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Une voix japonaise pour parler du Périgord

Chinatsu et Geoffroy de Lagasnerie à Creyssensac
Chinatsu et Geoffroy de Lagasnerie à Creyssensac © H.C.
LYRIQUE. Chinatsu Saito de Lagasnerie est une chanteuse d’opéra qui a découvert la Dordogne en épousant un Périgordin. Elle a envie de faire découvrir ses plaisirs à ses compatriotes

« Je ne connaissais pas la Dordogne, avant de rencontrer mon mari il y a une quinzaine d’années. Je passe beaucoup de temps au Japon, à Tokyo, au moins six mois par an. J’habite souvent en France, à Paris depuis longtemps où j’ai été étudiante, mais je n’imaginais pas un tel endroit avec autant d’espace. C’est incroyable vu de Tokyo. » Chinatsu Saito de Lagasnerie a épousé Geoffroy, dont la famille possède depuis quatre générations le petit château de Creyssensac, dans la région de Vergt.

Elle y vient habituellement pour des vacances ou des réunions de famille. Mais cette année, ce sera aussi pour donner, pour la première fois, un concert en Dordogne, le 14 août au Festival de Saint-Amand-de-Vergt, à quelques kilomètres de là. Elle est chanteuse d’opéra, née à Tokyo. « J’ai appris le bel canto, le chant lyrique européen d’abord au Japon, puis en Italie et en France. »

Sa mère, artiste lyrique formée au Japon et aux États-Unis, animait des émissions pédagogiques de télévision sur la musique. « Elle a décidé que je serai musicienne : elle m’a fait apprendre le piano à partir de 5 ans, avant de passer au chant parce qu’elle trouvait que j’avais de la voix depuis que je suis née.» Elle est depuis devenue soprano soliste diplômée à l’École normale de musique à Paris.

Le français est une langue difficile

Un concert à Paris dans l'église Saint-Germain l'Auxerrois
Un concert à Paris dans l’église Saint-Germain l’Auxerrois © DR

Sur son curriculum vitae Chinatsu Saito de Lagasnerie aligne des concerts au Japon et en France depuis des années. Parmi ses fiertés, elle a participé à l’ensemble Accentus, notamment pour un concert à la salle Pleyel dirigé par Pierre Boulez. Elle chante en français, comme en italien, en anglais, en allemand, en polonais ou en russe, livrets appris phonétiquement. « Parler le français est difficile pour un Japonais », avoue-t-elle, même si elle se débrouille très bien.

Son mari, Geoffroy de Lagasnerie (homonyme d’un philosophe médiatique), est un spécialiste en estampes et livres anciens japonais qui travaille à Paris et passe beaucoup de temps à Tokyo. « Je me suis mis au japonais, mais c’est très difficile pour moi aussi. Heureusement que j’ai une bonne traductrice. »

Les solistes en tenue pour un concert de Singing
Les solistes pour un concert de Singing © DR

Au Japon, les concerts de Chinatsu sont souvent avec une formation de solistes et pianiste, sous le titre Singing in Tokyo pour des spectacles qui font découvrir les grands airs du lyrique européen, avec parfois un mélange populaire de musiques de compositeurs japonais. Ce qui peut sembler exotique pour bien des asiatiques qui n’ont pas cette culture musicale. « Le Japon a été fermé durant très longtemps à la musique européenne », rappelle l’artiste.

 

Saint-Front et foie gras aux figues

La chanteuse prépare un concert à Saint-Amand de Vergt
La chanteuse prépare un concert à Saint-Amand de Vergt © H.C.

La cantatrice japonaise est séduite par le Périgord. « Ici je trouve l’air différent. À Tokyo, il y a du monde partout. Paris, c’est sale. Ici c’est extraordinaire, avec le chant des oiseaux, le vent et la nature. La Dordogne ressemble à la Toscane en Italie. J’aime ses paysages. »

À Périgueux, Chinatsu aime beaucoup la cathédrale Saint-Front : « elle est magnifique avec ses dômes. Il y a aussi la nourriture, le foie gras aux figues de la maison Requier, tout ce qu’on trouve sur les marchés à Vergt ou à Périgueux. Les fraises, le confit de canard, les truffes… J’adore. On trouve des produits à base de truffes au Japon.» Elle cite aussi le chevreuil ou le sanglier apportés par des chasseurs, cuisinés selon les recettes de Mémé trouvées sur YouTube.

Pour le vin, c’est du pécharmant et pour les fromages, du chèvre du Périgord. « Parfois, la nourriture japonaise avec le poisson et les algues me manquent. On ne trouve pas tout ici. » Il n’empêche qu’elle aimerait faire davantage découvrir le Périgord à ses compatriotes et le Japon aux Périgordins en proposant spectacles et expositions dans des châteaux. L’appel est lancé.

À l’affiche à Saint-Amand-de-Vergt

La 46e édition de ce festival de musique classique, l’un des plus anciens du Périgord, accueillera jeudi 14 août Chinatsu Saito de Lagasnerie accompagnée par la pianiste japonaise de Bordeaux Hilomi Sakaguchi. Au programme des œuvres de Ravel, Haendel, mais aussi d’illustres compositeurs japonais plus ou moins connus en France comme Hisaishi (qui a écrit les musiques des dessins animés de Miyazaki), Takemitsu (qui a accompagné des films de Kurosawa et d’Oshima), ou Kimura (guitariste autour de nombreux succès au Japon).

• Concert à 21 heures dans la magnifique église du village (les bénéfices servent à sa restauration). Places: 20 euros adultes, 10 euros enfants. Renseignements et réservations au 05 53 54 71 12. 06 72 78 70 18. 06 81 80 74 22.