La 36e édition du festival BD en Périgord, organisé par l’amicale laïque de Bassillac-et-Auberoche, réunit une cinquantaine de talents du 9e art du vendredi 10 au dimanche 12 octobre autour de l’invité d’honneur, Étienne Davodeau.

Depuis 1990, les passionnés de bande dessinée assouvissent leur curiosité au contact de scénaristes et d’illustrateurs qui reflètent la diversité de cet art. Les échanges proposés, notamment en direction du jeune public, relèvent d’une démarche d’éducation populaire, assurant un contact direct avec des valeurs sûres et montantes de la BD contemporaine. Autour du temps fort que constitue le festival, une quinzaine d’expositions ont pris place en Périgord et stationneront plusieurs mois.
Un invité d’honneur ancré dans la ruralité
On doit à l’invité d’honneur, Étienne Davodeau, des reportages engagés, des récits documentaires et des fictions au plus près de la réalité sociale et de l’observation de notre environnement. En 2001, avec Rural !, il confirmait un choix encore original en BD d’inscrire le monde réel dans son travail. Son portrait de Lulu femme nue a été adapté au cinéma par Solveig Anspach. Avec Là où tu vas, voyage au pays de la mémoire qui flanche qui sort cette semaine chez Futuropolis, cette figure majeure du 9e art s’attache au quotidien d’une accompagnante de malades d’Alzheimer, au rôle des aidants et à « la qualité de l’instant ». Des grands formats issus des planches sont montrés en avant-première.
Art pariétal et destins nomades
Une exposition installée au Pôle d’interprétation de la Préhistoire, aux Eyzies, jusqu’à début janvier, s’appuie sur l’ouvrage collectif Pigments (2024) auquel a participé le dessinateur et scénariste. Elle montre comment la BD réenchante l’art pariétal à travers l’expérience de cette “tribu des Rupestres” enfermée durant dix jours, en 2022, pour créer dans un monde souterrain avec des pigments naturels. Le Périgourdin Troubs était de ce voyage au centre de la terre… Il signe aussi, avec Marc Pichelin, des Portraits nomades saisis parmi les sans-abris de l’Hestia, à Périgueux et exposés jusqu’au 6 novembre au Cockpit de Coulounieix-Chamiers.
L’agence culturelle Dordogne-Périgord reçoit jusqu’à mi-décembre les œuvres de l’illustratrice Anna Sommer, Dans mes papiers, dont les fines feuilles colorées fixent des portraits inspirés du quotidien, femme en quête d’elle-même et regards sur sa “chambre d’amies”.
Résistance d’hier et d’aujourd’hui

Des rencontres et expressions autour de la BD sont déclinées pendant le festival que coordonne Matthieu Druillole, son président. Depuis fin septembre, des rendez-vous ont déjà cours et certains se prolongeront jusqu’en fin d’année, comme Le 9e art en résistance aux Archives départementales de la Dordogne : dans le cadre des commémoration de la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’exposition retrace des destins sacrifiés et des engagements (Ginette Kolinka, Madeleine Riffaud, le groupe Manouchian…) racontés par le scénariste Jean-David Morvan et les dessinateurs réunis autour de lui (écouter le son, ci-dessous). Les valeurs d’humanisme, la nécessité de garder intacte une mémoire de nouveau bousculée, l’intérêt historique et la qualité littéraire du récit se lisent dans cette exposition dont la beauté graphique (notamment les planches originales de Dominique Bertail) enveloppe la noirceur du propos.
• Écouter l’intervention de Jean-David Morvan lors du vernissage de l’exposition Le 9e art en résistance, aux Archives départementales :
À noter que le tome 4 de son Madeleine, résistante (l’ange exterminateur), à paraître le 24 octobre, sera présenté et vendu en avant-première à Bassillac grâce aux éditions Dupuis.