MORGANE DE LUI. Le spectacle "Renaud, dis papa..." de et avec Guilhem Surpas, coécrit et mis en scène par Laurent Labadie, repart en tournée en Dordogne. Dans le sillage du "chanteur énervé", il offre une réflexion universelle sur la transmission et la filiation.
Renaud ? Un « père spiritueux » revendiqué pour l’hommage que lui rend ce spectacle de théâtre musical de Guilhem Surpas. Le public le suit une heure durant, s’imagine chevauchant à ses côtés une furieuse pétrolette white horse sur les routes de Dordogne, rit en comprenant ce qu’il faut des séquences occitanes détournant la pub sur l”ami du petit déjeuner” ou racontant une expédition épique vers un concert de Renaud à Angoulême. L’exercice d’admiration, s’agissant de Renaud, vire bien sûr au brin de provocation, en tricotant ambiance titi parisien et cadre rural.
Avec Laurent Labadie (l’une des voix occitanes d’Ici Périgord) à la coécriture et à la mise en scène, on s’attend bien sûr à un gentil délire (très mince, pour rester dans les vannes sur Renaud). Et côté voix, en entend d’emblée que Guilhem (se) Surpas, avec une puissance un ton plus fort que l’original.
« Renaud, dis papa… » mêle souvenirs d’enfance, transmission et identité. Le musicien, comédien et auteur s’interroge sur sa filiation en même temps que son rapport à Renaud, dévoilant son parcours personnel entre deux univers culturels. « D’un côté, l’occitan, langue familiale imposée avec rigueur par un père passionné – dictées dominicales et apprentissage sans concession où « on n’était pas là pour plaisanter. » De l’autre, la découverte à dix ans de Renaud, figure artistique qui deviendra un père de substitution à travers ses chansons abordant la tendresse et la fragilité. »
C’est en jouant la dualité de deux instruments, accordéon et guitare, que l’artiste évoque ses tiraillements, « l’accordéon diatonique, symbole de la tradition occitane et d’un certain rapport au passé, mais aussi objet associé à « la vergonha » – cette honte intériorisée face à une culture dévalorisée. Face à cet héritage complexe, la guitare incarne le rock, l’Amérique et une forme de modernité bien plus séduisante – comme il le confie avec humour : la guitare, c’est plus facile pour draguer… » Et entre ces deux mondes se tient aussi la Mère et son rapport à la Terre, au vivant.
Une approche délicate
Ce spectacle de théâtre musical, coproduction Compagnie du Chien Rouge & La Chicane, repose sur le travail de mise en scène de Laurent Labadie qui a su « créer un espace où Guilhem peut explorer des sujets profondément personnels sans tomber dans le pathos ou la complexité excessive ». De quoi aborder « l’intime avec justesse, équilibrant émotion et légèreté, rendant accessible à tous ce voyage intérieur ». Les amoureux de Renaud auront plaisir à retrouver la dizaine d’extraits de chansons qui rythment le propos, du percutant « Hexagone » au tendre « Pierrot » en passant par le facétieux « En cloque » et le terrible « Mort les enfants ». Toutes ces paroles ont traversé le temps pour sonner encore à nos oreilles.
Le spectacle « interroge le passage à l’âge adulte et le rapport à sa propre paternité. À travers son expérience personnelle, Guilhem Surpas nous fait prendre conscience des écueils de la transmission : comment partager nos passions avec nos enfants sans les leur imposer ? Comment éviter que nos propres choix, nos propres enthousiasmes ne deviennent pour eux un fardeau susceptible de les en détourner définitivement ? » Autant de nuances apportées sur la façon d’être un fils, un homme et un père, sur la construction d’une identité en échos à des héritages choisis ou imposés.
Prochains rendez-vous
• samedi 11 octobre : Le Café Pluche, Comberanche et Épeluche (semaine de la parentalité)
• dimanche 19 octobre : Café associatif de Léguillac de Cercles
• vendredi 07 novembre : Le Café Léon, Saint-Léon-sur-Vézère
• samedi 15 novembre : Café associatif, Saint-Martial d’Artenset
• 07 février 2026 : Comité Culturel de Cénac-et-Saint Julien
C’est grâce aux partenariats croisés de nos soutiens économiques, choisis dans une même attention au bien commun, que nous pouvons proposer un accès libre et gratuit à BIEN en Périgord.