Accueil BIEN commun Le patrimoine de La Force, entre château disparu et assassinat d’Henri IV

Le patrimoine de La Force, entre château disparu et assassinat d’Henri IV

La Force, le pavillon des recettes, vestige en ruines d'annexes du château disparu © HC
La Force, le pavillon des recettes, vestige en ruines d'annexes du château disparu © HC
EXPOSITION TRÈS POINTUE. La famille de Caumont, qui donna les ducs de La Force, sont évoqués pour les journées du patrimoine avec visites du site de l’ancien château et présence du poignard de Ravaillac.

En Bergeracois, l’histoire de la commune de La Force est riche en histoires. Au début du XVIIe siècle, la famille de Caumont avait remplacé sa forteresse féodale par un vaste château qui se voulait le plus beau de Guyenne. En limite du bourg, il dominait la plaine de la Dordogne. Il était surmonté par l’imposante statue en bronze d’un chevalier portant le blason aux trois léopards d’or. Le premier Duc de la Force, Jacques Nompar de Caumont, protestant ayant échappé aux massacres de la Saint-Barthélemy et aux combats des guerres de religion, avait prospéré dans le pays à travers ses nombreux enfants.

Une image du château de la Force disparu DR
Une image du château de la Force disparu ©DR

Mais la Révolution française avait eu raison de ce château, vendu comme carrière de pierres. Il a servi à reconstruire le vieux pont de Bergerac. Aujourd’hui, il ne reste plus que des annexes en ruine dont la partie baptisée “pavillon des recettes” ou reconverties en habitations, hôtel ou temple protestant, face à la grande place de la mairie.

Le temple de La Force un des vestiges du château
Le temple de La Force un des vestiges du château © HC

L’histoire du château sera à découvrir lors des journées du patrimoine 2025, grâce à l’association de recherches archéologiques et historiques du Pays de la Force, l’Arah, qui fête ses 35 ans. Pour l’occasion, des visites commentées sur le terrain sont organisées samedi 20 et dimanche 21 septembre à 15 heures (rendez-vous au kiosque sur la place, entrée libre et gratuite). Après la visite au temple, des conteuses de la compagnie Roule Paroles évoqueront l’imaginaire des lieux.

Une exposition du 19 au 24 septembre à l’espace socio-culturel dévoilera aussi toutes les représentations connues de ce bâtiment disparu.

Le poignard historique exposé

Jacques Nompar de Caumont Duc de la Force
Jacques Nompar de Caumont Duc de la Force © Wikipedia

Des conférences et des expositions historiques sont organisées du 19 au 24 septembre pour faire découvrir la famille de Caumont de la Force, qui a compté dans l’histoire de France. Le clou, si l’on peut dire, sera la présentation du poignard utilisé par Ravaillac pour tuer le roi Henri IV. Car Jacques Nompar de Caumont, duc de la Force, né en 1558 dans le château de cette commune et mort au même endroit en 1652, était un fidèle du bon roi Henri. Il l’accompagnait dans son carrosse le jour de l’assassinat à Paris, le 14 mai 1610. Il avait récupéré le couteau. Sa famille l’avait conservée comme une relique dans le château de La Force jusqu’à sa destruction.Voilà comment l’arme du régicide est en possession de cette famille, après une interruption durant la Révolution française où il avait été conservé à Bergerac.

« Le poignard n’était pas revenu en Dordogne depuis, mais l’actuel duc de la Force, qui habite dans la Sarthe, a accepté de nous le prêter exceptionnellement pour une exposition », explique Philippe Jayle, le président de l’Arah. Il a œuvré avec Jean-Louis Fourcaud et les bénévoles de l’association pour organiser cet événement.

Le couteau de Ravaillac conservé par la famille de Caumont
Le couteau de Ravaillac conservé par la famille de Caumont © Paul Mignot

Il sera présenté à la salle Lestrade durant les trois jours de 10 à 12 heures et de 14 à 18 heures. Mais il faudra attendre mardi 23 septembre pour suivre la conférence d’un expert, l’ancien médecin Paul Mignot, sous le titre ”l’énigme du poignard de Ravaillac”.

Le programme de conférences aura débuté dès vendredi 19 septembre à 20 h 30 avec ”Le Périgord au temps de Jeanne d’Albret” par Jean-François Garreyte. Lundi 22 septembre, c’est l’historienne Anne-Marie Cocula qui évoquera ”mai 1610, le grand effroi de la mort du roi”.

Les légendes de Ravaillac

Ravaillac tenant un couteau à la main © PAS Crispijn de I, Musée du Louvre, Département des Arts graphiques, 3242 LR/ Recto – https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl020518338 – https://collections.louvre.fr/CGU

L’histoire de l’assassinat d’Henri IV est très liée à l’Aquitaine. François Ravaillac était originaire d’Angoulême et avait fait le voyage de Paris pour commettre le meurtre du roi né en Béarn, qui régna d’abord sur la Navarre et fut comte de Foix, du Périgord et du Limousin. Le sud du Périgord, fief protestant, fut très marqué par les guerres de Religion et ce que put apporter le roi Henri.

Dans le nord Périgord, où se fabriquent des couteaux depuis très longtemps, une légende voudrait que Ravaillac, voisin Charentais, possédait un couteau forgé à Nontron. Peut-être, mais il aurait brisé le sien près de Paris et en aurait volé un dans la cuisine d’une auberge.

Le régicide a fait couler plus d’encre que de sang. Au fil des hypothèses, on ne sait pas s’il n’était qu’un exalté ou un tueur au service d’un complot. Le journaliste Jean-François Bège avait fait le tour du sujet en 2010 avec un livre aux Éditions Sud Ouest Ravaillac l’assassin d’Henri IV.

Les Aveyronnais Paul et Babetz Mignot, ont mené des années d’enquêtes sur le sujet et penchent pour un complot autour de la religion : ils en ont fait un roman historique, La révélation Ravaillac. Ils détailleront leurs hypothèses lors de la conférence du 23 septembre à 20 h 30 dans le temple du village.