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Toutes les couleurs du passé

Saint-Méard, vue d'ensemble de la nef
Saint-Méard, vue d'ensemble de la nef © H.C.
MURS MURS. Un nouveau tome édité par la Shap et les éditions Cairn Confluences recense les peintures murales conservées ou retrouvées en Périgord.

Il y a cinq ans avait été publié le premier volume d’une importante enquête menée à travers le Périgord sur les peintures murales. Cette étude inédite révélait les couleurs du passé dans des églises et des châteaux, souvent masquées par des enduits ou crépis durant des siècles. Cet inventaire sur près de 200 sites du patrimoine de la Dordogne, du Xe au XXe siècle, avait été mené par Dominique Audrerie, Serge Laruë de Charlus et Pauline Mabille de Poncheville, deux piliers de la Shap, la Société historique et archéologique du Périgord, et une jeune chercheuse. La documentation de nombreux érudits du Périgord avait alimenté ces recherches, alors publiées par les Éditions Confluences avec l’expertise d’Éric Audinet.

Présentation du tome deux du livre avec Serge Larue de Charlus, Eric Audinet et Dominique Audrerie
Présentation du tome deux du livre avec Serge Larue de Charlus, Éric Audinet et Dominique Audrerie © H.C.

En cette fin 2025, un tome deux, complément de cet inventaire, vient d’être publié sous la direction des mêmes auteurs qui ont poursuivi leurs recherches, révélant des œuvres encore cachées. Cette fois, sur des dizaines de sites, des restaurations font apparaître des chefs-d’œuvre majeurs. La restauration de la totalité des peintures de l’église de Saint-Méard de Drône et de la chapelle des Milandes à Castelnaud-la-Chapelle en sont de superbes exemples. Ce patrimoine fragile réapparait avec les croyances et les symboles d’une autre époque, où les dessins remplaçaient les textes pour toucher une population largement illettrée.

Des croquis pour l’intérieur de Saint-Front

Saint Méard L'enfer
Saint-Méard, L’enfer © H.C.

« Les peintures de Saint-Méard sont sans doute l’un des plus beaux exemples du XVe siècle parvenus jusqu’à nous en France », pense Serge Larüe de Charlus, ancien médecin devenu responsable du conservatoire d’art sacré diocésain de Périgueux. Il raconte la quête menée pendant des années auprès des prêtres, des maires et des érudits pour retrouver tous ces lieux oubliés. Dominique Audrerie, ancien avocat, président de la Shap, évoque la richesse de ce patrimoine parfois récent comme les fresques du monastère orthodoxe du Terrassonais ou la reconstitution de la légende des neuf preux dans des salles du château de Castelnaud. L’ouvrage n’oublie pas des croquis prévus pour couvrir l’intérieur de la cathédrale Saint-Front après sa restauration au XIXe siècle qui, finalement, ne seront pas réalisés. 

Menaces humides

peintures preux Chateau Castelnaud
Peintures des preux © Château de Castelnaud

Au fil des pages de ces deux volumes, la richesse apparaît dans toute sa fragilité. Patrick Palem, ancien patron de l’entreprise de restauration Socra et délégué départemental de la Fondation du patrimoine, souligne tout ce qui menace ces peintures, notamment l’eau qui ruisselle ou s’infiltre. Il soulève le débat mené par les restaurateurs autour de la Charte de Venise de 1964 sur la nécessité de respecter l’authenticité des œuvres.

Des lieux peu connus sont révélés comme les peintures de l’église de Saint-Vincent de Cosse, étonnantes même si elles sont très abimées. Une collecte de graffitis de toutes époques dans les carrières de pierre, autour de La Tour Blanche, prouve la variété des sujets d’études sur le patrimoine qui nous entoure.

Peinture Saint-Christophe chapelle des Milandes
Peinture Saint-Christophe, chapelle des Milandes © H.C.

Peintures murales en Périgord, tome 2, 176 pages, (Éditions Cairn Confluences), 28 euros, diffusé dans toutes les librairies. Le tome 1, 366 pages (Éditions Confluences) est toujours disponible, 38 euros. Les deux ouvrages sont coédités par la Société historique et archéologique du Périgord.