La ministre de la Culture de Norvège, Lubna Jaffery, a fait le déplacement en Périgord pour l’occasion. Kjetil Traedal Thorsen, cofondateur de l’agence d’architecture Snohetta d’Oslo a obtenu en 2023 le grand prix de la fondation Houen pour la conception et la réalisation de Lascaux IV à Montignac. Il lui a été remis sur place par la présidente du jury, Kristin Jarmund, en présence d’une grosse délégation norvégienne. Durant plusieurs semaines, la présence de Rachida Dati, la ministre de la Culture française, avait même été annoncée, mais la démission du gouvernement a changé son programme. Vendredi 19 septembre, l’invité surprise a été l’ancien président de la République, François Hollande, qui avait inauguré le site en décembre 2016.

Non seulement cette agence avait remporté le concours d’architectes face à plus de 80 candidats, dont les plus célèbres mondiaux comme Norman Foster ou Richard Meier, ou les meilleurs français comme Jean-Michel Wilmotte, Dominique Perrault et bien sûr Jean Nouve,l aux attaches périgordines.
Le public peut visiter un étonnant bâtiment presque enfoui sous la colline de Lascaux, avec des murs inclinés, travaillés avec des strates de béton. Il est traversé par une longue faille éclairée par des puits de jour et surplombé par une terrasse dominant la vallée de la Vézère.
Trois millions de visiteurs
L’accueil était organisé par André Barbé, directeur de la Semitour, qui gère le site, et par Germinal Peiro, le président du Conseil départemental de la Dordogne, qui en est le propriétaire, rappelant qu’il s’agit du plus important site touristique du Périgord. Depuis son ouverture, il a accueilli trois millions de visiteurs.
L’expérience de visite va bien au-delà du fac-similé de la grotte, complété par l’atelier peuplé des principaux panneaux des peintures devant lesquels les visiteurs peuvent à la fois comprendre et passer tout le temps nécessaire. Kjetil Thorsen a mis dans cette réalisation toute sa philosophie de l’architecture voulue à hauteur humaine, réalisée de manière collective : « Avant de faire du design, on réfléchit avec beaucoup de personnes de toutes origines pour savoir quelle direction suivre ».
L’agence Snohetta, baptisée du nom d’une des principales montagnes de Norvège, est implantée dans huit villes à travers le monde. On lui doit la nouvelle bibliothèque d’Alexandrie, un mémorial du 11 septembre à New York et le nouvel opéra national d’Oslo. Paris a été préféré à Londres à cause du Brexit et parce que le premier gros projet a été celui de Lascaux. Depuis, ils ont construit le siège du journal Le Monde et assuré la rénovation du musée Carnavalet à Paris.
Lascaux à Oslo en 2026

Les Norvégiens avaient amené avec eux des artistes de l’opéra d’Oslo pour une création inspirée par Lascaux et présentée en première mondiale à Montignac. Hidden (caché), avec l’étoile Yolanda Correa et le chorégraphe Daniel Proietto, est une performance qui a été filmée dans les espaces du centre international de l’art pariétal, jeu très fort entre une femme et un homme au masque de taureau aux immenses cornes. Une performance forte et sensuelle, évoquant des mythes anciens qui semblent inspirés par la préhistoire et ses relations avec la nature et le monde animal.
Les visiteurs ont aussi annoncé leur envie de faire parler de Lascaux en 2026 à Oslo. L’idée juste lancée, pourrait convenir au programme de l’exposition itinérante Lascaux III qui vient de finir à Bordeaux, avant de partir à Valence en Espagne, puis à Chicago et plus tard au Japon. Un créneau serait disponible pour la Norvège l’an prochain. L’ambassadrice de France en Norvèg, Florence Robine, était du voyage et a entendu le message.
Ils ont aussi beaucoup parlé d’architecture, avec la sortie annoncée d’un livre sur Lascaux pour l’an prochain que prépare Frédéric Migayrou, conservateur au centre Pompidou, qui suit depuis des années le travail original de Kjetil Thorsen, avec des méthodes qui n’oublient jamais la place de l’humain dans les constructions.
Pour les journées du patrimoine
L’événement des Norvégiens à Lascaux s’inscrivait dans ce qu’on appelle en anglais Heritage days, autrement dit les journées du Patrimoine. Le nouveau sous-préfet de Sarlat, Claude Jeay, juste arrivé en Périgord, soulignait l’importance de cet événement créé en 1984, avec un thème ciblant, pour cette 42e édition, le patrimoine architectural. Il a annoncé que cette année 250 événements en tous genres étaient organisés à travers la Dordogne « dans des monuments emblématiques comme pour des constructions vernaculaires ».