À Montignac-Lascaux, les 11 pièces emboitées pour former un puzzle de quatre tonnes représentant la salle des taureaux ont été démontées et placées dans leur container de transport pour gagner Bordeaux. Après six mois de travail à l’AFSP, l’atelier des fac-similés du Périgord, cette quatrième reproduction de la célèbre fresque préhistorique va devenir le clou de l’exposition itinérante dite Lascaux 3.

Elle a été reproduite une première fois pour Lascaux 2, deux fois dans Lascaux 4 pour la visite de la grotte et dans l’atelier d’interprétation.
« Nous avions le savoir-faire et l’équipe de spécialistes pour être efficaces dans un temps de réalisation réduit face aux contraintes », souffle la muséographe Nathalie Grenet. Elle est devenue la cheffe de projet de l’exposition internationale Lascaux depuis le départ en retraite d’Olivier Retout, qui s’en occupait depuis l’origine en 2012.
Une nouvelle structure

André Barbé, le patron de la Semitour qui défend l’image de Lascaux et du Périgord à l’international, voit avec satisfaction cette nouvelle étape arriver à son terme. « Nous allons continuer notre exposition foraine qui se monte et se démonte pour chaque étape à travers le monde. » Des contrats à Valence en Espagne et à Chicago aux États-Unis sont en cours de négociation et un retour vers l’Asie est espéré pour reprendre sa place dans le circuit des grandes expositions historiques qui attirent les foules.

Pour faciliter les déplacements et la présentation, une nouvelle structure a été mise au point et réalisée par Valbusa, au Bugue. Les coques, qui portent le fameux voile de pierre sur lequel est peinte la fresque, se replient sur un chariot à roulettes. Elles sont protégées, sont plus faciles à déplacer et prennent moins de place dans les containers. La rotonde, reproduite sur une longueur de 25 mètres, est levée à 4,40 mètres de hauteur, suspendue sur un grill de spectacles, réalisé sur mesure par l’entreprise spécialisée Levenly, de Lonjumeau.
Des projections à l’intérieur

Le 14 mai a été un grand jour pour toute l’équipe, dirigée par le responsable technique Fred Barreau, lorsqu’elle a eu fini d’assembler tous les panneaux avant de les lever. De la licorne au dernier grand aurochs, la sarabande des 130 animaux de la fresque a fini par se balancer suspendue à des élingues, ajustées par Thierry Laurent et Alan Bolle. Les peintres expertes, Aurélia Teixeira et Valérie Mathias, guettaient, l’œil inquiet, les moindres craquelures des jonctions. Elles ont dû patiemment assurer des retouches, en équilibre sur les escabeaux, le nez sur les parois, pour rattraper les éclats. Du travail de dentelières.

Les panneaux ont pris la route de Bordeaux dans les camions de Steeven Caroux aux couleurs de Lascaux. Il faudra plusieurs semaines d’installation dans la halle de Cap Sciences sur les quais à deux pas du pont levant Chaban-Delmas, où stationnera l’expo du 14 juin au 31 août.
« La salle des taureaux sera présentée avec des projections originales à l’intérieur, sur une durée de sept minutes pour des groupes de 25 personnes », explique Nathalie Grenet. On parlera alors d’expérience de visite. L’exposition s’accompagne toujours de modules pédagogiques et de mannequins réalisés par Elisabeth Daynès, représentant nos ancêtres Cro-Magnon du magdalénien. Sauf que, désormais, ils sont représentés avec la peau noire, comme l’étaient nos ancêtres d’il y a 20 000 ans venus d’Afrique.