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En corps et encore

Visite guidée par Fanny, médiatrice de l'agence, pour le club de la presse du Périgord. Ici une œuvre de Marilou Poncin © SBT
CORPS, AH... CORPS. L'agence culturelle Dordogne-Périgord présente jusqu'au 1er juin une mise en scène du corps dans tous ses états, déclinaison artistique de ce qui nous meut et nous émeut. Les artistes réunis pour l'occasion abordent l'instrument de nos vies sous les aspects prosaïques du quotidien aussi bien que par les prouesses dont il est capable pour dépasser sa condition humaine de mortel. Le corps comme une pirouette pour traverser le temps avec humour.

Corps mortel, image éternelle. Déconstruit, abîmé, sublimé, réparé, contraint, détourné, libéré… À corps perdu, à corps et à cri, à corps parfaits, corps à corps : l’exposition thématique et collective propose une vision multi-facettes de cette enveloppe intime ou exhibée, une approche charnelle et habitée, lecture à fleur de peau de ce qui nous ressemble et nous rassemble, altérité apprivoisée ou repoussée.

Devant une œuvre de Florent Lamouroux © SBT

L’expérience est unique, permettant au visiteur de passer d’une plastique athlétique fixée en N&B par Helmut Newton, perfection mise à nu qui peut aussi évoquer un écorché anatomique voire un tableau de Rembrandt ou de Bacon ; à la souffrance exprimée par Monif Ajaj, artiste syrien établi en Périgord, passé des cicatrices encore béantes de son pays à la douleur invisible des malades accueillis à l’hôpital de Vauclaire (Montpon).

Faire corps

Ce voyage autour du corps passe par d’insolites contours en compagnie de Marilou Poncin lançant ce défi imaginaire à chacun qu’est Kim Kardashian qui veut, ou presque : elle y parvient en tout cas avec quelques compléments plastiques à son anatomie. Abel Techer, qui vit et crée entre Paris et La Réunion, interroge le genre à travers des autoportraits tout en « fluidité », attributs portés à pleines mains sur un ton joyeusement décalé. La mue humaine de David Renaud révèle qu’on peut littéralement changer de peau et la posture de Florent Lamouroux figée dans le plastique peut évoquer à certains les corps piégés sous les cendres de Pompéi. Certaines transformations doivent tout à la nature, d’autres à des parades artificielles. Le vieillissement accéléré se lit sur les portraits ridés de stars d’autrefois que l’âge a fini par rattraper, après que l’artiste leur a forcé le trait ; tandis qu’un film-casting sonne le glas des divers âges de la vie, séquence accélérée qu’on aimerait aussi voir en remontant le temps.

Les visiteurs trouvent chaussures à leurs pieds pour éprouver leur sens de l’équilibre © SBT

Identité déjouée

Tant d’univers s’entrechoquent ici pour d’étonnantes levées de corps : tas d’os préhisto-plastiques, danseur rivé au sol, canapé déstructuré comme une provocation à s’y asseoir (interdit !), « anasoir » pour appendices « malmenez » par le Covid… au-delà des apparences, des convenances et des injonctions, une ode au corps dans tous ses ébats.

• Proposée par l’agence culturelle départementale (commissariat : Pierre Ouzeau, Marie-Pierre Bonniol), en partenariat avec le FRAC Nouvelle-Aquitaine MÉCA, jusqu’au 1er juin à l’espace culturel François Mitterrand, à Périgueux.

• Corps, c’est tout un programme : exposition, spectacles, rencontres, ateliers…

Dévernissage samedi 1er juin à 17h (entrée libre)