Né en 1930 à Saint-Front-d’Alemps dans une famille d’agriculteurs de sept enfants, Henri Dessolas, alias Ricou, a d’abord vécu une carrière de cheminot. Les truffières de son Périgord natal constituaient depuis toujours son paysage favori qu’il n’a eu de cesse de reproduire autour de sa maison et d’y consacrer la moitié de sa vie.
Agronome et écologue autodidacte et empirique, il s’est lancé dans la trufficulture en observant avec attention la nature, en lisant toute la littérature possible sur le sujet et en contactant avec ferveur techniciens et scientifiques. À tel point qu’il est devenu durant des années l’un des personnages incontournables de la truffe en Périgord. Quitte à passer parfois pour un franc-tireur.
Auteur de nombreux livres
Il vient de disparaître, mais il a laissé de nombreuses publications devenues précieuses pour tous ceux qui veulent comprendre les mystères du diamant noir. La truffe est un champignon souterrain au parfum entêtant qui fait courir les Périgordins vers des petits marchés spécialisés qui fleurissent dans les bourgs au cœur de l’hiver. Il a aussi été l’auteur de nombreux livres, évoquant inlassablement la vie des truffes, des champignons et de la forêt.

Les titres de deux de ses livres le racontent très bien : “Une vie à fleur de terre” et ”Un arbre m’a dit”, tous deux édités par Copédit. Parmi ses opuscules, plusieurs écrits en collaboration avec le professeur Jean-Claude Pargney, “Osez cultiver la truffe autrement” ou ”Truffe, osons une culture raisonnée”, ainsi que la réédition du Manuel de trufficulture du docteur Pradel de 1914.
Un passeur de savoir
Henri Dessolas a aussi fait partie de l’aventure de la création du musée de la Truffe à Sorges. Passeur de savoir, il a donné la fibre trufficole à son petit-fils Bastien avec qui il a mis au point un outil destiné à mieux préparer les sols des truffières. La grande leçon répétée toute la vie par Henri Dessolas autour de lui est la nécessité de travailler les terrains : dans trufficulture il y a culture. Il a pourtant toujours défendu la manière la plus naturelle de produire des truffes, par exemple en évitant les arrosages d’été. Parmi ses images favorites, il comparait la truffe à un chameau.
Dans ses parcelles de Saint-Front-d’Alemps, il a testé toutes sortes de techniques, toujours avec une observation attentive des résultats. Sur la fin de sa vie, ce vieux sage de la trufficulture s’était transformé en Don Quichotte, en partant en guerre contre les marchands de rêves truffiers. Il rappelait que les plants ne donnent pas comme des pommiers, mais avec seulement 20 à 50 % de réussite.
Sur sa tombe au cimetière de Saint-Front d’Alemps, ce ne sont pas des chrysanthèmes qu’il faudra lui porter chaque année à la Toussaint, mais des pots de plants truffiers.









