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La vie sur de bons rails

© Raphaëlle Faguer - Ed. Charleston
FEEL GOOD. Cynthia Kafka a changé de vie, elle a quitté la salle de classe où elle enseignait pour s'installer en Périgord et y écrire de nouvelles pages, celles de romans qu'il fait bon lire et qui racontent qu'il fait bon devenir quelqu'un d'autre et toujours soi. Comme dans Au train où va la vie.

On embarque volontiers avec Cynthia Kafka à bord du train qu’elle a imaginé plein de bonnes surprises et de rencontres comme on aimerait en faire dans la vie. Les quatre femmes qui s’installent à bord, séparément, d’un TGV en partance de Paris vers Hendaye arrivent dans la voiture 17 avec des bagages, surtout symboliques, bien chargés sans imaginer ce qui les attend. Dans ce carré famille, le hasard a bien distribué les places et la composition va faire des étincelles. Deux d’entre elles se connaissent, et pour cause, elles sont sœurs et avaient rendez-vous sans penser se retrouver, au sens le plus inespéré du terme, après de si longs silences. À l’une et l’autre extrémité de la chaîne du temps, une adolescente en rupture familiale et une vieille dame pas tout à fait au-dessus de tout soupçon vont se compléter à merveille.

Rencontres insolites

À la faveur d’une panne de train, immobilisé en rase campagne, et alors que les autres passagers attendent plus ou moins sagement, les voilà propulsées dans une aventure qui ne leur fera pas vraiment gagner de temps mais au moins rattraper quelques illusions perdues. Chacune de ces femmes attache le lecteur à sa singularité, à ses failles et ses folies, à ses forces tranquilles. Pénélope, travailleuse nomade et branchée en quête d’amour ; Betty, tout en retenue d’avoir si peu vécu ; Éliane, pas si sage et résignée que son âge le laisse imaginer ; Lola, belle et rebelle. Le road-trip peut commencer, avec un jeu du vrai ou faux pour apprendre à se connaître, une échappée sauvage à travers champs, la rencontre d’un couple en revival baba et d’un resto routier plein d’humanité, avec les bonnes surprises de Blablacar et les mauvaises de réseaux sociaux pavés de pièges, les ravages de la solitude et la solidité de l’esprit de famille… les solidarités de circonstances qui se transforment en sororité choisie. Mais ne disons rien du final de ce carré famille power qui nous fait voyager loin, avec entrain.

L’intime et le monde

Quand le cours d’une journée imprime un détour essentiel à celui d’une vie, quand il est bon de ralentir pour passer à la vitesse supérieure, alors on est bien installé entre les lignes de ce chemin de fer aiguillé par l’autrice, avec son contrôleur hors de contrôle et ses passagères égarées. Chacune d’elles ouvre des horizons aux autres, complète une pensée en suspens, et on comprendra à l’arrivée que le monde est vraiment tout petit pour qui sait se reconnaître dans l’altérité et porter un peu des autres en soi.

© Catherine Delahaye – Ed. Charleston

Cynthia Kafka, la quarantaine littéraire enrichie à l’écriture de blog et au développement personnel, cultive dans son cinquième roman l’art de la narration qui fait son succès, entraînant le lecteur dans d’intimes confidences, avec un style alerte et des dialogues savoureux, riches de sens et d’enseignements. L’ancienne professeure des écoles a quitté la classe pour raconter de belles histoires et vit désormais sa passion pour l’écriture depuis la Dordogne, avec pas mal de voyages (à suivre sur ses réseaux) pour participer à des salons du livre partout en France… Nul doute que l’idée de mettre en présence ces destins croisés lui est venue à bord d’un de ces trains qui la ramenait vers le sud-ouest, qu’elle sait si bien décrire.

• Au train où va la vie, Cynthia Kafka, Éditions Charleston, 19 €