Des univers qui n’ont pas forcément l’occasion de se croiser se rencontrent ici pour réaliser le projet PopCollection : personnes aidées par le Secours populaire, bénévoles, citoyens, grands noms de la haute-couture, artisans locaux, étudiants, professionnels périgourdins de la mode… À l’heure où l’on entend beaucoup (trop) parler de Shein, ils luttent à leur façon contre la catastrophe écologique de la fastfashion au moyen du recyclage, du réemploi et de la seconde main… un usage dont le Secours populaire français est un acteur de longue date (l’association a 80 ans cette année), qu’il s’agisse de meubles, d’objets ou de vêtements (des personnes en difficultés acquièrent à prix symboliques ce qui n’est plus utile à d’autres). « Cette démarche était précurseure, elle est aujourd’hui une urgence vitale face à l’essoufflement de la planète à absorber nos déchets », notent les responsables périgourdins.
N’en jetez plus !
Hélas, la filière de recyclage des vêtements usagés fait face à une crise inédite des débouchés, on l’a vu en Dordogne avec la fin de La Tresse qui remplissait pourtant un rôle essentiel de collecte et de traitement des tissus. Les pays pauvres vers lesquels nos vêtements sont envoyés, en Afrique notamment, croulent sous ce que nous ne voulons plus porter. La part destinée à la fabrication de matières isolantes, traitée en France, se heurte à la mauvaise qualité de ces tissus. Nous arrivons au bout d’un système qui nous submerge. « Il y a urgence à changer notre façon de nous habiller. »
Davantage d’humanité à la mode
Une promesse pour l’avenir a éclos sur cette réalité inquiétante : la Fédération de Dordogne du Secours populaire (550 bénévoles actifs, et plus de 1200 inscrits, 13 600 personnes aidées, 3000 donateurs, soutiens et partenaires) « se paye le luxe » d’une collection de vêtements de seconde main accessible à tous, avec le soutien solidaire de grands créateurs. Pour cette PopCollection, les habits professionnels (bleus de travail, pantalons pâtissiers et uniformes portés par des “travailleurs de l’ombre”) ou en matière saines sont repérés parmi les vêtements reçus en don par l’association pour être valorisés. Place alors à L’UpCycling (transformation et embellissement des vêtements de seconde main), pour trouver un style singulier. Là intervient Magloire, avec des créateurs-couturiers reconnus (Pierre Courtial, ancien directeur du studio et maison Pierre Cardin ; Clément Isel, créateur des tenues des athlètes français (podium et village) lors des Jeux Olympiques de Paris ; Maya Persaud, directrice et cofondatrice de l’atelier solidaire Espero France (upcycling et insertion par la couture), des acteurs de la mode, des lycéens en formation et certaines entreprises engagées pour faire naître une collection pas comme les autres.
Solidarité circulaire
Ces prototypes de mode confectionnés à partir de tenues de travail revisitées, à la fois hommage et symbole, devraient défiler dans des endroits inattendus : un château en Dordogne, des ateliers professionnels, les locaux du Secours pop’, à la Fashion week, dans un hôpital… et un peu partout en France où cette collection « made in Périgord » prouvera que d’autres usages sont possibles.
Les ateliers de la PopCollection, composées de bénévoles et de personnes aidées dans une volonté de supprimer les frontières entre « donnant et aidés », mettent en œuvre une solidarité à la fois populaire et circulaire. Ainsi se partagent des masterclass proposées par les élèves de la section Mode du lycée professionnel Léonard de Vinci, à Périgueux… En attendant d’autres surprises.
Des vêtements qui n’ont pas de prix
L’équipe pédagogique et la direction du lycée Léonard de Vinci, à Périgueux, sont mobilisés depuis le début : elles ont proposé un workshop (masterclass) de couture d’une semaine au sein de l’établissement, en début d’été. Jeunes et professeures ont partagé leurs compétences et formé des bénévoles de 13 ans à 73 ans.
L’option “PopCollection” est ouverte aux lycéens de la section Mode tous les mercredis de l’année scolaire 2025-2026. Les futurs vêtements de la collection seront disponibles dans les espaces du Secours populaire et en marge des défilés. Côté prix, encore une originalité (expérimentée avec succès dans l’espace Solidaire “Pop aux trésors” à Périgueux) : il n’y en aura pas, juste des indications de fourchette qui permettront à chacun de participer en conscience, selon ses moyens.
L’objectif est de créer régulièrement une nouvelle collection et que d’autres Secours populaire de France puissent s’approprier le concept.
