Accueil BIEN naturel Bois de l’Esper : une aventure écologique et collective 

Bois de l’Esper : une aventure écologique et collective 

Jean Claude NOUARD, co-président de SOS Forêt Dordogne et un bénévole de l'association ©Créateur de forêt
FORÊT. Du 4 au 19 janvier, plus de 600 personnes ont participé aux chantiers de plantations de 2945 arbres et arbustes afin de restaurer l'ancienne coupe rase de 6 hectares au profit d'une forêt diversifiée et résiliente aux changements climatiques.
C’était le souhait de Philippe de Severac, maire de Jaure, de pouvoir préserver l’environnement et sa forêt. A la faveur d’une rencontre avec l’entreprise niortaise Créateur de Forêt et grâce à l’expertise locale de SOS Forêt Dordogne, cette belle aventure, soutenue entre autre, par la CDC Biodiversité et le programme Nature 2050, a pu voir le jour en lieu et place d’une ancienne coupe rase.

La renaissance d’une forêt

Aujourd’hui, pelles, sceaux, brouettes, bottes, tracteurs sont rangés, et après plus de quinze jours de plantations, le “Bois de l’Esper” retrouve son calme et offre son nouveau visage. Cette renaissance a apporté sont lot de bonheurs, d’espoirs, de fiertés, de joies et de liens pour les participants de tout âge.

« Jaure était un enjeu important pour nous avec 6 hectares à restaurer c’était notre plus gros projet car on avait jusqu’ici travaillé sur des surfaces de 1 à 2 hectares. C’est ce qui nous a permis de mener différentes actions : un peu moins de 5 hectares ont été ainsi plantés avec 28 essences locales, un hectare a été conservé en libre évolution, la mare a été agrandie et l’arboretum à visée pédagogique a pu être mis en place. D’un point de vue écologique c’est intéressant d’avoir cette diversité » précise Elise Girard, Directrice de Créateur de forêt.

Protégée pendant 99 ans par une ORE (Obligation Réelle Environnementale) signée par les trois partenaires du projet que sont la municipalité de Jaure, Créateur de Forêt et SOS Forêt Dordogne, cet îlot de biodiversité va pouvoir croître et se déployer soutenu par une multitude de partenaires qui n’auront pas ménagé leurs efforts pour qu’il puisse voir le jour. En effet, 82 entreprises et 312 particuliers ont participé financièrement jusqu’à ce jour.

Baptiste Treny et Elise Girard, dirigeants de Créateur de forêt, donnant les consignes de plantation aux habitants de Jaure venus prêter main forte
©Créateur de forêt

 

Un projet éco-conçu et participatif qui fait chaud au cœur

Difficile de résumer l’ampleur de ce projet qui aura mobilisé recherches de ressources locales, réemplois, sensibilisations en direction des scolaires et du public et toutes les personnes impliquées de près ou de loin dans sa mise en œuvre, tant financièrement qu’en matière d’animations et de plantations.
Bénévoles de la commune, de SOS Forêt Dordogne ou d’ailleurs, scolaires, associations environnementales, chantiers d’insertion, mécènes, entreprises, ce sont plus de 600 personnes qui ont exprimé leur engouement joyeux lors des plantations, enfants comme adultes.

« Le samedi 13 janvier réservé aux habitants de Jaure, il faisait -5 degrés mais cela n’a pas découragé les bonnes volontés car nous étions une cinquantaine de personnes. Je pense que tous sont heureux de pouvoir être dans une action concrète et collective, c’est ce qui ressort des retours des participants » ajoute Élise Girard.

L’éco-conception fût une des lignes directrices dès la conception; ainsi, les protections des jeunes plans sont des poches ostréicoles réemployées, fournies par un chantier d’insertion Terre Mer Chantiers du Bassin de Marennes-Oléron, les tuteurs permettant de les maintenir sont des chutes de bois de l’entreprise de cercueil périgourdine Bernier Probis. Un agriculteur de Villamblard a fourni la paille.

Les associations inclusives Asppi 24 ou Les Enfants du Pays de Beleyme étaient présentes tous les jours, travaillant en parallèle des bénévoles et des scolaires ou pour proposer des animations nature ludiques autour de la connaissance des oiseaux, des végétaux ou du sol.
Les bénévoles de SOS Forêt Dordogne étaient également présents au quotidien.

« Jean Claude Nouard, coprésident de l’association fait partie des personnes qui nous ont inspirées, c’est un partenaire essentiel de la conception à la sélection des essences. Sa présence lors de ces temps de plantations fut une vraie richesse » précise la directrice de la jeune entreprise niortaise.

Une visée pédagogique

Les enfants des écoles de Grignols et Manzac
©Marylin BERNET

Au total, 388 élèves du CM1 au BTS auront pu être sensibilisés en travaillant activement en amont et sur place. Les BTS du CFA de Monbazillac ont œuvré en préparant tout ce qui était implantation du projet, plan de zone et piquetage. Leur implication et leur efficacité qui ont permis de réaliser cette tâche en une seule journée furent saluées par les porteurs du projet :

« ils ont réalisé un travail impressionnant, ils étaient bien organisés et ce fut une très belle journée de lancement. Cette action faisait partie de leur évaluation et ils l’ont vraiment pris à cœur ».

Les lycéens de la Peyrouse sont également venus prêter main forte, tout comme les services civiques d’Uni Cité et l’équipe Mediaterre qui proposait une animation autour du rôle de l’arbre. Les eco-délégués du collège de la Force qui se portent volontaires pour mener des actions environnementales, ont installé, entre autres, des abris pour les stations météo, qui serviront au suivi des températures sur le terrain. Les classes primaires de Neuvic, Grignols et Manzac ont également mis les mains dans la terre pour offrir leurs contributions à la forêt.

Le maire impliqué sur le terrain tous les jours avec son équipe de bénévoles, tant dans l’accueil que dans la plantation ou la fabrication de table de pique-nique, ne cache pas son bonheur lors du dernier jour du chantier : « je suis fatigué mais heureux, quel Régal ! Quelle belle aventure ! Tout cela pour les futures générations, voir les scolaires s’impliquer comme ils l’ont fait c’est du pur bonheur. Des gens qui ne nous connaissaient pas découvrent notre petite commune, c’est un projet qui crée des liens. En plus d’être un bois, c’est un projet à visée pédagogique et je m’en réjouis » précise-t-il en finissant de construire une table de pique-nique pour les enfants.

Le maire et les bénévoles de la commune de Jaure à la fabrication des tables de pique nique ©Marylin BERNET

La sensibilisation étant l’un des fils conducteurs du projet, des panneaux pédagogiques jalonnent désormais la parcelle et permettront de découvrir la richesse de la biodiversité locale.

Une opération de repaillage se déroulera au printemps pour aider les plans à passer l’été ; il faudra passer ce premier été et un hiver pour faire un bilan au printemps 2025 de la mortalité. C’est SOS Forêt Dordogne qui assurera le suivi, la LPO Dordogne interviendra pour les oiseaux et les amphibiens de la mare, le docteur Guillaume Eyssartier pour les champignons, l’École de Botanique et de Cueillette de EPC Nature 24 pour les espèces végétales, et l’IUT de Périgueux poursuivra le suivi des vers de terre. Créateur de Forêt est toujours à la recherche de terrains d’un minimum de 2 hectares, terrains plutôt dégradés où une intervention bénéfique pourrait s’acter.

Le projet n’étant pas encore totalement financé, tout un chacun peut encore participer notamment pour assurer le suivi en cliquer sur ce lien.

Lire également : Le bois de l’Espèr, à Jaure : un îlot de biodiversité unique en Dordogne

Marlyn BERNET

Quelques précisions sur l’ORE :

PROTÉGER LA BIODIVERSITÉ AVEC L’OBLIGATION RÉELLE ENVIRONNEMENTALE

Le dispositif ORE permet aux propriétaires de biens immobiliers qui le souhaitent de mettre en place une protection environnementale sur leur bien. L’Obligation Réelle Environnementale est une obligation de faire ou de ne pas faire. L’ORE doit être définie dans un contrat, elle est rattachée au terrain à protéger et non au propriétaire du terrain. Ainsi, en cas de vente du terrain ou desuccession, l’Obligation Réelle Environnementale persiste. Le nouveau propriétaire est ainsi tenu de conserver la biodiversité du site ou les fonctions écologiques protégées par l’ORE. Les dispositions qui concernent les Obligations Réelles Environnementales ont été introduites par la loi n°2016- 1087 du 8 août 2016 pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages à l’article 72, codifié à l’article L. 132-3 du code de l’environnement. La finalité d’une ORE est de mettre en œuvre, sur un bien immobilier, des actions de maintien, de conservation, de gestion ou de restauration d’éléments de la biodiversité ou de fonctions écologiques. L’Obligation Réelle Environnementale peut se dérouler sur le long terme. En effet, les obligations environnementales peuvent porter sur une longue durée, jusqu’à 99 ans maximum (et 20 ans au minimum). La mise en place d’une ORE nécessite que le propriétaire signe un contrat établi en forme authentique, avec un cocontractant qui peut être : une collectivité publique, un établissement public, une personne morale de droit privé agissant pour la protection de l’environnement ; Le contrat ORE est souple pour pouvoirs’adapter facilement aux enjeux environnementaux présents sur le bien immobilier et aux engagements que le propriétaire de ce bien souhaite prendre en faveur de l’environnement. Le contrat ORE est un acte juridique. Il fait naître des obligations pour le propriétaire du bien immobilier et les futurs propriétaires. Le contrat doit être établi dans une forme authentique et être enregistré au service de la publicité foncière.