Les preuves de sa longue et belle carrière dans la publicité tournent en boucle sur le mur de la salle de réception du château de Sauvebœuf à Aubas. Ce jour de fin septembre, Claude Douce partage avec ses amis ses plus beaux souvenirs collectionnés dans un livre de mémoire qui sort dans le librairies début octobre.
Il a construit sa réputation et sa fortune en trouvant des slogans et des astuces qui sont passés à la postérité, accrochés à des marques populaires, sous les bannières de grandes agences comme Bélier ou Mc Cann Erickson. Qu’elles agacent ou font sourire, ces pubs d’un autre temps éveillent pour beaucoup de monde de forts souvenirs d’images de télévision, d’affichage ou de pages dans la presse depuis les années soixante. Beaucoup de monde ne sait pas que Claude Douce, devenu Périgordin, a été avec ses équipes de créatifs derrière ces formules souvent entrées dans la culture populaire.
Des idées à gogo
La liste est longue. Le fameux “What Else” avec l’acteur Georges Clooney a lancé les capsules de café Nespresso en les rendant désirables. Le bébé Lotus les fesses à l’air appelant sa mère avec son rouleau de papier toilette est dans toutes les mémoires. Les stars qui font briller les cosmétiques de l’Oréal par un “Parce que je le vaux bien” continue à se décliner. Le chanteur Carlos avec son tube enfantin pour la boisson Oasis, ”Qu’est-ce que tu bois Doudou dis donc”, est resté dans les têtes. ”Le poids des mots, le choc des photos” qui a relancé le magazine Paris-Match, reste vivace.
Serge Gainsbourg avec Martini ”On the rocks”, Dalida et l’apéritif Saint-Raphaël, la lessive Saint-Marc à la bonne odeur de pin, Conforama ”Le pays où la vie est moins chère”, les pâtes Lustucru avec Germaine et les extra-terrestres, font partie de notre culture pub… Comme les campagnes bien différentes de celui de son célèbre concurrent Jacques Ségéla.
Un autodidacte curieux
Dans ce livre écrit avec l’aide de l’ancien journaliste au Figaro Rodolphe Geisler, Claude Douce explique son goût éternel pour les innovations et l’audace. Le monde de la publicité de son époque encourageait une consommation qui ne provoquait alors aucun complexe. Un monde qui a déjà bien changé, ce qu’il regrette évidemment. « Une bonne partie des campagnes publicitaires que j’ai accompagnées et portées ne passeraient plus aujourd’hui », reconnait-il. Mais quand cet autodidacte curieux de tout, amoureux de la nature et du patrimoine, se retourne, il compte la quarantaine d’entreprises qu’il a créées durant sa longue carrière générant autour de 2000 emplois. Dans un escalier du château, des frises de photos évoquent le foisonnement de ces activités « qui ont créé de la richesse ».
À presque 88 ans, l’ancien publicitaire a gardé son regard d’adolescent boulimique d’idées, attiré par les vedettes et les gens célèbres, éternel collectionneur de tout ce qui lui tombe sous la main, surtout lorsque le sujet est insolite. Son château de Sauvebœuf acheté en ruine en 1987, a été rénové et aménagé pour accueillir toutes les collections de Claude Douce, dont un musée de la Préhistoire très riche grâce aux nombreux fonds acquis lors de ventes aux enchères durant des décennies.
Retraite active
Il a un temps transformé son château en site touristique, ouvert sa table largement pour des réceptions mettant en valeur le Périgord, accueilli des mariages et même organisé durant plusieurs années un parcours fantasmagorique pour Halloween dans une partie des salles. Bref, il a bien occupé durant des années sa retraite du monde de la publicité, mais a désormais arrêté toutes ces activités, déçu par les contraintes administratives toujours plus lourdes et de gros frais pour entretenir le château.
• Mes années Pub, cinquante ans d’innovation de Nespresso à Oasis, Claude Douce, Éditions du Rocher, 20 €.
