Accueil BIEN naturel Un livre « attire-d’aile » sur la fauconnerie

Un livre « attire-d’aile » sur la fauconnerie

Patrick Mercier échange avec le public. La vocation des fauconniers est aussi pédagogique.
Patrick Mercier échange avec le public. La vocation des fauconniers est aussi pédagogique © B. Chubilleau
C'EST DANS L'AIR. Bernard Chubilleau publie un livre documentaire consacré aux fauconniers des Milandes. Les splendides photographies des majestueux rapaces avec les équipes du château sont accompagnées d'informations historiques et pratiques sur cet art ancestral.
© Bernard Chubilleau

À l’origine, Bernard Chubilleau était d’abord curieux d’observer les rapaces, de son œil averti de photographe, avec pour objectif la réalisation d’une exposition. Entré dans les coulisses des fauconniers du château des Milandes, avec l’accord d’Angélique de Labarre, l’auteur qu’il est aussi a voulu rendre un hommage plus complet à leur travail. Ainsi est né l’album de textes et photos qu’il livre aux éditions Cont’eau, qu’il a créées, dans un esprit de reportage, dans le prolongement du premier qu’il avait fait sur le site, en 2014, suscitant chez lui un véritable coup de cœur et un intérêt pour cet univers.

Inscrit au patrimoine de l’humanité

Le Pygargue à tête blanche, l'emblème national des Etats-Unis
Le Pygargue à tête blanche, l’emblème national des États-Unis © B. Chubilleau

Sensible à la protection de ces espèces menacées, qui trouvent aux Milandes un espace propice à la reproduction des plus fragiles d’entre elles, et à l’engagement des professionnels qui s’occupent des rapaces et s’impliquent dans leur réintroduction en milieu naturel, Bernard Chubilleau dévoile dans cet ouvrage les coulisses de l’art ancestral des fauconniers. Il rappelle que c’est le compagnon du Tour de France Abel Boyer (Périgord cœur loyal), natif de Domme, qui a ravivé la fauconnerie en France, en créant en 1945 l’association nationale des fauconniers et autoursiers français.

Depuis 2010, l’art de la fauconnerie est inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco. Comme dans plus de 80 pays, il est pratiqué aux Milandes où une équipe de six personnes est dédiée à ces oiseaux et à la médiation avec le public. « Ces spécialistes formés, ces soigneurs attachés à chacun de ces animaux, à leur santé, à leur nourriture, sont aussi les chorégraphes d’un magnifique spectacle où le public peut lire la complicité qui les unit. » Certes, cela suppose que l’on affaite ces oiseaux à la fréquentation humaine, et qu’on puisse les y soustraire momentanément s’ils ne sont pas prêts : c’est à l’homme à s’adapter.  »

Portraits aux yeux ronds

Hibou grand-duc africain né au château, à deux mois
Hibou grand-duc africain né au château, à deux mois © B. Chubilleau

Bernard Chubilleau tire le portrait de ces animaux au regard perçant comme il dresse celui de l’équipe qui en prend soin, avec respect et humanité. « J’ai appris à connaître les oiseaux, leur approche a confirmé le premier déclic ressenti. Ils sont gracieux, je suis admiratif de l’esthétique, des gestes et du regard, et ils sont puissants, un faucon Sacre peut fondre sur un leurre à 200 km/h. L’alliance des deux ne peut qu’attiser la curiosité… » L’auteur a voulu mieux faire connaître ce que ces animaux ont enduré au cours de l’histoire, « martyrisés par les humains, qui ont même voulu les éradiquer : dans les campagnes, on avait une pièce quand on rapportait un rapace à la mairie ».

Et si on les a parfois qualifiés d’oiseaux de mauvais augure, c’est parce qu’ils se trouvaient au mauvais endroit au mauvais moment, comme la chouette Effraie, familière des clochers, que l’on apercevait lors des cérémonies d’obsèques quand sonnait le glas… Ne tombons pas dans l’excès inverse envers certains, qui ressemblent à de douces peluches… cependant munies de serres acérées.

Ballets aériens

Complicité et affection entre le Hibou grand-duc de Verreaux et la fauconnière
Complicité et affection entre le Hibou grand-duc de Verreaux et la fauconnière © B. Chubilleau

L’auteur détaille bien des aspects, de la nutrition des oiseaux à la formation des fauconniers, rappelle les éléments d’histoire et le lexique approprié, décrit chaque oiseau en appui des photographies qui accrochent le regard et constituent l’attrait principal de beau livre, à offrir notamment aux plus jeunes. Il saisit les ballets aériens et les expressions de cette assemblée de buses et faucons, chouettes et hiboux, la beauté du geste de celles et ceux qui les accompagnent au quotidien. Bernard Chubilleau inscrit bien sûr cette touche originale dans le tableau plus général des Milandes et des autres facettes du château.

Après s’être essayé au roman, l’auteur revient ici à une approche documentaire… avec le souhait de concrétiser l’exposition photo à laquelle il pensait à l’origine de ce projet.

La Fauconnerie du château des Milandes, Bernard Chubilleau, Éditions Cont’eau, 74 pages, 18,50 €