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Augiéras au présent et en préhistoire

Comme par magie, un tableau d'Augiéras surgit des collections du musée. © SBT
REGARDS CROISÉS. Le Musée national de préhistoire, aux Eyzies, présente jusqu'au 28 mars et dans le cadre du cinquantenaire de la disparition de l'artiste, “Les rives primitives” qui ont baigné les créations de François Augiéras, entre préhistoire et horizons lointains. Avec la présentation inédite d'une quarantaine d'œuvres, peintures et encres.

L’exposition déroule ses étapes de l’accueil à la galerie haute et on explore sur ces trois niveaux le monde mystérieux d’Augiéras (1925 – 13 décembre 1971) amplifié par les objets et silhouettes de la préhistoire qui peuplent le musée. Paysages, personnages, une magie, archives, barques, un art d’apparition : telles sont les stations du cheminement imaginé par le commissaire de l’événement, Inna Maaimura, en lien avec la direction du Musée national de préhistoire. Dans le cadre du cinquantenaire de la disparition de l’artiste, en partenariat avec l’Office de la Culture de Domme (Augiéras repose dans le cimetière de la bastide, nid d’aigle éperdument exploré), plusieurs rendez-vous thématiques ont déjà été égrené depuis cet été. Celui-ci propose jusqu’au 28 mars une vision rare : les tableaux que des collectionneurs ont accepté de confier pour l’occasion. Miquel Barceló, attaché à Augiéras au point de montrer son œuvre avant la sienne lors de la 53e Biennale de Venise, où il représentait l’Espagne en 2009 ; Jacques Bibonne, Jean Chalon, Laure Crouzet-Fanlac, Régis David, Paul (l’ami, le frère) et Annie Placet, le Musée d’Art et d’Archéologie du Périgord (Ville de Périgueux).

Personnage sur fond d’or
1956 huile sur bois
collection M. Barceló
© Pauline Rolland, MNP, MC

Beune, Vézère, Dordogne : rivages lointains

La vie de François Augiéras est aimantée par le Périgord et l’Afrique, deux aspirations et inspirations primitives ; l’imagination débordante d’un ailleurs, autrement, et la réalité vécue entre Domme, Les Eyzies, Périgueux et Brantôme. En réunissant sous les falaises des Eyzies l’œuvre peint de l’artiste, le frottement de la modernité de son regard et du contexte de la vallée de l’Homme fait des étincelles. La trajectoire artistique prend tout son sens.

C’est un rassemblement inédit que proposent les organisateurs de ce regard croisé entre les traces de la préhistoire et ces peintures épargnées d’une production perdue. Aventurier faisant de l’art dans sa vie et de sa vie un art, François Augiéras a imprimé une dose de magie dans son parcours terrestre, un sortilège permanent où certains ne voient que malédiction. L’homme et ses écrits peuvent continuer à faire débat, l’œuvre peinte rassemble amateurs éclairés et curieux des temps modernes : les visiteurs se laisseront surprendre par le rythme et l’atmosphère de cette alternance organisée dans les collections (avec un bémol sur la pénombre qui peut empêcher de profiter de quelques lumineuses huiles sur bois), et plongeront dans les archives (photographies et notes manuscrites, articles publiés dans la revue Structure) témoignant de la vie et l’œuvre d’Augiéras et de son double, Abdallah Chaamba.

Paul Placet, ami d’Augiéras et prêteur de plusieurs œuvres, aux côtés d’Inna Maaimura, commissaire de l’exposition, et de Nathalie Fourment, directrice du musée national de préhistoire depuis un an. © SBT
Jeune magicien – avant 1955- encre sur canson – collection Paul et Annie Placet- “Jeune magicien sortant par le trou de la cheminée, s’élevant
dans le ciel à l’aide de son bâton magique.” (F. Augiéras) © Pauline Rolland, MNP, MC

Évaporations de l’Abri Casserole

Lors du vernissage, Paul Placet a ravivé ses souvenirs des années 1950, lorsqu’il était instituteur aux Eyzies : l’Abri Casserole qu’il avait investi, juste au-dessus du musée, fut un refuge pour Augiéras, une piste d’envol pour son imagination débordante, entre l’appel cosmique et les sensations de la roche, l’attraction terrestre.

L’art rupestre de nos ancêtres et le lien essentiel avec la nature parlent alors à tous ses sens : le retour aux origines, qui marque cette époque pour bien d’autres artistes (Picasso, Malraux), donne un nouvel élan de modernité. Augiéras a soif de création. Il prend refuge en Périgord, au sens spirituel, enracine son univers en expansion dans cet espace-temps figé sur les parois, et noue un dialogue invisible avec ses frères de la nuit des temps.

Abdallah – circa 1960 – huile sur bois – collection Paul et Annie Placet © Pauline Rolland, MNP, MC

• Pour aller plus loin : François Augiéras – L’aventure cosmique. Cet ouvrage collectif avec CD proposé par Les éditions du Ruisseau accompagne le programme d’hommage débuté en fin d’été.

Rendez-vous autour de l’exposition

• Samedi 15 janvier, 17h : Le Diable ermite, concert-conférence avec Benjamin Bondonneau, Lionel Marchetti et Jean-Yves Bosseur à l’auditorium du musée.

• Jeudi 10 février : Visite commentée par Marc Saboya, historien de l’art (11h scolaires, 15h tout public)

• 12 – 28 mars : Printemps des Poètes. Des lectures de textes de François Augiéras accompagneront toutes les visites. Un arbre à poèmes attendra de bourgeonner sous vos récits.

• Samedi 26 mars, 18h : Le voyage d’un mort, dévernissage avec Inna Maaimura (projection vidéo) et David Chiesa
(musique improvisée)

• 19 – 20 mars : Week-end Musées Télérama. Accès libre aux collections et aux expositions temporaires pour les visiteurs munis du Pass Musée Télérama.

(réservations obligatoires)