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D’en haut le Périgord est encore plus beau

Jocelyn de Lagasnerie Déclic et Décolle, spécialiste des photos au drone de près ou de loin
Jocelyn de Lagasnerie Déclic et Décolle, spécialiste des photos au drone de près ou de loin © H.C.
LA DORDOGNE EN DRONE. Jocelyn de Lagasnerie et sa signature Déclic et Décolle sont devenu en cinq ans une référence pour les photos aériennes.

Sur la couverture du guide vert Michelin comme en une d’un numéro de Géo sur le Périgord, ou sur les publicités du comité départemental du tourisme, des images aériennes de la Dordogne ont un air de famille. Les lumières évoquent le lever ou le coucher de soleil, les ciels ont du caractère, les cadrages changent des cartes postales d’antan. Ces photos sont signées Déclic et Décolle, entreprise créée par le Périgourdin Jocelyn de Lagasnerie.

Château de Puymartin, Le Bal des Dames Blanches
Château de Puymartin, Le Bal des Dames Blanches © Déclic et Décolle

C’est l’histoire d’une reconversion réussie par un quinquagénaire à un moment clef, avec du savoir-faire. Durant des années, il avait édité des annuaires publicitaires à la Réunion et à l’Ile Maurice, ainsi que des guides en Dordogne, pour lesquels il prenait des photos pour illustrer ses sujets. « Je n’avais pas de formation en photo, mais j’en avais fait beaucoup et même souvent en hélicoptère… J’avais compris comment ça marchait. Par exemple comment résumer un site avec une seule image sympa.»

Il a eu envie de revenir travailler à 100 % en Dordogne en changeant de métier. « Personne ne m’attendais dans la photo, il y a ici beaucoup de bons professionnels. J’ai passé mon brevet de pilote de drone en 2019 car j’avais remarqué que les dronistes faisaient surtout de la vidéo.» En 2020 quand il se lance c’est en plein confinement du Covid.

Une signature graphique

Les objectifs des engins actuels sont très performants
Les objectifs des engins actuels sont très performants © H.C.

Pour se faire connaître, il envoie aux médias des images aériennes de Périgueux vide. « En donnant des photos et en les partageant sur les réseaux sociaux, je me suis fais de la publicité partout », raconte Jocelyn de Lagasnerie qui signe tout de suite Déclic et Décolle. Il trouve très vite sa signature graphique avec des photos prises surtout au lever et au coucher du soleil, avec des lumières bien particulières bien travaillées sur Photoshop façon instagrameurs. « Il ne faut pas prendre que des photos vues de haut. Je donne une perspective aérienne en restant souvent près du sol et des sujets. Il faut donner envie et se demander où on est avec des images percutantes. »

Christophe Gravier, le directeur du CDT, le comité départemental du tourisme, remarque ses photos qui se démarquent et donnent un coup de vieux à sa photothèque. Il devient un gros client pour l’entreprise qui se lance. La Semitour, qui gère Lascaux 4 et d’autres sites patrimoniaux de Dordogne, suivra.

Château de Biron
Château de Biron © Déclic et Décolle

Sa méthode lui demande souvent de se lever tôt pour profiter des bonnes lumières et d’être là en fin de journée, quitte à se faire enfermer dans des sites pour être à au bon moment et à beaucoup compter sur de bonnes conditions météos avec des ciels colorés et des nuages originaux. Le temps sur écran pour valoriser ses photos est important : « de mes années de mise en page, j’ai appris à recadrer les photos pour mettre en valeur les sujets. Aujourd’hui tout le monde est abreuvé d’images, il faut trouver à se démarquer ».

Le local le fait vivre

Jardins Panoramiques de Limeuil
Jardins Panoramiques de Limeuil © Déclic et Décolle

Il a confié ses photos du Périgord à l’agence parisienne Hemis (celle qui vend celles de Yann Arthus-Bertrand) qui lui apportent de belles commandes de la presse nationale, « mais c’est le local qui me fait vivre ». En 2023, il a édité un beau livre sur le Périgord aux éditions Cairn avec des textes de l’historienne Anne-Marie Cocula. Jocelyn de Lagasnerie, par son passé de commercial, sait se vendre et cultiver son réseau. « Ce n’est pourtant pas facile d’arriver à travailler toute l’année. Les photos aériennes sont préférables aux beaux jours avec des arbres en feuille. » Ce qui ne l’a pas empêché de faire de belles séries du Périgord sous la neige. Il travaille aussi depuis le sol et dans les intérieur, toujours en jouant avec les lumières et les couleurs. À lui de trouver l’équilibre pour éviter les images trop clinquantes.

Le monde du tourisme et de l’immobilier a repéré ses images et viennent maintenant lui passer des commandes pour mettre en valeur des gites, des campings, des hôtels, des châteaux et même des collectivités. « Il faut que mes photos suscitent l’envie de venir sur place. Les professionnels repèrent mes photos dans les médias et sur les réseaux sociaux et viennent me chercher.»

Les coupoles de Saint-Front sous la neige
Les coupoles de Saint-Front sous la neige © Déclic et Décolle

Ses belles images de la cathédrale Saint-Front, de la vieille ville et du marché, font une belle publicité à Périgueux. Quand il passe dans le quartier gallo-romain, le jardin des arènes où venaient jouer ses enfants il y a des années, change d’allure vu d’en haut dans son cercle parfait avec la place centrale qui ressemble à un œil de cyclope.

Une activité réglementée

Si on peut acheter facilement des drones partout, leur utilisation doit respecter de nombreuses règles. Sur ses cartes de visite, il précise bien ses agréments auprès de la Direction générale de l’aviation civile, la DGAC, et ses qualifications professionnelles. On ne vole pas n’importe où, n’importe quand et n’importe comment. Les professionnels doivent passer un brevet qui demande de nombreuses compétences.

Avec son drone, avant le décollage
Avec son drone, avant le décollage © H.C.

Il faut tenir compte des hélicoptères et des avions quand les photos sont prises de haut, mais aussi les risques que ces grosses libellules de métal peuvent faire courir au public en cas de chute ou de mauvaise utilisation. Le pilote se rend bien visible avec un gilet orange indiquant son activité.

Au bout de cinq ans, son activité marche plutôt bien, même s’il travaille tout seul ou parfois avec l’assistance d’un autre pilote qui vient de se lancer, Laurent Droal. Il s’est aussi mis avec la vidéo, d’autant plus facilement que les machines sont polyvalentes. Le nouveau drone Mavic qu’il utilise est même équipé d’un objectif suédois professionnel Hasselblad.

Parmi ses milliers d’images, il préfère toujours celles sur le patrimoine du Périgord, qui lui demandent parfois du temps pour être là au bon moment. Il faut savoir provoquer le hasard.