Plus que jamais, la belle revue Sédiments des Éditions du Ruisseau porte bien son nom, pour son dix-huitième opus consacré aux falaises. Romain Bondonneau, son auteur prolifique qui est aussi son éditeur, a grandi sur l’une d’elles : la Malartrie, du côté de Vézac, dans la vallée de la Dordogne. Une falaise de 90 millions d’années, au calcaire patiemment fabriqué par des sédiments marins, avant d’être érodée par le vent et par l’eau.
Verticalités
Ce paysage vertical se décline sous d’innombrables facettes, de sa géologie à sa faune de rapaces et d’hirondelles acrobates, à sa flore nichée dans les moindres anfractuosités, à ses histoires comme la roche tarpéienne d’où les ambitieux peuvent tomber de haut et bien sûr à sa préhistoire quand ces curiosités fournissaient des abris et des espaces artistiques à nos ancêtres. Le sujet est inépuisable. Romain Bondonneau a écrit seul les textes, après une préface précieuse offerte par Maylis de Keranglal. Un quatuor de photographes amis et des dessins de son frère artiste polyvalent, Benjamin Bondonneau, ont illustré les pages.
Inventaire poétique
Les falaises sont prétextes à se poser des questions sur le sens de la vie, « un pas de plus et si on voulait… », sans oublier le sacré qui s’en mêle dès que l’on sort de la routine quotidienne. Parfois des pierres tombent et c’est le drame ! L’auteur en a tiré un inventaire savant et poétique, en faisant appel à quelques références littéraires adorées comme François Augiéras, Pierre Michon ou le poète belge Henry Bauchau.

Pour lancer cette revue, Romain Bondonneau était accueilli le 9 mai par la conservatrice Nathalie Fourment, sous le grand abri de la falaise du musée national de préhistoire aux Eyzies, devant un public conquis d’avance par cette joyeuse érudition, bourrée de références de proximité.
Bref, dans ce Périgord noir qui serait un triste plat pays sans ces murs aux allures de vagues pétrifiées, chacun a ses histoires liées à ce paysage inspirant. En bon descendants des Gaulois, la seule crainte est que ces falaises nous tombent sur la tête.
• Sédiments se trouve dans toutes les bonnes librairies de Dordogne et sur son site Internet (Éditions du Ruisseau, 22 euros).
Un autre Bondonneau pour la nuit des Musées

Ce samedi 17 mai, à partir de 18 heures, c’est Benjamin Bondonneau, le frère de Romain, qui intervient au Musée national de Préhistoire et dans le bourg des Eyzies pour une série de performances avec la compagnie Le chant du moineau. Avec Flore Audebeau et Wilfried Deurre, il va créer son spectacle “Les hybrides” sous la halle paysanne, après avoir proposé de déambuler dans le musée où seront parsemées des créations.
Toute une soirée d’événements décalés et gratuits avec des lectures, des improvisations, un clown et pour finir, à 22 h 30, un concert sous le grand abri proposé par Géraldine Keller et Xavier Charles. Cette nuit-là, tous les musées s’animent et se visitent autrement.