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Le bois de l’Espèr, à Jaure : un îlot de biodiversité unique en Dordogne

Biodiversité forêts arbres Périgord
De gauche à droite : Élise Girard directrice générale de Créateur de Forêt, Philippe de Séverac, maire de Jaure, et Jean-Claude Nouard, co-président de SOS Forêt Dordogne. ©BEP
ENVIRONNEMENT. BIODIVERSITÉ. Dimanche 1er octobre, citoyens, partenaires, contributeurs, élus, amoureux de la nature, bénévoles, étaient au rendez-vous initié dans la Forêt de Jaure par SOS Forêts Dordogne qui faisait ce jour-là sa rentrée, pour notamment présenter le projet de reboisement alternatif et participatif, mis en place sur la commune de Jaure, le “Bois de l'Espér” (Espoir en occitan).

L’association, représentée par ses deux coprésidents Xavier Svahn et Jean Claude Nouart (ancien forestier, militant et également auteur), proposait un temps d’échange pédagogique sur la parcelle de six hectares, propriété de la commune, qui accueillera la mosaïque de biodiversité.  Les partenaires et représentants de l’entreprise “Créateur de Forêt” et de la municipalité étaient à leurs côtés pour communiquer sur ce projet vital et enthousiasmant dédié au vivant.

Lutter contre des pratiques sylvicoles nuisibles

Depuis la nuit des temps, les arbres nous donnent tout ; protection, chaleur, habitat, fraîcheur, respiration, médecine et cette journée était là pour nous le rappeler ainsi que notre devoir de les protéger.

Jean-Claude Nouard dresse un bilan de santé alarmant de la forêt périgourdine qui paye un lourd tribut pour le bois énergie, et en particulier les châtaigniers, et décline les missions de l’association SOS Forêts Dordogne ; Préserver la forêt périgourdine abîmée par des pratiques sylvicoles nuisibles, sensibiliser tous les publics sur la nécessité de mieux gérer les forêts, informer sur les alternatives forestières préservant la biodiversité, influer sur les politiques et réglementations forestières (locales, régionales ou nationales), en proposant des alternatives vertueuses, garantissant la pérennité des peuplements traditionnels diversifiés, dans le respect des écosystèmes et de la biodiversité.

Ce sont ces missions qui animent les 250 adhérents de l’association, dont les bénévoles exercent une veille territoriale, en identifiant les pratiques forestières dommageables, notamment les coupes rases, et les zones à protéger sur lesquelles il serait possible de faire appliquer une réglementation de protection.

3000 arbres plantés en fin d’année

« Depuis trois ans, nous sommes propriétaires de cette parcelle, explique Philippe de Séverac, maire de la commune de 180 habitants. Il n’était pas question de la laisser en friche ou de planter des pins. J’ai alors fait la connaissance de “Créateur de Forêt” ; l’idée d’en faire un site protégé d’étude et d’éducation a germé, et aujourd’hui, tout est prêt grâce aux conseils éclairés de nos partenaires, et au soutien de tous, pour que la nature reprenne ses droits ».

Déjà bien avancé, ce futur espace de biodiversité naîtra en place d’une coupe rase, une parcelle surexploitée avec de grosses ornières. Un projet au financement participatif qui se présente en trois parties : libre évolution, enrichissement en essences locales, et reboisement en plein avec aménagement d’un point d’eau et création d’un arboretum. Entre décembre et janvier prochain, ce sont plus de 3000 arbres qui seront plantés et tous les contributeurs seront invités à y participer. Au cœur de cet important chantier de plantation, des élèves du Lycée agricole et du CFA de la Brie à Monbazillac ; des élèves du Lycée CFA La Peyrouse ainsi que des équipes de l’association d’insertion ASPPI 24.

Une mosaïque de biodiversité et d’humanité

4,7 ha seront reboisés avec vingt essences différentes, 1,2 ha de régénérescence naturelle où la nature sera souveraine; une zone humide sera sauvegardée grâce à l’agrandissement d’une mare existante, déjà réalisé par la Communauté de communes Isle-Vern-Salembre (CCIVS) laquelle permettra de diversifier l’écosystème ; elle servira d’habitat, de lieu de reproduction et de point d’eau pour la flore et la faune sauvage ; un parcours de sensibilisation sera créé avec la conception d’un arboretum à visée pédagogique.

Trois principales essences composeront cet espace; Le cornouiller sanguin (Cornus sanguineum), la bourdaine (Rhamnus frangula) et le chêne pédonculé (Quercus robur). Les trois chantiers d’insertion Ricochets, ASPPI 24 et l’association Pour les Enfants du Pays de Beleyme, sont à l’origine de la création de haies sèches, réalisées à partir des végétaux présents sur la parcelle du Bois de l’Espèr.

Les 2 948 jeunes plants seront fournis par Les Compagnons du Végétal (Charente) ainsi que par l’association Prom’Haies (Dordogne). Les tuteurs maintenant les poches ostréicoles seront apportés par Bernier Probis (Dordogne), entreprise spécialisée notamment dans la fabrication des cercueils. Les matériaux utilisés proviennent de chutes de bois accumulés lors de la confection de leurs produits.

 L’Espèr protégé pour un siècle

« Engagée pour la nature avec pour objectif la sauvegarde de la biodiversité sur le très long terme, on s’assure que ce projet soit préservé pour un siècle, précise Élise Girard, Directrice générale de la jeune entreprise Niortaise, “Créateur de forêt “. Pour ce faire une signature de l’Obligation Réelle Environnementale (ORE) a été réalisée avec la commune de Jaure ; un acte notarié qui permettra de protéger durant 99 ans, le terrain dont la commune reste propriétaire, à des fins de protection de la biodiversité ».

Une telle action de protection est une première en Dordogne et une condition essentielle pour pouvoir recréer un domaine forestier bénéfique pour la faune, la flore et l’humain, comme la Dordogne en comptait jadis. L’Espèr aura ainsi un peu de temps devant lui pour se développer, avec l’espoir que son exemple puisse inspirer de plus en plus d’actions en ce sens. Le budget, qui s’élève à 300 000 €, est financé aujourd’hui à 62% par des particuliers et des entreprises, petits colibris soucieux de l’état de santé des forêts.

La conception du projet et la sélection des espèces ont été effectuées bénévolement par Jean-Claude Nouard. Le suivi scientifique sera assuré pendant cinq ans par son association et la Ligue de Protection des oiseaux (LPO). Une marraine d’exception s’est penchée sur le berceau de L’Espèr, en la personne de Monique Marie Robin autrice de “La fabrique des pandémies ».

Un très beau projet qui nous donne des raisons d’espérer un monde meilleur

Marylin BERNET

Tout le monde peut participer

Pour suivre le projet, développer un partenariat, en savoir plus ou participer à son financement rendez-vous sur le site https://www.createurdeforet.fr/creations/jaure/ .

La cagnotte destinée aux particuliers qui veulent participer: https://www.createurdeforet.fr/participer/?projet=jaure

La vidéo de présentation : https://youtu.be/4yDoK2OizGM

Des soutiens institutionnels forts

Le projet est soutenu par la Région Nouvelle-Aquitaine dans le cadre du Programme d’Animation des Initiatives de culture scientifique, technique et industrielle (CCSTI) en Nouvelle-Aquitaine, édition 2023. Cette année, le projet de Jaure intègre la thématique « One Health, une seule santé » proposée par le dispositif. Il a également reçu un soutien du programme d’action national porté par le CDC Biodiversité. Il vise à renforcer l’adaptation des territoires au changement climatique, ainsi qu’à préserver et restaurer leur biodiversité par la mise en œuvre de solutions fondées sur la nature à horizon 2050. Créateur de forêt adhère aux valeurs du programme régional Néo Terra pour accompagner et accélérer la transition écologique, énergétique, économique et sociale en Nouvelle-Aquitaine. Le bois de l’Espèr a obtenu cette labellisation au mois d’août 2023.

Un autre projet va voir le jour sur la commune indépendamment de celui-ci  : un parcours sportif de santé sur deux  kilomètres à partir du bourg, initié cette fois par le Comité des fêtes et soumis au budget participatif de la Dordogne. À vos votes !