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Endométriose. Une prise en charge pluridisciplinaire à Périgueux

GYNÉCOLOGIE. FEMMES. Diagnostiquée après trois longues années de recherches, d’examens et de consultations médicales, Amandine sait enfin de quoi elle est atteinte : une endométriose profonde. La jeune femme va pouvoir bénéficier désormais d’une prise en charge globale et individualisée à l’hôpital privé de Francheville.

Depuis janvier 2022, l’établissement médical a été labellisé pour la prise en charge de l’endométriose en Dordogne, dans le cadre du parcours de soins défini par le ministère de la santé.

Un diagnostic qui gagne en précocité

Amandine éprouve instantanément du soulagement lorsqu’on lui confirme le diagnostic d’endométriose profonde. Les douleurs qui accompagnent son quotidien depuis trois ans ne sont pas d’origine psychologique, comme le lui ont laissé entendre des professionnels de santé, faute de trouver une cause physiologique aux affections dont elle souffre. Si l’endométriose est davantage médiatisée depuis quelques années, le grand public ne connaît pas toujours ses conséquences sur de nombreux organes.

« Quelques mois après mon accouchement, se souvient Amandine, je me suis aperçue que les douleurs lors de mes règles étaient beaucoup plus fortes. J’ai commencé à avoir des problèmes digestifs : digestion compliquée, alternance de diarrhées, de colites, douleurs intenses. Lorsqu’elle se sont amplifiées, j’ai consulté un spécialiste qui suspectait un ulcère ou une colopathie ».

Les investigations et autres examens ne confirmant pas ces hypothèses, le professionnel conclut à une origine anxieuse. « Puis, reprend Amandine, j’ai enchaîné avec des problèmes urinaires : douleurs dans le bas-ventre irradiant dans le dos, envie fréquentes d’uriner ». Autant de symptômes évoquant une infection urinaire ou un problème rénal, qui ne seront pas confirmés, laissant la jeune femme dans un grand désarroi.

« J’en venais à penser tout comme mon entourage proche que c’était dans ma tête ; je me disais que je ne servais à rien, que j’étais surtout un poids pour ma famille ». C’est alors que son médecin traitant, évoque la possibilité qu’il s’agisse d’une endométriose. « Je n’ai pas voulu l’écouter à l’époque. J’avais entendu parler de cette maladie, mais sans savoir qu’elle pouvait être à l’origine d’autant de douleurs ».

Quelques temps après, Amandine effectue des recherches sur Internet et se retrouve complètement dans la description des symptômes. L’I.R.M. qu’elle passe en 2023 confirme qu’elle est atteinte d’une endométriose profonde.

Dr Franck LÉONARD.
©BEP

Même si cela lui a paru très long avant de savoir ce qu’elle avait, Amandine a eu un diagnostic précoce si l’on s’en tient à la moyenne nationale de 7 ans ; un délai qui a reculé au cours des dernières années, selon le Dr Franck Léonard, chirurgien-gynécologue à l’hôpital privé Francheville. « Grâce à la médiatisation, observe-t-il, les patientes consultent plus tôt, obtiennent un diagnostic plus précoce ; elles ont donc moins de risques de développer une endométriose grave, avec des atteintes viscérales et digestives ».

Une prise en charge individualisée et pluridisciplinaire

Maladie gynéco-chronique, l’endométriose touche une femme menstruée sur dix en France ; elle occasionne pour 70 % d’entre elles des douleurs chroniques invalidantes. Issue de la croissance anormale de tissus, elle génère un cortège de douleurs et de symptômes, pouvant être confondus avec ceux d’autres maladies. Elle peut affecter plusieurs organes, vagin, ovaires, trompes, tube digestif, vessie, colon, intestin, rectum. Pour la personne qui en souffre les conséquences sont importantes et délétères, et par ricochet pour son entourage. Déprime, dépression, profonde, fatigue, physique et morale, isolement social, incompréhension de l’entourage professionnel et personnel, problèmes financiers, absentéisme, vie de couple affectée. Un constat confirmé par Amandine.

« Depuis près de trois ans, je ne peux pas avoir de vie professionnelle. Je n’ai pas pu conserver mes deux derniers emplois. Les douleurs sont parfois telles que je ne peux pas rester debout toute une journée. J’aimerais revenir vers mon métier de coiffeuse, mais est-ce que j’en serais capable ? Ma vie professionnelle est actuellement suspendue aux rendez-vous médicaux ; sans compter l’intervention chirurgicale à peut-être envisager à l’issue de mon rendez-vous fin décembre. Sur le plan intime, c’est très compliqué pour mon compagnon et moi, même s’il est très compréhensif. Notre couple en prend un gros coup ».

Parce que l’endométriose affecte toutes les sphères d’une existence : personnelle, intime, sociale, professionnelle, la prise en charge est orientée vers les problématiques les plus importantes pour les patientes.

« En fonction du résultat de la consultation gynéco-spécialisée, précise le Dr Franck Léonard, je présente les dossiers lors d’une réunion de concertation pluridisciplinaire. Nous y évaluons les problèmes majeurs, fertilité, douleurs, et les professionnels connexes pouvant être utiles : psychologue, sexologue, naturopathe, sophrologue, etc ».

Grâce à ce parcours de soins qui évoluera en 2024 pour proposer une prise en charge en hôpital de jour, les patientes périgourdines qui ont une suspicion de diagnostic peuvent obtenir dans des délais raisonnables, un rendez-vous à Périgueux et un accompagnement individualisé.

« L’enjeu étant, poursuit le Dr Léonard, que nous ne soyons pas les premiers à Francheville, à voir les patientes, et que le diagnostic puisse idéalement être fait avant, de façon à ce que quand elles arrivent, nous puissions rapidement les positionner dans le parcours de soins qui leur convient ».

Des traitements prometteurs

« La prise en charge actuelle de l’endométriose, poursuit le Dr Léonard, c’est un diagnostic et une prise en charge médicamenteuse et/ou des alternatives thérapeutiques dans la gestion de la douleur (yoga, ostéo, kiné, acupuncture, sophrologie…) ; avec un prérequis : la limitation au maximum de la chirurgie ». Celle-ci n’est proposée qu’en cas d’échec du traitement hormonal, si la fertilité est en danger, ou lorsque les organes sont trop affectés.

« Nous nous adaptons aux désirs de chaque patiente, à sa situation particulière ; en appliquant la règle selon laquelle on opère le moins possible, car les chirurgies itératives de l’endométriose sont génératrices de complications, souligne le professionnel ».

Certaines techniques nouvelles sont testées avec succès. C’est le cas du Plasmajet, un nouvel appareil de chirurgie pour détruire avec précision les lésions (kystes ovariens et adhérences). Cela permet de conserver des tissus sains, et, en protégeant les ovaires et les ovocytes, de préserver la fertilité.

Lorsqu’il y a une atteinte digestive, le traitement par ultrasons pour dévitaliser les lésions endométriosiques, donne des résultats encourageants. Un traitement mis au point par le Pr Gil Dubernard, de l’hôpital de la Croix-Rousse à Lyon, et réalisé en quelques minutes sous contrôle échographique. Hospitalisées la veille, les patientes ressortent le lendemain de l’acte. À moyen terme, il pourra être envisagé en ambulatoire. Une alternative à l’intervention chirurgicale qui pourrait être proposé à l’horizon 2025 à Périgueux. « Cela fait partie des projets de développement, confirme le Dr Léonard ».

Pour aller plus loin : EndoFrance Association filière endométriose Nouveall-Aquitaine (AFENA)

Mieux vivre l’endométriose avec la naturopathie

Si l’acupuncture, le yoga, et l’ostéopathie ont pu montrer des résultats probants en termes de gestion de la douleur, l’approche globale proposée par la naturopathie peut favoriser une amélioration de la qualité de vie, associée à une réduction de l’inflammation.

« Si nos métabolismes sont activés de la même manière, explique Etienne Dauta, naturopathe, le terrain de chacun d’entre nous est différent. La génétique est une base, sur laquelle nous évoluons avec notre propre équilibre de vie. Il n’y a donc pas de protocoles généraux en naturopathie ». L’approche est globale, prenant la personne dans toute sa complexité et son individualité.

« Nous travaillons avant tout sur les causes de l’endométriose, afin de rééquilibrer l’énergie vitale qui circule dans le corps, précise Etienne Dauta. En intervenant sur deux postes, comme l’alimentation et le stress par exemple, dont la chronicité affecte l’inflammation, on peut déjà avoir une amélioration de la qualité de vie. Grâce plusieurs niveaux de cure, on peut aussi agir pour nettoyer la muqueuse intestinale et prendre également en compte le système immunitaire pour le faire remonter ».

« Plus qu’une technique de soins, insiste le professionnel, la naturopathie est un changement de paradigme, nécessitant d’être accompagné ». Une méthode qui requiert un engagement de la personne pour changer certaines habitudes alimentaires, par exemple ou modifier son hygiène de vie. « Un chemin pour lequel chaque petit pas est important, conclut Etienne Dauta. Si la motivation et l’espace pour faire les choses sont là, cela peut parfois aller très vite ».