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Territoires mutants, entre village et périphérie

RURALITÉ. Olivier Chadoin, sociologue ancré en Périgord, a mené une étude sur une commune très voisine de notre département, Sainte-Foy-la-Grande, avec un cercle d'observation qui porte jusqu'au Bergeracois. Le monde rural tout entier peut se reconnaître dans les stigmates décrits... et les solutions possibles.

Pour écouter le podcast, c’est ici

 

En prélude à la Grande traversée, proposée à l’occasion des journées européennes du patrimoine par www.echelle1.org et l’Agora de Boulazac pour promener le regard des citoyens de l’agglomération de Périgueux sur le paysage périurbain — avec en ouverture la conférence d’Olivier Razemon (17 h, Le Cube, plaine de Lamoura, Boulazac*), auteur de “ Comment la France a tué ses villes” —, nous vous proposons une rencontre (audio de 45 mn en haut et en bas de page) avec Olivier Chadoin, sur le thème voisin de la dévitalisation moyen-urbaine et du glissement périphérique.

Ce Périgourdin, Maître de conférences en sociologie enseignant à l’École nationale supérieure d’architecture et de paysage de Bordeaux, chercheur au Centre Émile Durkheim et à PAVE (Profession Architecture Ville Environnement), vient de publier « Fin du village ou « ghetto rural » ? Misère de la France périphérique », aux éditions L’Harmattan, dans la collection Habitat et société.

Questions d’équilibre

À travers l’étude de terrain menée à Sainte-Foy-la-Grande, il observe plus largement le sort des petites et moyennes villes longtemps oubliées par les chercheurs alors que l’attractivité des métropoles attire plus avantageusement les regards. L’émergence du mouvement des gilets jaunes puis la crise sanitaire ont souligné que le devenir de ces territoires était un enjeu national.

L’étude menée par Olivier Chadoin en 2015 reste d’une actualité brûlante. Le déclin d’une France périphérique retient désormais l’attention des élus et des citoyens. En détaillant un cas particulier, presque un cas d’école, le sociologue mène une enquête ethnographique précise sur fond de débats souvent généraux sur les « diagonales du vide » et autres cartes postales folkloriques locales. Il questionne et observe, croise les témoignages, apporte des précisions chiffrées, photographie diverses formes d’habitat, suit les pistes alternatives, évoque les boutiques fermées et la friche commerciale plus lourde, sans oublier le déplacement de la vitrine touristique… vers la zone d’activité commerciale proche du supermarché et de la rocade. Tout un symbole.

« Comment » plutôt que « pourquoi »

Son analyse ouvre des perspectives sur des recompositions territoriales et de nouvelles solidarités, elle révèle des inégalités invisibles, des représentations posées sur une morphologie spatiale, pointe des expériences riches d’enseignements, s’attache à comprendre le fonctionnement et l’aménagement d’un territoire. C’est juste de l’autre côté de la Dordogne… l’histoire d’une bastide qui nous regarde.

 

* Suivie du vernissage de l’exposition de Kristof Guez, “Le grand observatoire” et des projections des films ”Le Grand Observatoire” d’Antoine Boutet et ”Décentré” de Xavier Champagnac. Le lendemain, randonnée urbaine sur la voie verte entre Marsac-sur-l’Isle et Boulazac-Isle-Manoire, d’ouest en est de l’agglomération, pour une immersion avec des habitants, artistes, élus, paysagistes et architectes, découverte de plusieurs formes de patrimoine (connu, méconnu ou ignoré) et expérience collective du paysage. Une observation au travers des prismes du bâti, de l’activité humaine, de la nature.