Comme un fameux mur qui coupa un temps Berlin en deux, la Dordogne a vécu cette situation durant la Deuxième Guerre mondiale. Le département était sur le tracé de la ligne de démarcation de 1200 km négocié par l’armistice de juin 1940 pour partager la France en zones occupée et libre. Tous ceux qui voulaient fuir l’occupation allemande devaient trouver le moyen de traverser cette ligne où des douaniers avaient le droit de tirer à vue. C’est ce que raconte aux Archives départementales l’exposition “Sur les traces de la ligne de démarcation”, réalisée par le photographe Thomas Ermel et le vidéaste Cyril Lafont.
Une ligne et des passeurs

Ils présentent ce travail inédit qui circulera dans toute la France, avec des documents, des photos anciennes et des témoignages d’aujourd’hui sur toute la ligne, notamment sur la centaine de kilomètres en Dordogne. 46 communes de l’ouest, de La Rochebeaucourt à Lamothe-Montravel, étaient en zone occupée, le reste faisant partie de la France administrée par le gouvernement de Pétain à Vichy. Par humanisme ou pour de l’argent, des passeurs s’étaient organisés pour permettre à des personnes pourchassées, comme les juifs, de s’échapper.
Une histoire presque oubliée

Jusqu’à l’invasion complète, en mars 1943, des drames et des actes héroïques se sont joués sur cette plaie ouverte. Les deux auteurs sont partis à la recherche « des blancs de cette histoire » dont il ne reste quasiment plus de témoins, peu de vestiges sur le terrain et heureusement quelques documents à décrypter. « Le temps de la transmission est précieux pour ne pas oublier », comme le souligne Jacques Ranoux, conseiller départemental chargé de la mémoire.
Témoignages et photos
L’ethnologue et historien périgordin Patrice Rolli, auteur d’une collecte de témoignages et de documents dont il a tiré un livre (La ligne de démarcation en Dordogne, Éditions d’Histoire en partage), a participé à cette exposition en présentant de précieuses photos d’un douanier allemand qui prouvent que ce n’était pas du cinéma. Il ne reste plus que quelques panneaux, des supports de barrières et de guérites, ainsi que la tradition orale.

Jusqu’au 20 septembre, aux Archives (9 rue Littré à Périgueux), tous les éléments sont rassemblés pour reconstituer cette histoire presque oublié en Dordogne et ailleurs, alors que des Justes ont sauvé des vies.