Accueil BIEN aimé Une voix du Périgord à l’Opéra

Une voix du Périgord à l’Opéra

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Un brillant timbre de mezzo, une belle prestance et un sourire éclatant définissent Nathalie Espallier. Cette chanteuse lyrique, Périgourdine d’origine, participe depuis des années aux chœurs de l’Opéra de Paris. Retour sur un parcours entre le Périgord et la Capitale.

Nathalie Espallier est née à Paris mais elle est arrivée en Dordogne à l’âge de huit ans. Sa mère est originaire de Grand-Brassac et son père de Mensignac. Retour aux sources pour ses parents qui sautent sur une opportunité professionnelle : ils feront tous les deux leur carrière chez Molinier, une entreprise qui fabriquait des vêtements à Périgueux. Nathalie et sa sœur grandissent dans le quartier du Toulon où elles fréquentent l’école primaire. Ensuite c’est le collège du Gour-de-l’Arche puis le lycée Laure-Gatet. À l’époque, les références musicales des adolescentes sont plus portées vers la variété que l’opéra ou la musique classique. Nathalie Espallier passe un baccalauréat littéraire (lettres et langues) et s’inscrit à la faculté de Bordeaux pour des études de lettres. Mais depuis sa plus tendre enfance elle n’a qu’une idée en tête : devenir comédienne. Elle est montée la première fois sur les planches lors d’un stage de théâtre au lycée. Un bon début qui lui a donné envie de poursuivre dans cette voie.

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Entre théâtre et opéra

À Bordeaux, elle intègre la compagnie de théâtre du Groupe 33, une institution aujourd’hui cinquantenaire… En même temps elle suit des cours de chant et travaille d’arrache-pied avec Robert Massard — un célèbre baryton palois — pour préparer le conservatoire de Bordeaux. Manque de chance, le jour du concours elle est aphone. Elle ne se décourage pas. Elle part à Paris pour une formation de comédienne à l’École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre de la rue Blanche tout en suivant des cours de chant. Difficile de faire un choix entre le chant et le théâtre ; un prix de chant avec les félicitations du jury au Conservatoire à Rayonnement Régional d’Aubervilliers et sa participation à divers concours la poussent définitivement vers l’opéra.

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Elle débute sa carrière à l’Opéra d’Angers puis à l’Opéra de Dijon avec le rôle-titre dans Carmen de Georges Bizet qu’elle a ensuite interprété très régulièrement. Suivent d’autres rôles sur diverses scènes nationales et internationales (Paris, Prague, Alger, Jérusalem,) et festivals lyriques : Maddalena, Nicklauss, Fenena, Presiosilla, la première Prieure du Dialogue des Carmélites, La Reine dans Hamlet, etc. Venant du théâtre, elle incarne aussi de nombreux rôles d’opérettes : La Grande Duchesse de Gérolstein, Marion des Saltimbanques, Orlovsky, Czipra du Baron Tzigane, Metella… En musique sacrée, elle se produit dans les Requiem de Mozart et Verdi, Stabat Mater de Rossini et Pergolèse, La Petite Messe Solennelle de Rossini.

Chanter sur les grandes scènes de divers opéras en France ou à l’étranger est toujours très gratifiant, mais le récital est une forme que Nathalie Espallier affectionne plus particulièrement pour son rapport intimiste avec le public. D’ailleurs elle donne des cours de chant chez des particuliers car elle aime la relation humaine et la transmission. Dans un agenda bien rempli entre ses récitals et ses cours, elle prend place dans des productions de l’Opéra de Paris.

Plaisirs quotidiens

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Aujourd’hui Nathalie Espallier interprète des rôles qui correspondent à sa pleine maturité vocale. Quand elle parle de sa voix de mezzo, elle lui attribue la couleur noire et brillante « une voix sombre avec du caractère ». Elle ajoute en souriant que les mezzos femmes chantent parfois des rôles d’hommes jeunes que l’on appelle des travestis de théâtre et également des rôles de sorcières, de femmes fatales, de séductrices ou même de gitanes.

Elle travaille sa voix et chante tous les jours même lorsqu’elle n’est pas en représentation. Son temps libre, elle le consacre aux expositions, aux spectacles et à la lecture. Elle aime la littérature classique et anglo-saxonne, le roman et la poésie. Son autre passion, ce sont les animaux et elle a même suivi une formation d’aide vétérinaire en e-learning : « Après la Covid, la reprise a été difficile aussi je me suis dit que peut-être je pourrais me reconvertir ; pour l’instant, faute de temps, je n’ai fait qu’un stage d’un mois en hôpital vétérinaire ».

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Ses plaisirs ? Les balades à vélo la nuit dans Paris, pour le côté romantique, et revenir dans sa famille à Annesse-et-Beaulieu pour retrouver ses racines, ses souvenirs d’enfance et notamment Laurence, une amie d’école primaire. Elle se ressource et elle adore les grandes promenades dans la campagne périgourdine ou le long du canal d’Annesse en compagnie du chien de la maison.

« À Périgueux, je passe souvent devant la maison de Patrick Brou de Laurière où travaillait ma tante. C’était un excellent pianiste et un très bon chanteur. C’est lui qui m’a emmenée pour la première fois à l’Opéra de Bordeaux. Je ne l’oublierai jamais ».

À chacun sa voix

Les voix de l’opéra sont classées du plus aigu au plus grave.

Les voix féminines sont divisées en trois groupes : soprano pour la plus aigüe, mezzo-soprano entre le soprano et l’alto (plus grave) et contralto pour la plus basse.

Les voix masculines sont divisées en quatre groupes : contre-ténor très aigüe qui chante en général avec les voix de femmes soprano ou mezzo, ténor pour la plus aigüe, baryton entre le ténor et la basse, et basse pour la plus grave.