Accueil BIEN commun L’agglomération gauloise de Blis se révèle petit à petit

L’agglomération gauloise de Blis se révèle petit à petit

Lors de la visite des fouilles à la fin de la campagne d'été présentée par Juliette Hantrais
Lors de la visite des fouilles à la fin de la campagne d'été présentée par Juliette Hantrais © H.C.
MYSTÈRES. Découverte par des objets trouvés dans les champs près d’Eymet, révélée par des prospections géophysiques, les traces de cette ville oubliée apparaissent sous les outils des archéologues.

Aujourd’hui, le site de Blis, au large de la bastide d’Eymet, est surtout composé de prés où broutent des vaches élevées en bio par la famille Combaud du Gaec de la Gilette. Il y a 300 ans avant Jésus-Christ, il y avait là une agglomération gauloise dont la mémoire a été totalement été oubliée. Mais à force de trouver dans les champs des tessons de céramiques et des petits objets métalliques, Jacques Combaud en avait parlé aux passionnés du comité d’études historiques et archéologiques de la région d’Eymet, le Cehare.

L’information avait fini en 2017 par remonter aux oreilles de Christian Chevillot, archéologue de terrain spécialiste de la Protohistoire, la période charnière entre la Préhistoire et l’Histoire, président de l’Adraph, l’association pour le développement de la recherche archéologique et historique en Périgord. Ce site lui avait bien sûr rappelé celui de la Peyrouse, à Saint-Félix-de-Villadeix, qu’il explore depuis des années avec l’archéologue Eneko Hiriart. Nous sommes sur ces sites étendus davantage dans une agglomération que dans un simple village.

Les vestiges trouvés sur le chantier ont été présentés au public © H.C.
Les vestiges trouvés sur le chantier ont été présentés au public © H.C.

Le service régional de l’archéologie de Nouvelle-Aquitaine ayant été prévenu, des investigations ont été lancées. En 2020, grâce au programme Rapsodie financé par la Région, des prospections géophysiques magnétiques et électriques sont lancées, menées sur 12 hectares par la jeune chercheuse Juliette Hantrais, spécialisée dans ces techniques innovantes sur laquelle elle a soutenu sa thèse à l’université Bordeaux Montaigne. Elle est désormais post-doctorante sur le projet Occidunum pour la région Occitanie.

Des monnaies venues de Marseille

Les anomalies importantes détectées par les capteurs ont motivé un programme de fouilles sur le terrain dès 2021. Les recherches sur ce site, menées en commun avec Quentin Verriez et des archéologues volontaires, ont permis de découvrir un rempart de bois qui a été brûlé, semble-t-il volontairement. Ont été aussi repérés, des fossés, des traces de parois de terre crue, ainsi que des traces de constructions avec des trous de poteaux supportant des constructions disparues. L’usage de ces bâtiments reste encore à déterminer, alors que la fenêtre des fouilles reste encore réduite. Elle demandera sans doute des années de prospections. Les mystères à élucider se multiplient au fil des découvertes des chercheurs.

De nombreux trous de poteaux vestiges de bâtiments ont été découverts © H.C.
De nombreux trous de poteaux vestiges de bâtiments ont été découverts © H.C.

Les trouvailles, comme de nombreuses monnaies de Marseille, prouvent des liens commerciaux avec cette ville située à 450 km d’ici ! La datation des objets trouvés va, pour les plus anciennes, de l’âge du bronze final et du premier âge du fer (vers moins 800 avant J.-C.) jusqu’au premier siècle avant J.-C. Le site semble avoir été complètement abandonné depuis, pour des raisons inconnues.

Juliette Hantrais qui a fait visiter le site au public à la fin de la campagne de fouille de l’été 2025 qui vient de s’achever, n’a pas encore beaucoup de réponses précises à apporter à ce stade des recherches.

L’importance de ce qui est découvert ici prouve qu’il y a plus de 2000 ans, il y avait une agglomération prospère bien antérieure à la bastide du XIIIe siècle qui a fait la réputation de la ville d’Eymet.

La révélation de villes celtiques

L'image des premières prospections du plateau de Blis ©Rapsodie
L’image des premières prospections du plateau de Blis ©Rapsodie

L’histoire du site de Blis est notamment abordée dans l’ouvrage À deux pas du passé, les premières villes celtiques révélées (Ausonius éditions), publié à l’occasion d’une exposition au musée Vesunna, site-musée gallo-romain de Périgueux.

Elle avait montré l’apport de plus en plus important de systèmes de prospection aérienne ou au niveau du sol qui permettent de détecter des indices souterrains avant même de creuser. À travers l’Europe et notamment dans le sud de la France, une nouvelle géographie de villes oubliées est en train de se dessiner avec ces découvertes. Souvent grâce à la curiosité d’agriculteurs et au réseau des passionnés d’archéologie.