 000 euros pour ces travaux qui offrent un nouveau circuit de visite au public », explique le président avec une certaine fierté.

Un tableau spolié retrouvé à Neuschwanstein

La chambre de la baronne et ses plumes d'autruche
La chambre de la baronne et ses plumes d’autruche © H.C.

Le château ouvre de nouveaux espaces à la visite pour y raconter avec des techniques multisensorielles l’histoire des familles liées à ces lieux. Des voix issues de bornes interactives accueillent les visiteurs dans les pièces, des hologrammes font vivre des personnages, des odeurs de cire ou de pain en train de cuire donnent de la vie. De nouvelles pièces aménagées évoquent le Marquis de Hautefort, conseiller de Louis XIV, qui fit reconstruire ce château à la manière d’un petit Versailles. Plus loin, les appartements privés de la baronne où vient parfois résider sa famille sont ouverts au public. On y découvre le lit décoré de plumes d’autruches confectionnées par une société spécialisée qui travaille à la fois pour le Crazy Horse et la garde républicaine. Les portraits de famille trônent sur une table.

Au mur, un tableau spolié par les Nazis durant l’Occupation et longtemps installé au château de Neuschwanstein en Bavière, a retrouvé sa place à Hautefort grâce aux recherches de la fondation.

Corps de métiers

Ambiance intimiste dans les nouvelles pièces aménagées-1600
Ambiance intimiste dans les nouvelles pièces aménagées © H.C.

Pierre Mordacq poursuit les volontés d’excellence de la tante de sa femme qui avait fait appel aux meilleurs artisans pour faire renaître le château après le grand incendie. Il est intarissable sur les entreprises de tous les corps de métier qui ont assuré les gros travaux, comme les Compagnons réunis, restauré des meubles ou fourni les rideaux, comme la maison Lasconjarias au Lardin-Saint-Lazare.

De Jean Marais à Ariane Mnouchkine

La fondation a décidé de miser sur son implantation locale. La propriété du château y contribue en fournissant des tonnes de noix transformées en gâteaux et en huile pour la boutique. Les jardiniers ne se contentent plus de tailler les buis en topiaires, ils cultivent aussi des légumes pour le nouveau restaurant ouvert sur la cour d’honneur.

Des hologrammes peuplent les cuisines
Des hologrammes peuplent les cuisines © H.C.

Dans les vastes salles de réception lumineuses, d’immenses bouquets de fleurs accueillent les visiteurs. Ceux qui ne sont pas venus depuis longtemps à Hautefort ne reconnaîtront pas cette visite avec ses nouvelles circulations. Un studio rappelle le nombre impressionnant de films tournés ici, du Capitan avec Jean Marais et Bourvil, au Molière d’Ariane Mnouchkine et à la Mort de Louis XIV avec Jean-Pierre Léaud. Le sous-sol propose désormais la visite des cuisines reconstituées comme au XVIIe siècle, avec des hologrammes pour les animer. Comme le rappelle avec passion Pierre Mordacq, « on a tout fait pour donner une expérience de visite de qualité en tirant vers le haut pour ne pas dénaturer les lieux ». La fréquentation stagne depuis des années autour de 70 000 visiteurs, l’objectif est d’atteindre un jour les 100 000.

Des jardins à la française et à l’anglaise

Les jardins à la française
Les jardins à la française © H.C.

À Hautefort le spectacle est autant à l’extérieur qu’à l’intérieur. Dans les jardins à la française, sur trois hectares où la nature est domestiquée au cordeau, les topiaires de bus taillés à la main, jouent la concurrence avec ceux d’Eyrignac ou de Marqueyssac à quelques kilomètres de là. Dans la partie à l’anglaise, sur 30 hectares de nature décontractée, passé un immense cèdre, la balade s’étire à travers vastes pelouses fleuries et zones boisées.

Dans un Périgord où les châteaux médiévaux et Renaissance sont nombreux, ceux comme Hautefort dits classiques, à la manière des châteaux de la Loire, sont assez rares. Il n’a pas subi les guerres, mais les infortunes de propriétaires passés, le terrible incendie de 1968 et même la dévastation de ses toitures par la grêle en 2013 qui imposa à nouveau plusieurs années de travaux.