C’est bien connu, on se rend compte d’un besoin lorsqu’on y est confronté. Vincent Desmas a imaginé en une nuit le concept d’Atchoum car il ne pouvait plus conduire après une intervention médicale. Il recherchait un conducteur qui puisse l’accueillir ponctuellement. C’était en 2015. Et dès 2017, Atchoum devenait le coup de cœur d’un appel à projet lancé par l’incubateur de startups créé par Peugeot, à Lille. Depuis cette date, les conducteurs adhérant à la plateforme sont répartis dans 25 départements utilisateurs de cette solution en France, dont la Dordogne contribue fortement à la dynamique puisqu’elle figure en tête par le nombre de territoires engagés (communautés de communes, pays, communes)*. Ce 21 octobre, la communauté de communes Isle-Vern-Salembre présentait sa participation à la plateforme.
Atchoum, ça sert à quoi ?

Vous avez un rendez-vous chez votre médecin la semaine prochaine, vous n’avez pas de véhicule pour vous y rendre. En appelant le numéro de la plateforme (0 806 110 444), vous exposez votre besoin et selon les conducteurs inscrits, votre voyage est validé (dans 80 % des cas). L’organisation de cette mise en réseau repose sur l’adéquation du trajet et de son horaire. Le conducteur est souvent un jeune retraité, un membre d’association locale ou une personne en activité qui se rend à son travail. « Atchoum est une solution de mobilité en milieu rural qui répond justement au besoin de déplacement de ses habitants, par la mise en relation avec un conducteur qui peut répondre favorablement à une demande, explique Vincent Desmas, son fondateur. Plus il y a de conducteurs inscrits, plus on a de chance de satisfaire les demandes ».
Comment ça fonctionne ?
Le mode de fonctionnement est simple. L’utilisateur fait sa demande de trajet, celui-ci est validé par un conducteur, le coût du trajet est payé par l’utilisateur au conducteur. Le voyage se déroule comme convenu entre l’utilisateur et le conducteur. La plateforme gère le versement des frais du trajet au conducteur quel que soit le mode de paiement choisi par l’utilisateur. « Le lien social n’a pas été oublié, complète Vincent Desmas. Tous deux créent une connexion qui favorise les voyages ultérieurs. Lors d’une nouvelle demande, le conducteur précédent est averti de façon préférentielle. Il a une heure pour valider la demande, sinon ce sont les autres conducteurs du secteur qui sont sollicités. Il reste quelques demandes non satisfaites malheureusement. »

L’entraide générationnelle est au cœur du mouvement : forte de huit ans d’existence, cette plateforme est très utilisée par des personnes âgées vivant en milieu rural qui n’ont pas d’accès internet ni de téléphone mobile. La solution du centre d’appel est plébiscitée car elle est souple et gratuite. Le paiement des trajets avec les tickets mobilités permet aussi de se passer de l’usage de la carte bancaire. Ces tickets sont achetés à l’avance, par carnet, ils n’ont pas de date de péremption, leur numéro est donné à l’opérateur lors de la validation du trajet.
« La plateforme ne coûte rien aux utilisateurs et aux conducteurs, en dehors de l’adhésion, car elle est financée par les partenaires locaux, associations ou structures qui la promeuvent. Selon les territoires et les actions engagées, des partenaires historiques comme Peugeot-Stellantis, la Carsat, une MSA, une CPAM, Malakoff Humanis, les collectivités locales s’impliquent sur leur territoire. »
Transport solidaire versus covoiturage
La plateforme propose de mettre en relation deux types de besoins : le transport solidaire et le covoiturage. Le premier est un service d’entraide où un bénévole conduit une personne en difficulté pour un déplacement essentiel ; le covoiturage permet de mutualiser les coûts de déplacement en partageant un trajet.

Pour Jean Michel Magne, président de CCIVS, « les deux besoins s’inscrivent dans une démarche sociale à laquelle adhère notre communauté de communes. ils répondent à notre enquête qui met en avant la santé et la mobilité en tête des réponses. Nous continuons à tisser des liens entre les administrés avec plusieurs autres essais comme la “navette jeunes”. C’est une réponse à un besoin de solidarité, avec une solution à la portée de tous, un simple coup de fil qui va nous guider ».
Les équipes de la communauté de communes Isle Vern Salembre s’apprêtent à faire connaître au plus grand nombre les fonctionnalités offertes par Atchoum avec un kit communication distribué aux communes participantes. Mais il faut savoir que même sur les territoires où Atchoum fonctionne très bien, seuls 10 % des habitants connaissent son existence.
« Les agents vont participer à des actions mobiles pour approcher le maximum d’habitants, poursuit Jean Michel Magne, des salariés et acteurs économiques afin d’augmenter la notoriété de cet investissement qui a été en partie financé grâce au Fond Vert ». L’adhésion à Atchoum est signée pour 3 ans.
* Les adhérents : Communauté de communes Isle Vern Salembre, Communauté de communes Pays de Saint Aulaye, Pays Périgord Noir (6 communautés de communes), Communauté de communes Domme – Villefranche du Périgord, Communauté de communes du Pays de Fénelon, Communauté de communes Sarlat Périgord Noir, Communauté de communes Terrassonnais Haut Périgord Noir, Communauté de Communes de la vallée de l’Homme, Vallée de la Dordogne et Forêt Bessède, La commune de Montpon sur l’Isle
Atchoum en quelques chiffres

Lors de son intervention, Vincent Desmas a répondu aux questions des personnes présentes :
- 650 territoires ruraux français développent cette solution
- 100 % : les conducteurs sont assurés tous risques pour leur trajets avec Atchoum, quel que soit le contrat d’assurance de leur véhicule
- 90 % des trajets concernent le transport solidaire (10 % seulement pour le covoiturage)
- 80 % de réponses positives aux demandes de trajets (le maillage du territoire n’est pas complet et certains trajets vers des CHU sont très longs)
- 70 % des trajets sont réglés au moyen des tickets mobilités achetés par les personnes auprès des structures proposant la vente de ces carnets (CCAS, CIAS, collectivités, associations partenaires, commerces locaux…)
- 60 % des trajets sont réservés en utilisant le centre d’appel (40 % utilisent le site web ou l’application)
- Plus de 50 % des conducteurs… sont des conductrices. L’une d’entre elles a déjà plus de 600 trajets au compteur
- 50 % des trajets font moins de 12 km aller/retour
- 12 km au maximum pour la majorité des trajets (certains comptabilisent 160km aller/retour, voire beaucoup plus avec un exemple en Périgord Noir pour une série de trajets à destination de Toulouse)
- 5 € : c’est le coût de l’adhésion à l’association Atchoum pour le conducteur (assurance du véhicule comprise)
- 3 personnes travaillent actuellement au centre d’appel
- 2 à 3 jours minimum avant le besoin de déplacement (il faut contacter la plateforme pour solliciter un conducteur, on peut parfois convenir d’un trajet en quelques heures)
- 0.32 € le kilomètre payé au conducteur par le passager sans aucun prélèvement ou frais d’intermédiaire collectés par Atchoum
- 0 % d’imposition fiscale pour les rémunérations perçues par les conducteurs.
- Service gratuit, numéro d’appel sans frais de connexion